DESCARTES: Que c'est une question de principes d'en finir avec l'École...
Publié le 22/02/2012
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de conduire et déplacement bien réglé, d'un point de départ à un point d'arrivée bien définis), impliquant touteune « dynamique » de la démarche, une conclusion bien raisonnée, quoique provocante : l'ignorance de la(fausse) philosophie est désormais la condition de son exercice (vrai).
Entre début et fin (Et bien que je les estime tous...
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quatre moyens ci-dessus déduits) prend place l'essentiel de la critique, forte de sa preuve (laquelle fait paraître la restriction initiale bien que...
comme une véritable restriction mentale, ce procédé familier aux casuistes que Pascal attaquera pour sa part dans ses Provinciales...) : sur les questions principales de physique (exemple privilégié ici : la pesanteur) l'insuffisante évidence des principes, chez tous, entraînant par voie de conséquence l'insuffisante certitude des conclusions, n'a pas permis que progresse la recherche de la sagesse.
Cela indique assez que pour la rechercheelle-même, la connaissance des principes est déterminante : d'où les Principia philosophiae, et la forme scolaire, mais non scolastique, que Descartes a voulu leur donner.
3.
Certes, au sortir de la Renaissance, a fortiori depuis le Moyen Age, le contexte du savoir a changé. Descartes ne peut ignorer les révolutions copernicienne et galiléenne, ni l'importance qu'ont prise dans la «physique » d'une part la mathématique, d'autre part l'expérimentation.
De la géométrie et de l'algèbre aumagnétisme, en passant par la cosmologie et l'optique, Descartes prend sa part des recherches, ou parti dansles débats.
Les Principes, dans leurs trois dernières parties, reprennent des questions déjà abordées, par exemple, dans les traités du Monde ou de l'Homme.
Dans ces oeuvres, ou dans ses lettres, Descartes confronte ou oppose ses thèses ou ses « solutions » à celles de Copernic, Tycho-Brahé, Galilée, Torricelli,Fermat, Roberval, Gilbert ou Harvey.
Mais qu'on ne s'y méprenne pas : quand Descartes écrit que nous devonsapprendre d'ailleurs la cause ou le principe de la pesanteur (ou aussi bien : ce qu'il faut penser du vide et desatomes, liés depuis l'atomisme démocritéen; ou des qualités propres aux quatre éléments, de tel sel ou métal,qui ont servi de « principes » dans tant de conjectures, aux aristotéliciens comme aux alchimistes), il nesubordonne pas la connaissance philosophique au savoir des sciences de la nature.
C'est même tout lecontraire : l'ailleurs ne doit pas être cherché hors de, mais dans la philosophie, là où la méthode, par sa rigueur et sa nouveauté, l'a précisément renouvelée, en délivrant les vrais principes, moyennant l'épreuve du doute etla preuve de l'existence de Dieu 1, garantissant dès lors toute vérité, y compris mathématique.
Certes, la mathématique fournit le modèle d'une science de l'ordre et de la mesure, et des chaînes de raisons quitransfèrent l'évidence, des principes aux conclusions, dans la continuité de la déduction.
La physiquecartésienne sera donc déductive — mais la valeur des conclusions dépendra, en dernière analyse, de la valeurdes principes, que seule la métaphysique peut établir (ce qu'elle fait dans le premier livre des Principes) à la racine de l'arbre de la connaissance (dont la physique sera le tronc, dans la métaphore bien connue).
Au fond,toute déduction est à double tranchant : si les principes sont mauvais, elle égare aussi sûrement qu'elleconduit certainement à la vérité quand ils sont évidents.
En faisant voir « toutes les notions claires et simples qui sont en nous » (en même temps que « les principaux attributs de Dieu ») la métaphysique, fortifiée par saméthode, assure, plus que jamais philosophie première, le (re) commencement de la philosophie.
4.
Encore faut-il pour cela que la philosophie (qui par sa connaissance des principes englobe donc tous lesautres savoirs comme des conséquences de sa métaphysique) s'élève à un « cinquième degré » dans sa marche vers la sagesse, au-dessus des quatre autres dont les « moyens » ont été « ci-dessus déduits » (ils'agit de l'intellection immédiate, l'expérience des sens, l'ouï-dire, la lecture — la révélation divine étant d'unautre ordre).
C'est revenir à la méthode (où doit donc se ressaisir, incontestablement, l'originalité deDescartes) et à l'importance des Règles pour la direction de l'Esprit, s'il s'agit au fond, comme le texte le laisse entendre, de savoir distinguer la connaissance vraie de la simple expérience, de savoir donc, plus radicalement,appréhender les conditions de l'évidence, dans toute sa force, au départ de toute certitude, de savoirsupposer (littéralement poser en dessous, comme support et fondement) à bon escient pour raisonner « sagement ».
La philosophie comme « science rigoureuse » est à ce prix, et l'on voit que les vérités de méthoden'y sont pas secondes, ni secondaires.
C'est donc aussi revenir à la pédagogie : philosopher (d'autres le dirontencore, par la suite 4) ce n'est pas apprendre un savoir, mais apprendre à penser.
Par là s'éclaire l'apparent paradoxe de la fin.
L'ignorance, à tout le moins la naïveté, n'est pas contraire à l'exercice philosophique : enfournissant une « table rase », elle ne peut que favoriser la « révolution » nécessaire à l'égard de la force despréjugés..
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