DESCARTES René : sa vie et son oeuvre et fiches de lecture
Publié le 22/11/2018
Extrait du document
«
coutumer à ne
voir du monde sensible que l'unique
connaissable : la figure et l'extension.
A cette seule
condition, 1' analyse fera apparaître l'ordre rigoureux
commun à la disposition des choses et aux lois innées
des mathématiques.
Ordre à la fois réel et rationnel que
Descartes cherche dans le monde, en s'attaquant à un
vaste traité (le Monde; l'Homme) qui étudiera la lumière,
le Soleil, les étoiles fixes, les comètes, la Terre, et enfin
«l'homme, qui en est le spectateur».
Le philosophe
décrit un univers héliocentrique où les mouvements des
sphères, se déplaçant dans l'espace, s'expriment aisé
ment en un langage d'autant plus parfait que Descartes
est l'inventeur de la géométrie analytique, sa plus dura
ble découverte scientifique.
Et« l'homme, spectateur des
mondes >>? Instruit par les dissections qu'il pratique à
Amsterdam, Descartes réserve à l'étude du corps humain
le même traitement qu'à celle des autres objets.
En vogue
au xv11• siècle, les automates lui fournissent le modèle
d'un corps machiné dont « toutes les parties n'agissent
les unes sur les autres que par leurs mouvements >>
(F.
Alquié).
M.:lis, en 1633, Galilée est condamné.
Des
cartes renonce aussitôt à publier son ouvrage.
A-t-il
craint d'être frappé à son tour? Il semble plutôt qu'il ait
déjà aperçu les limites du « mécanisme ».
Le monde dont
il traite est une « fable» (mundus est fabula).
Pourquoi
opposer une fable à une autre? Le langage déréalisé de
la physique géométrique, certain en son plan, n'est pas
du même ordre que celui du récit biblique, totalisateur
en un autre plan.
Si la prudence a inspiré Descartes, elle
est surtout le fait d'un homme qui sait distinguer entre
les discours et évaluer leurs limites respectives.
Mais de
ce renoncement l'assurance technique ne sort pas affai
blie : le DiscoMrs de la méthode en est au contraire tout
illuminé.
Le pwpos de Descartes est d'y «représenter sa
vie comme un tableau », quitte à juxtaposer la narration
linéaire d'une �xistence en forme de récit initiatique et
l'exposé d'une doctrine qui se veut intemporelle.
Dire ou construire : le Discours de la méthode
Le Discours est d'abord l'histoire d'une vie [voir
AUTOBIOGRAPHIE], qui s'inscrit dans un ordre événemen
tiel : une éducation « en 1 'une des plus célèbres écoles
de l'Europe>>; des voyages, des guerres qui font voir
« des cours et des armées», « des gens de diverses
humeurs et conditions >> : narration sans pittoresque,
jalonnée de dates, mesurée en périodes; c'est le temps
de l'horloge.
Un récit initiatique? Mais le philosophe
s'empresse de jeter sur la singularité du «je >> le voile
d'un « moi » que rien ne distingue d'autrui : > (Discours, II).
L'iti
néraire initiatique de Descartes sert de modèle à la
conduite du bon «ingénieur>> : d'un côté, ; de l'autre, dessiner la place à l'aide
d'une méthode scientifique éprouvée, qui, pour l'auteur
du Discours, se résume à quatre « préceptes » réglant
1' enchaînement de propositions évidentes.
Discours
de la méthode.
-Rédigé en français et pu blié
en 1637.
le Discours de la méthode pour bien conduire sa
raison et chercher la vé ri té dans les sciences se compose
de six parties.
auxquelles ont été ajoutés trois discours
scientifiques qui sont des essais de cette méthode et
auraient été in tégré s au Traité de la lumière (au tre titre du
Monde) : la Dioptrique, les Météores, la Géométrie.
