Devoirs envers la personne morale d'autrui
Publié le 08/05/2012
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Fondement du devoir de véracité. - Les hommes sont constamment obligés de communiquer entre eux pour les divers besoins de la vie. L'office essentiel de la parole, parlée ou écrite, est d'être l'instrument de ces rapports nécessaires et réciproques. Or la première condition pour que la parole atteigne son but est qu'elle exprime la vérité. Car ce que l'on attend d'autrui, lorsqu'on entre en rapport avec lui, c'est toujours la vérité, telle qu'il est censé la connaître. Aucune vie interpersonnelle ne serait possible sans cette confiance dans la véracité d'autrui. C'est pourquoi le mensonge cumule la triple malice de çioler le respect que l'on doit au prochain, en trompant sa confiance, - de troubler l'ordre social, en allant contre l'une des conditions primordiales de la paix publique et de la concorde mutuelle des hommes, - de dégrader moralement le menteur, qui frustre de sa fin naturelle un instrument destiné à l'expression de la vérité.
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«
officieux, c'est-à-dire proféré par intérêt (qu'il s'agisse du propre
intérêt de celui qui ment ou de l'intérêt d'un tiers),- soit per
nicieux,
c'est-à-dire visant expressément à nuire au prochain
(calomnie).
(Cf.
saint THO~! AS, ua Jiae, q.
110, art.
2.)
269 3.
Malice du mensonge.
- Le mensonge est intrinsèquement
mauvais et par conséquent absolument illicite.
Sur ce point, la
tradition morale, depuis ARISTOTE (Eth.
Nic., Vll, ch.
rx)
jusqu'aux environs du xviie siècle; est à peu près unanim~.
Les
moralistes estiment,
en effet, en général, qu'il y a dans le men
songe une
malice essentielle, consistant ii violer la finalité natu
relle
de la parole, finalité-qui constitue un ordre de droit nécessaire.
-Toutefois, il est évident que le mensonge, Lien qu'il soit un
désordre essentiel, n'est pns de soi une faute grave, parce qu'il
ne ruine pas toutes les finalités de la parole (celle-ci étant à la
fois instrument de mon bien, instrument du Lien d'autrui et
instrument du bien commun).
Le mensonge ne devient faute
grave
qu'en raison de la graçité des conséquences qu'il peut avoir
pour le procl1ain ou, quelles que soient ces conséquences, en
raison de l'intention gravement pernicieuse qui l'a dicté.
B.
Le problème moderne du mensonge.
270 Depuis le xvue siècle, les moralistes ont souvent estimé qu'il y a
des cas où le mensonge peut être, non seulement légitime, mais obli
gatoire.
1.
Forme du problème.- Le problème de savoir s'il n'est jamais permis de mentir est né, historiquement, d'un texte de saint AuGus TIN, qui, dans le Contra Mendacium, définit le mensonge comme l'acte de dire une chose fauHse aoec l'intention de tromper 1
.
- Pour comprendre le sens de cette définition, il faut se reporter au contexte augustinien.
Saint AuGusTI.N envisage en effet un cas particulier.
Un homme voyageant da,ns un pays infesté de brigands, dit-il, ren
contre
à un carrefour d'autres voyageurs qui lui demandent quelle
(1) Cf.
saint AuGUSTIN, Contra Mendacium, ch.
XII : « Mendacium est quippe falsa significatio cum voluntate fallendi.
• Saint AuGusTIN reprend cette définition dans I'Enchiridium, ch.
xx11.
- La définition est discutée dans le De Mendacio, où saint AUGUSTIN envisage diverses hypothèses.
Cf.
ch.
IV, n.
4 : • Si mendacium est enunciatio cum voluntate falsum enun tiandi.
..
• • Si mendacium est quaelibet enunciatio cum voluntate fallendi...
t • Si mendacium est enunciatio falsum enuntiare volentis ut fallat.
..
•.
»
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