désirer est-ce nécessairement souffrir ?
Publié le 20/11/2012
Extrait du document
«
réhabiliter le d ésir en mettant en lumiere sa positivit é du d ésir comme puissance d’ être(3eme
partie)
I D
ésirer c’est souffrir ?
Il s’agira de montrer ici en quoi la souffrance semble d
éterminer n écessairement le
d
ésir
a) D
ésirer : l’expression d’un manque qui fait souffrir
Il est d’usage de d
ésirer lorsqu’on éprouve un manque, une privation. En ce sens,
d
ésirer provient d’une insatisfaction qu’il faut combler .Cette insatisfaction est d’autant
plus p
énible lorsqu’elle persiste ind éfiniment. La frustration s’installe car on
s’impatiente, mais aussi parce que l’on ne parvient pas
à obtenir ce à quoi on aspire.
C’est notamment dans l’exp
érience du d ésir amoureux que cela se constate .Aimer en
effet, n’est ce pas faire l’exp
érience douloureuse du manque, de l’absence de l’autre,
de l’
être aim é , tel l’amour impossible interdit qui entrainera Rom éo et Juliette , tout
comme Tristant et Iseult
Les d
ésirs sont subjectivement v écus comme la conscience d’un manque, de sorte
que l’on ne peut d
ésirer que ce dont on est priv é ou ce dont on craint d’ être priv é
dans l’avenir. Pour peu que l’objet de notre d
ésir soit difficilement accessible, ce
sentiment de manque devient douleur et souffrance. La souffrance est alors l'
épreuve
in
évitable de celui qui éprouve un d ésir.
Platon dans le Banquet ,
à travers le Mythe d’Aristophan e souligne cette id ée que
d
ésirer est un manque qui fait souffrir , pr ésente à ce propos le d ésir comme la
recherche d’une partie manquante seule capable de restaurer un
état de pl énitude
C’est en ce sens que pour chacun l’amour est qu
ête de sa moiti é : « notre esp èce ne
saurait
être heureuse qu’ à une condiiton , c’est de r éaliser son d ésir amoureux , de
rencontre chacun l’
être qui est notre moiti é( ….) »
Or c’est bien cette absence ce manque qui est p
énible. En ce sens si le d ésir est
d’abord un manque, on ne voit pas comment on pourrait ne pas souffrir.
L’ étymologie du mot confirme cette id ée. Le mot d ésir vient du latin desiderare de sidus, étoile qui dans la langue des augures évoquait une sorte de constatation : l’absence d’un astre, accompagn ée d’une forte id ée de regret (alors que considerare, c’est contempler l’astre pr ésent). Le d ésir serait ainsi de l’ordre d’un manque dont on fait l’exp érience douloureuse... Par cons équent le d ésir est bien le signe d’une souffrance qui peut se reporter autant vers le pass é (on parle de nostalgie) que vers le futur on parle alors d’attente, toujours plus ou moins teint ée d’impatience En faisant place aux esp érances et aux craintes continuelles, il accroit nos inqui études et nos souffrances. Le d ésir est donc ce qui trouble et fait . »
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