Description psychologique de la curiosité : ses origines, ses différentes formes, son rôle dans la vie psy-chique.

A.          — Même sous la première forme cependant, ce rôle n'est pas à négliger. C'est par la curiosité d'ordre sensible que l'esprit commence à s'éveiller. C'est tellement vrai que l'enfant malingre ou anormal reste souvent passif devant ce qu'il voit ou entend : il ne s'y intéresse pas. — Avouons cependant que, si elle en restait à ce stade, la curiosité ne jouerait qu'un rôle bien limité. C'est la curiosité du désoeuvré, du flâneur, du badaud. Sous cette forme, elle peut même devenir un travers ou un défaut, voire un vice : telle est la curiosité de l'indiscret qui se mêle de ce qui ne le regarde pas et cherche à surprendre les secrets des autres, quelquefois par malveillance; telle est aussi la curiosité malsaine qui recherche les sensations violentes, celle des badauds qui accourent autour d'un accident ou celle de ces Athéniens dont parle PLATON qui se plaisaient à venir contempler sur les remparts les cadavres des suppliciés.