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DIDEROT ET LE SIECLE DES LUMIÈRES

Publié le 11/05/2011

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Ce qui est original en premier lieu c'est la philosophie de Diderot, car c'est d'elle que l'oeuvre entière tire sa dynamique. Son unité est dans le mouvement qui va des dialogues philosophiques à l'expérience romanesque, de la vision de l'homme inscrite dans Le Rêve de d'Alembert ou les Principes sur la matière et le mouvement à celle qui s'incarne dans l'univers mouvant des contes et des romans. Son unité, c'est précisément d'être mouvement, de se donner comme centre non un point fixe, non un état de la matière ou une figure immuable de l'homme, mais de prendre pour objet (dans l'analyse philosophique) , ou pour sujet (de la création romanesque) ce qui change autour de l'homme et en lui, son devenir.  Aussi Diderot n'est-il pas un philosophe au sens classique du terme, et, s'il est un de nos plus grands romanciers, est-ce plus par le contenu et la forme révolutionnaires de ses romans que par leur nombre et leurs dimensions.

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« Autre originalité : l'importance que Diderot accorde aux mathématiques et aux sciences de la nature, qui fournissentaux arguments de l'athée comme à ceux du déiste.

Dans l'évolution de sa pensée, les idées de Buffon, ded'Alembert, de Condillac joueront un rôle considérable.

On le verra suivre les cours du chimiste Rouelle et si ledocteur Bordeu est l'un des protagonistes du Rêve de d'Alembert en 1769, c'est que Diderot est son disciple enbiologie et en médecine. L'ouvre collective Enfin, et en cela l'apport de Diderot à la philosophie et à la physionomie de la seconde moitié du XVIII° siècle futdécisif, il allie à un tempérament original, à un individualisme impénitent, le sens de la nécessité et de la grandeur del'oeuvre collective, qui répond à un double besoin : rassembler et ordonner les éléments d'une culture moderne, envoie de formation depuis la Renaissance et qui achève de se constituer par l'effort de tous les hommes de sagénération, et en même temps la rendre accessible à tous les esprits éclairés.

A cela, qui fut l'Encyclopédie, Diderottravaille pendant plus de vingt ans (de 1746 à 1772 environ).Réserve d'énergie et levier puissant, par la masse des collaborateurs qu'elle mobilise et des lecteurs qu'elle atteint,l'Encyclopédie assure à la fois l'unité du mouvement des philosophes et la diffusion de leurs idées.

Monument à lagloire de la pensée moderne, « somme » comparable à celles de la philosophie antique ou médiévale, c'est aussi unearme de combat, un combat que Diderot mènera Jusqu'au bout, malgré la défection de d'Alembert, la trahison dulibraire Le Breton, qui censure ses articles, malgré les persécutions et les menaces.L'entreprise achevée, il cherche de nouveaux moyens d'atteindre le public, d'autant que la hardiesse de ses écrits lecondamne bientôt à les garder dans son portefeuille.

A une publication clandestine, dans un souci d'efficacité, ilpréfère des moyens d'expression indirects.Il insère dans la Correspondance littéraire des fragments de ses oeuvres personnelles, ou glisse une Idée subversiveau détour d'un compte rendu de lecture ; dans ses Salons, à côté de considérations sur la peinture, il propose aulecteur une morale fondée sur « l'organisation » ou une réfutation en forme du despotisme éclairé.

Mais laCorrespondance littéraire ne s'adresse qu'à un petit nombre de lecteurs éclairés.A partir de 1765, Diderot donne à l'abbé Raynal des « Fragments » dont certains paraîtront à la fois dans laCorrespondance littéraire et dans l'Histoire des Deux Indes, monumental ouvrage, sorte d'« encyclopédie du Nouveaumonde » que projette Raynal.

Le succès de la première édition en 1770 décide Diderot à collaborer de façon suivie àcette oeuvre qui touche un très large public.

Véritable « machine de guerre » qui répand la haine des prêtres et destyrans et appelle les peuples esclaves à se soulever contre leurs despotes, l'Histoire des Deux Indes prend la relèvede l'Encyclopédie, et dans la dernière période de la vie du philosophe, prolonge le combat engagé en 1746.A l'exception de l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron (1779) Diderot ne publie rien de ce qu'il écrit entre1770 et 1783, mais les Idées les plus hardies que contiennent le Supplément du voyage de Bougainville, laRéfutation d'Helvétius ou les Observations à Catherine Il passent dans l'Histoire et font du livre de Raynal, à la veillede la Révolution, un instrument de propagande dont l'influence fut considérable.Loin d'être, comme on l'a dit quelquefois, une perte d'énergie pour Diderot et de le détourner de sa propre voie, cesmultiples travaux ont joué un grand rôle dans la formation et l'évolution de ses idées.

Avec l'Encyclopédie, ildécouvre qu'une culture qui n'embrasse pas l'ensemble des activités humaines est une fausse culture.

Pour ce «Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers » il visite des ateliers et des échoppes 1 et saconnaissance des hommes et des choses s'enrichit par ce contact direct ou livresque avec le monde du travail, quioblige le philosophe à réfléchir sur les rapports de l'homme avec l'univers matériel, sur le rôle des progrès techniqueset sur la liaison nécessaire entre la théorie et la pratique.

Sa collaboration à l'Histoire des Deux Indes le conduira às'intéresser plus directement aux questions économiques, aux problèmes posés par l'administration des colonies, auxréformes propres à assurer la prospérité des Etats et le bonheur des citoyens.

Dans les deux cas une étape décisiveest franchie.

Sur le plan des idées politiques, l'Histoire joue un rôle analogue à celui de l'Encyclopédie sur le plan desidées philosophiques.

Il s'établit une véritable « osmose » entre l'oeuvre collective et ses propres écrits : Ces deuxgrands livres orientent et nourrissent sa pensée, l'éloignent des spéculations abstraites et comblent l'écart que l'onconstate dans ses premières oeuvres entre la réflexion du philosophe et l'expérience concrète. L'oeuvre personnelle. Autour de ces deux foyers, sa pensée rayonne dans toutes les directions, éclate en une poussière d'oeuvres, quisont autant de réponses originales aux questions que se posent les hommes de sa génération.

Si elle se présente sivolontiers sous la forme d'un Dialogue, c'est qu'elle est le fruit d'un perpétuel dialogue avec la pensée vivante deson temps.

Curieux des propos comme des écrits, Diderot lit tout ce qui s'écrit et discute avec tous ceux qu'ilrencontre.

Il apprend autant des hommes que des livres et ses interlocuteurs sont innombrables.L'influence de ses plus proches amis : J.-J.

Rousseau (de 1741 à 1757), puis Grimm et d'Holbach, est la plus durableet la plus profonde.

Celles d'Helvétius, de Galiani, sont évidentes.

Mais Diderot fréquente aussi des artistes (lessculpteurs Falconet et Pigalle, les peintres Greuze et Latour), des acteurs dont le célèbre Garrick, les économistesVéron de Forbonnais, Quesnay.Aucun de ceux qu'il nomme, ici ou là, dans son oeuvre ou dans sa correspondance, n'est à négliger, si l'on veutsaisir sur le vif le mouvement de la pensée de Diderot.

Elle a le feu des discussions passionnées du Grandval(propriété du baron d'Holbach) ou de la Chevrette (chez Mme d'Epinay) , dont les Lettres à Sophie Volland nousapportent l'écho ; tels entretiens avec le neveu de Rameau, Falconet ou d'Alembert, telle réfutation des thèses. »

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