Développer cette pensée de Bossuet : « Les animaux n'inventent rien; la première cause des inventions et de la variété de la vie humaine est la réflexion; la deuxième cause est la liberté. »
Publié le 01/06/2011
                             
                        
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Exorde. — Le XVIIe siècle, spiritualiste et chrétien, mit un abîme entre l'homme et l'animal, réduisant ce dernier à n'être qu'une simple machine privée d'instinct, d'intelligence et de sensibilité. Par un excès opposé, la philosophie matérialiste du xvnie siècle eut la prétention de trouver dans l'animal presque toutes les facultés qui appartiennent à l'homme, réduisant à de simples nuances les différences qui les séparent; il est naturel que les philosophes qui ne voient dans la vie spirituelle qu'un aspect de la vie physiologique n'admettent pas de différences irréductibles entre deux êtres dont l'organisation présente une si frappante ressemblance. Entre cette double exagération il y a un milieu indiqué par l'observation. Sans doute, au point de vue physiologique, il y a de grandes analogies entre l'espèce humaine et les espèces voisines : leurs sens sont nos sens, leurs nerfs et leurs muscles sont nos nerfs et nos muscles; les organes leur servent comme à nous pour recevoir et pour rendre des impressions et des actions. La psychologie signale aussi des analogies entre les facultés qui se manifestent chez l'homme et celles qui se manifestent chez l'animal; mais elle constate également des différences essentielles et irréductibles.
 
                                «
                                                                                                                            aussi avoir la volonté de suivre ces indications de l'intelligence, de soutenir l'effort et de poursuivre le travail malgréles difficultés et les échecs.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'homme peut, s'il le veut, se dérober à pareil labeur; il peut s'endormir dans l'inertie,préférer le repos à l'action, la routine au changement; il est libre de se refuser au progrès, soit qu'il ne veuille pasfaire effort pour inventer lui-même, soit qu'il lui plaise, par fantaisie ou par sottise, de repousser les inventions faitespar autrui.
                                                            
                                                                                
                                                                     On sait  dans quelle  immobilité vivent les sociétés  musulmanes,  avec quelle obstination  elles restentattachées à des coutumes séculaires, pendant que les autres nations s'agitent autour d'elles et sont comme dansun mouvement  perpétuel ; le Peau-Rouge  a presque disparu devant l'activité industrieuse de l'Anglo-Saxon  ; lesindigènes de l'Océanie  s'éteignent  aussi; déjà le continent  africain est entamé,  et dans  quelques  siècles seshabitants auront peut-être fait place à des races plus énergiques et amies du progrès.On voit donc que les inventions dépendent de la liberté et de l'usage que l'on en fait.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or, cette faculté manqueégalement aux animaux; car la réflexion est la condition de la liberté; on ne peut vouloir, se résoudre, être libre,sans savoir  qu'on veut,  ce qu'on veut,  pourquoi l'on veut,  en un mot sans avoir  conscience; là où  il n'y a pasconscience, il ne saurait y avoir liberté; ces deux facultés sont solidaires; l'animal est donc privé de liberté parcequ'il est privé de conscience et de réflexion.
                                                            
                                                                                
                                                                    Aussi n'y a-t-il pas de responsabilité pour lui, et les châtiments quenous lui infligeons sont ou un abus indigne de la force ou un moyen de prévenir une faute à l'avenir ; ce ne peutjamais être une expiation méritée.
Conclusion.
                                                            
                                                                                
                                                                    — Bossuet a donc eu raison de dire que les animaux n'inventent rien, qu'ils travaillent toujours sur lemême modèle, qu'ils font toujours la même chose et de la même façon.
                                                            
                                                                        
                                                                    Si parfois on constate un changement dansleurs manières  d'agir, ce  n'est qu'une  modification imposée  fatalement par quelque circonstance  climatérique ouaccidentelle, c'est une adaptation inconsciente à un nouveau milieu ; il est clair, par exemple, que les hirondellesn'ont pas toujours eu l'habitude de faire leurs nids dans les murs de nos maisons.
                                                            
                                                                                
                                                                    Quand c'est un progrès réel quel'on remarque chez eux, on peut être sûr que ce progrès n'émane pas de leur activité propre, qu'il leur est imposépar une force étrangère, par la volonté de l'homme; encore ce progrès ne consiste-t-il que dans une association demouvements et d'impressions.
                                                            
                                                                                
                                                                    « C'est parce qu'ils sont incapables de réfléchir qu'ils n'inventent et ne perfectionnentrien; s'ils étaient doués de la puissance de réfléchir, même au plus petit degré, ils seraient capables de quelqueespèce de progrès, ils acquerraient plus d'industrie ; les castors d'aujourd'hui bâtiraient avec plus d'art et de soliditéque ne bâtissaient les premiers castors; l'abeille perfectionnerait  encore tous les jours la cellule qu'elle habite.
                                                            
                                                                                
                                                                    »C'est au contraire  parce que nous  réfléchissons  que « nous  mettons  tant de diversité  et de  variété  dans nosproductions et dans nos ouvrages...
                                                            
                                                                                
                                                                    ; on doit donc conclure que la nature de l'homme est, non seulement fort au-dessus de celle de l'animal, mais qu'elle est aussi tout à fait différente.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est la liberté qui constitue cette différenceessentielle et irréductible : l'homme libre et conscient est susceptible de perfectionnement et peut devenir chaquejour meilleur  et plus  heureux,  tandis que l'animal,  enfermé  dans un cercle  fatal qu'il ne peut  franchir,  obéit enaveugle  à l'impulsion de  la nature  et ne  peut se  modifier;  il reste  ce qu'il  est, bon ou mauvais, faible  ou fort,oppresseur ou opprimé..
                                                                                                                    »
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