DESCARTES: vie et oeuvre - La méthode cartésienne
Publié le 01/03/2011
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La méthode de Descartes, c'est en somme la prise de conscience par l'intelligence, de sa propre nature, et par là,des conditions de son exercice.
Cela implique donc une certaine conception de l'intelligence ; pour Descartes, parmiles facultés de connaître (intelligence, imagination, sens, mémoire) « l'intelligence seule peut percevoir la vérité »(Regulae XII).
C'est donc la connaissance de l'intelligence qui doit d'abord occuper le sage.
« Il me semble étonnant, dit Descartes,que la plupart des hommes étudient avec le plus grand soin les propriétés des plantes, les transmutations desmétaux et autres matières semblables, tandis qu'un petit nombre à peine s'occupe de l'intelligence et de cettescience universelle dont nous parlons » (Regulae).
Descartes ne s'occupe de l'intelligence, ni pour en déterminer la place dans la hiérarchie métaphysique des êtrescomme Plotin, ni pour chercher comment elle forme les idées à partir des sensations, comme Aristote (et comme auXVIIIe siècle, Condillac), il la prend pour le fait fondamental dont il faut partir.
Les sciences se distinguent entreelles non par leurs objects mais comme formes et aspects divers d'une intelligence toujours identique à elle-même(Regulae I).
1.
Analyse de l'intelligence : isolée du « témoignage variable des sens et des jugements trompeurs de l'imagination», l'intelligence se révèle comme une double faculté : d'intuition (acte de l'esprit percevant une évidence), et dedéduction (saisie d'une vérité comme conséquence d'une autre vérité dont nous sommes assurés).
L'intuition (intuitus).
Acte de l'intelligence, cette intuition rationnelle s'oppose à ce que Bergson appellera « intuition», qu'il différencie nettement de ce qu'il appelle l'« intelligence ».
Ne pas la confondre non plus avec la prémonitionconfuse et immédiate du « cœur » ni enfin avec l'« intuition sensible » de Kant, qui n'est autre que la perception.L'intuition cartésienne marque la présence à l'esprit de « natures simples » et de « vérités premières ».
Les natures simples (l'étendue, la figure et le mouvement) ne sont pas des concepts mais les termes derniers,irréductibles dont la réalité et la primauté permettent de penser le reste, et dont il ne peut y avoir de définitionparce qu'elles sont objet de connaissance immédiate de notre « lumière naturelle », de notre « instinct intellectuel »dans lequel se résout l'intuitus.
Les vérités premières, telles que « j'existe », « 2 + 2 = 4 », « deux choses égales à une troisième sont égales entreelles », sont les premiers maillons de tout raisonnement.
La présence à l'esprit d'un objet d'intuition est l'évidence.
La déduction va être la mise en œuvre de ces intuitions et l'acte par lequel nous comprenons le passage d'unevérité d'évidence à ses conséquences.
La déduction organise le transfert de l'évidence le long d'une chaîne logique.L'évidence ainsi transférée devient la certitude.
Il n'y a de place dans la déduction cartésienne que pour despropositions certaines, ce qui exclut le syllogisme qui admet des propositions probables.
Intuition et déduction ne sont pas la méthode ; celle-ci est le bon usage de ces facultés.
Elle nous fait distinguerentre les connaissances immédiates et les connaissances conditionnelles qui dépendent d'autres connaissances,entre l'absolu et le relatif, et elle nous fait exclure tout ce qui n'est pas nécessaire au problème posé.
« Il est àremarquer », écrit Descartes à Mersenne, « que je ne suis pas l'ordre des matières, mais seulement celui des raisons».
Là est le trait distinctif de la méthode cartésienne : à l'ordre réel de production, elle substitue l'ordre qui légitimenos affirmations sur les choses.
Cette méthode est appliquée à la métaphysique dans les Méditations.
2.
De là les quatre fameux: préceptes de la deuxième partie du Discours de la méthode :
« Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle..., etde ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à monesprit que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute ».
La méthode nous apprend à n'employer que lalumière naturelle.
La connaissance n'a d'autre source que l'intelligence ; la « clarté » d'une idée, c'est sa présence àl'esprit attentif ; la « distinction » d'une idée, c'est la connaissance de ce que l'idée contient et le fait qu'on ne peutla confondre avec aucune autre.
Le premier précepte se résume en ceci : n'accepter que des idées claires etdistinctes.
« Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'ilserait requis pour les mieux résoudre.
Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par lesobjets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusqu'à laconnaissance des plus composés ».
Ce sont les deux règles de l'ordre.
« Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de nerien omettre.
» C'est la recherche méthodique de tout ce qui est nécessaire pour résoudre une question.
La méthode est la codification du bon sens (bona mens) qui, apparentée à la « lumière naturelle », signifie notrefaculté innée de distinguer le vrai du faux.
la métaphysique.
»
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