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Devons nous chercher à savoir ce que nous ne pouvons pas savoir ?

Publié le 27/02/2008

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Est-ce là une obligation (Cf. « devons-nous ») ? Car il se peut que ce qui nous est interdit de savoir l?est pour de bonnes raisons (Exemple : pour la psychanalyse, la censure opérée par l?inconscient limite le savoir du sujet ? sa prise de conscience ? à ce qui lui permet de conserver un certain équilibre psychique / ici la mise à mal du processus d?évacuation hors du champs de la conscience, c?est-à-dire l?impossibilité de savoir ce que sont ces pulsions refoulées, représente une forme de danger pour le sujet)   Problématique : Chercher à savoir ce que nous ne pouvons pas savoir n?a a priori pas de sens : comment pourrions nous rendre possible l?impossible ?? Pourtant Aristote montre bien qu?il entre de la volonté dans l?ignorance. Ainsi il arrive que ce que nous pensons ne pas pouvoir savoir est du à de la négligence : nous avons en toute circonstance l?obligation de nous informer. Mais une nouvelle fois, que se passe-t-il si les circonstances sont telles qu?elles m?empêchent absolument de savoir ? N?est-ce pas vanité que de chercher alors à savoir ? Cependant, toute recherche de savoir est-elle pour autant condamnée d?avance à l?échec de sorte que nous devrions à l?inverse nous résigner à notre sort et faire l?économie de toute tentative de progrès ?   1-      Ce que nous ne pouvons pas savoir serait l?objet d?une recherche absurde   a)      Qu?est-ce que nous ne pouvons pas savoir ? Ce que l?on ne peut savoir renvoie à ce qui nous est interdit.

« Ø Toutefois , que se passe-t-il si l'on prend en compte le fait que nous ne pouvons pas savoir certaines choses en vertu d'une interdiction, non pas ontologique ni même transcendantale, mais qui nous vient d'une décision prise pard'autre que soi ?Ø En un mot, ce que l'on ne peut savoir pouvant tout aussi bien désigner ce que d'autre ne veulent pas que l'on sache, ne faut-il pas alors chercher à le savoir ? Mais comment lever le voile si précisément on ne sait pas au préalable qu'il y en a un, c'est-à-dire comment pouvons-nous prendre conscience de nos propres illusions ? 2- L'EXIGENCE DE TRANSPARENCE OU RECHERCHE DE L 'AUTONOMIE a) Précision concernant ce que nous ne pouvons pas savoir Si je ne peux savoir une chose, c'est parce que j'en suis empêché.

Or il arrive que cet obstacle soit indépendant de ma volonté dans la mesure où il est causé par une volonté autre que la mienne.

Exemple : je nepeux pas savoir que ce que l'on me dit est faux : mon ignorance n'est pas due à des lacunes de mon intelligencemais parce que l'on me ment, on me cache une vérité. Ainsi, ce que nous ne pouvons pas savoir peut renvoyer à ce qui nous est dissimulé et il s'agit alors d'une impossibilité contingente et relative.

C'est donc à ce niveau que notre liberté est en jeu : autant, du point de vue de la connaissance, la recherche d'une extension du savoir hors de certaines limites est vaine, autant, lorsque nousne pouvons pas savoir parce que notre ignorance est délibérément entretenue contre notre volonté, qu'elle est placée sous le signe de l' hétéronomie , il se pourrait que nous ayons le devoir de chercher à savoir, de chercher à nous libérer de cette emprise.

b) Le cas de la censure en psychanalyse La psychanalyse s'est édifiée sur le postulat d'une conscience lacunaire.

Pour cette discipline, ce que nous ne pouvons pas savoir = ce qui échappe à notre conscience .

Ainsi, la psychanalyse préconise de chercher à savoir ce qui échappe à notre conscience : prendre conscience des représentations inconscientes comme étant investiesde forces qui tentent de les faire accéder à la réalisation est une voie de libération, c'est-à-dire ouvre àl'autonomie.

En effet, l'autonomie telle que Freud la définit ne consiste pas à faire que l'inconscient soit transparentau sens où la conscience pourrait le percevoir, mais elle réside dans le fait que le sujet sait qu'il a tendance à s'interdire de savoir : nous ne percevons certes pas notre propre activité de refoulement, mais nous ne pouvons nier son existence.

En conséquence, il faut chercher à prendre conscience de la manière dont nous limitons notre champs d'expérience consciente ; ce faisant, ce que nous ne pouvons pas savoir = ce que nous nous interdisons de savoir et, chercher à le savoir n'est pas enfreindre cet interdit, l'annuler, (comme si on ramenait l'inconscient auconscient) mais consiste à prendre acte de l'effectivité de cette censure. Transition :· Nous venons de dégager l'idée que chercher à savoir ce que nous ne pouvons pas savoir = apprendre à se connaître.

Le savoir ici se fait conscience de soi , de ses déterminations, dans la mesure où ce que nous ne pouvons pas savoir n'est rien d'autre que ce que nous avons « décidé » être tel.· Finalement chercher à savoir ce que nous ne pouvons pas savoir = chercher à amener à la connaissance les raisons pour lesquelles certaines choses nous sont inconnues, les causes de cette impuissance et par là même, tâcher de les surmonter.· Conséquence : « ce que nous ne pouvons pas savoir » n'est pas ce qui est absolument inconnaissable mais = moteur ou un stimulant pour la recherche . 3- N OUS DEVONS CHERCHER À RÉDUIRE L 'ÉTENDUE DE CE QUE NOUS NE POUVONS PAS SAVOIR Dans la Critique de la raison pure , Kant distingue l'être en soi des choses et les phénomènes et il circonscrit la connaissance aux concepts tirés de ces phénomènes.

Les concepts ne sont pas des idées .

En effet, les idées sont des concepts auxquels nulle expérience ne peut correspondre : ce sont des produits de la raison lorsque, voulant dépasserles limites de l'expérience (le fait que les objets nous sont donnés dans l'espace et le temps et selon les catégories)elle se met en quête d'un inconditionné, d'un concept permettant de donner sens à la totalité de l'expérience. Autrement dit, les idées sont méta-physiques. Toutefois, ces idées ne sont pas sans intérêt : nous ne pouvons certes rien savoir de Dieu, du monde ou de l'âme , au sens où ce ne sont pas des concepts structurés par l'expérience, néanmoins, cette impuissance peut servir à réguler notre recherche de savoir .

En effet, Kant nous présente ces idées comme des idéaux vers lesquels il nous faut tendre le plus possible.

elles sont des fictions heuristiques. Ce que nous ne pouvons pas savoir rend possible la recherche de savoir au sens où cette impuissance stimule la quête.

Chercher = désirer .

Or c'est bien le manque ou la frustration qui éveille le désir.

Ici il en va de même : ce que ne nous ne pouvons pas savoir = ce dont nous manquons, ce dont nous nous sentonsinjustement privés . [1] Voir La République , début du livre VII : la sortie du prisonnier représente ce mouvement ascensionnel et finalisé du savoir.. »

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