Dans la
première partie, Descartes indique la nature de son projet :
représenter sa vie comme en un tableau, et fait part des
d out es que lu i in sp iren t l'incertitude qu'il a trou vé e dans
les sciences et la diversité qui règne dans les opinions
des ho m mes.
La deuxième partie affirme la volonté de se
délivrer des opinions dans lesquelles su bs is te ra le moindre
doute et expose les quatre préceptes de la méthode qui
permettront de rem plac er ces opinions par une science
c e rta in e.
Dans la troi siè m e partie.
Descartes définit les pré
ceptes d"une «morale par provi sio n » qu"il cherchera à su i
vre en attendant d'appl ique r son esprit à la recherche de
la vraie sagesse.
Dans la quatrième partie.
le ph il os ophe
découvre par le« Cogito, ergo sum • (je pense.
donc je suis)
l'existence de sa pensée et la séparation des substances.
p en sée et étendue.
Il prouve ensuite !"existence die Dieu
par les idées de perfection.
de dépendance et de création
continue; quant à l'existence du monde sensible.
nous en
avons une "assurance morale» fondée sur la véracité
divi ne.
La cinquième partie contient r·exposé des principes
d'une physique mécanicienne, qui mènero nt de la connais
sance du monde spatial à celle du corps humain.
Enfin
la sixième partie annonce une physique nouvelle dont les
applications pratiques rendront les hommes " maîtres et
possesseurs de la natur e».
Mais ce n'est pas tout d'abattre le «logis» pour le
reconstruire, encore faut-il trouver le refuge d'un toit
provisoire; bref, il faut vivre.
D'où la nécessité d'une
morale.
Comme don Juan abritant ses intrigues sous le
manteau de l'hypocrisie, sans vivre d'« autre façon en
apparence >> qu'un gentilhomme de sa condition, le phi
losophe s'acharnera à faire table rase des préjugés sous
le «masque» d'une «morale par provision >>.
Tl se
conduira en bon citoyen, soumis aux lois, à la religion,
modéré dans ses opinions, acceptant la contrainte sociale
pourvu que soit sauvée la liberté intérieure.
La «plaine>> est dégagée, l'« ingénieur» en posses
sion d'une méthode et d'une morale.
Pourquoi Descartes
s'aventure-t-il sur le terrain métaphysique? En réalité, le
discours métaphysique rejoint ici le discours scientifi
que : le doute du Discours de la méthode est la figure
universelle de la déception désarmée par l'évidence; le
cogito, modèle, type même de l'évidence claire et dis
tincte, pose le primat de 1' entendement qui la conçoit;
enfin et su!·tout la séparation radicale des substances en
Pensée et Etendue, hâtivement déduite du cogito, assure
les fondements de la physique mécanicienne : doréna
vant l'étendue, vidée de tout pouvoir occulte, appartient
sans restriction au domaine du physicien.
Les preuves
de l'existence de Dieu, elles-mêmes, servent le dessein
scientifique : ce Dieu parfait qui tient tout en sa dépen
dance, à commencer par nous-mêmes, est le «créateur
des vérités éternelles » dont Descartes entretenait déjà
Mersenne en 1630.
Tout à la fois, il rappelle le savant à
l'humilité et affermit sa confiance : créées par Dieu, les
lois physiques sont premières par rapport à 1' entende
ment, mais la perfection divine assure leur pérennité.
Seul reste précaire Je statut ontologique du monde
sensible : les illusions de nos sens, de nos rêves rendent
son existence incertaine.
A moins d'être« extravagant »,
on ne saurait la nier; mais, garantie seulement par l'« as
surance morale >> que Dieu nous en donne, elle n'en reste
pas moins extérieure aux évidences du Discours.
Mais
qu'importe, du moment que la substance «étendue )) se
dévoile dans ses trois dimensions? La possible irréalité
du monde sensible n'empêche pas la science cartésienne
de «tourner ''• comme le monde de Galilée.
Pourtant,
une double inquiétude palpite entre .Jes lignes ambitieu
ses du Discours.
L'>; mais cette nature, quelle.
»
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