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Devant une œuvre d'art, peut-on dire : « à chacun son goût? »

Publié le 05/01/2020

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Problème : La diversité des goûts et la possibilité de porter un jugement sur les œuvres d'art ; le relativisme qui peut découler de l'idée que toutes les opinions dans ce domaine sont également légitimes; le problème de la formation du goût, de l'existence ou non d'un « bon goût ».

 

Formulations voisines :

 

- « Comment convaincre quelqu'un de la beauté d'une œuvre d'art?»

 

- « La sensibilité aux œuvres d'art demande-t-elle à être éduquée ?»

« revanche, le sentiment esthétique ne renvoie à aucun intérêt, il est affaire de contemplation.

Cependant, la préférence subjective prend alors la forme d'un jugement: la chose est dite belle, comme s'il y avait un critère sûr de cette beauté, comme si l'on disposait d'un concept à quoi la rapporter; en fait, le jugement esthétique appelle la reconnaissance d'autrui, alors même qu'il est l'expression d'un sentiment particulier; il requiert approbation comme s'il était ration­ nel.

Sa prétention à l'universalité, en dépit de l'impossibilité de conclure une discussion, le distingue des préférences particulières et insignifiantes.

En toute rigueur, on ne peut pas dire: à chacun son goût.

B.

Qu'en est-il cependant si, comme le fait Pierre Bourdieu, on remet en cause ce caractère désintéressé du jugement de goût, pour insis­ ter sur les déterminismes sociaux dont ils procèdent, sur les rap­ ports de pouvoir que la fréquentation des œuvres d'art permet à la fois d'affirmer et de dissimuler? La conviction intime de la beauté d'une chose devient alors le signe d'une appartenance sociale ou du désir d'occuper une certaine place vis-à-vis d'autrui.

L'apprécia­ tion et la discussion ne sont alors que le moyen d'affirmer des opi­ nions socialement légitimes par opposition à d'autres qui ne le sont pas; le bon goût est lié au désir de domination.

Alors, refusant ce déterminisme pour affirmer de nouveau une liberté, ne faut-il pas dire définitivement: à chacun son goût? C.

Si l'on considère le problème de la formation du goût, cette atti­ tude doit être dépassée.

En effet, si le goût est l'expression de la pure spontanéité et demeure en dehors de l'éducation, il faut s'en tenir à l'idée que la confrontation des points de vue est sans.valeur.

En revanche, si, comme Kant ou Hegel le montrent, le goût se cultive, on peut admettre que l'intérêt de cette confrontation et des dis­ cussions qui en découlent, même si elles n'aboutissent pas à tran­ cher entre bon et mauvais goût, légitimité ou non du jugement, est d'affiner la sensibilité individuelle et d'augmenter le plaisir et la liberté liés au jugement esthétique.

La culture du goût n'équivaut pas, comme le voudrait la sociologie, à un dressage social ou au sno­ bisme, mais peut être à un aspect de l'accomplissement personnel de l'individu, à condition, toutefois, de ne pas confondre culture du goût et apprentissage d'un savoir sur l'art, qui, à lui seul, ne concerne pas le sentiment esthétique.. »

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