Descartes, Méditations métaphysiques, Sixième Méditation. Le pilote en son navire
Publié le 18/03/2015
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Le pilote en son navire
La nature m'enseigne aussi, par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc.,
que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu'un pilote en son navire,
mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement, et tellement confondu et
mêlé que je compose comme un seul tout avec lui. Car, si cela n'était, lorsque mon
corps est blessé, je ne sentirais pas pour cela de la douleur, moi qui ne suis qu'une
chose qui pense, mais j'apercevrais cette blessure par le seul entendement, comme
un pilote aperçoit par la vue si quelque chose se rompt dans son vaisseau ; et
lorsque mon corps a besoin de boire ou de manger, je connaîtrais simplement cela
même, sans en être averti par des sentiments confus de faim et de soif. Car en effet
tous ces sentiments de faim, de soif, de douleur, etc., ne sont autre chose que de
certaines façons confuses de penser, qui proviennent et dépendent de l'union et
comme du mélange de l'esprit avec le corps.
Descartes, Méditations métaphysiques, Sixième Méditation.
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154 Les sortilèges des passions
croître : la fonction dite végétative est ici en jeu.
Autre chose la
capacité de sentir et de désirer, propre à la fonction sensitive.
Autre chose enfin la fonction intellective, qui rend possible la
pensée rationnelle.
La plante, l'animal et l'homme, incarnent
spécifiquement une de ces fonctions.
Chacun a donc une cer
taine manière de vivre et s'inscrit dans une hiérarchie dont
chaque niveau correspond à une fonction définie.
Aristote attribue toutes ces fonctions à l'âme, conçue
comme principe de vie, et il se demande aussitôt si elles sont
séparables du corps.
Il répond négativement pour les fonc
tions végétative
et sensitive, dont il observe que la distinction
logique, pour les besoins de la compréhension rationnelle,
n'implique nullement une séparation réelle (selon le lieu).
Mais la question lui paraît autrement difficile, et tout à fait cru
ciale, pour la fonction intellectuelle.
La pensée est en effet
source de l'action délibérée, et expression du propre de
l'homme, c'est-à-dire à la fois de sa vocation et de son excel
lence.
Pour connaître l'homme, il faut donc poser une question
décisive.
Comment comprendre le statut de l'âme pensante ?
L'attention portée à l'originalité de la fonction intellectuelle,
et à sa nécessaire autonomie, peut conduire à lui attribuer un
support propre, un genre d'être différent de celui qui est le
siège
des autres fonctions.
C'est la source du dualisme, qui dis
tingue et sépare effectivement deux substances, remplissant
des rôles propres.
Immanente au corps par la vie qui croît et
désire, l'âme en serait séparée comme intellect qui pense.
La
pensée ne pourrait reposer que sur «un genre de l'âme tout
différent», dont Aristote envisage que «seul il puisse être
séparé du corps, comme l'éternel, du corruptible ».
Mais il
s'agit là d'une, simple hypothèse.
Une telle option ne serait pas
partagée par Epicure, penseur matérialiste à qui il suffit d'inté
grer à la matière les différenciations effectives qui lui permet
tent de remplir toutes les fonctions - y compris celle de la
pensée.
Mais Aristote lui-même souligne le caractère problématique
de son hypothèse.
L'âme est vivante, sentante, et pensante, et
ces trois fonctions sont si étroitement mêlées en l'homme,
dans l'expérience vécue, qu'il peut sembler difficile de les dis
socier.
Comment faire face à la difficulté de concilier l'unité
de l'âme et la thèse de la séparation réelle de l'âme pensante
et du corps ? Aristote doute alors que l'on puisse dire sans.
»
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- La nature m'enseigne aussi par ces sentiments de douleur, de faim, de soif etc, que je ne suis pas seulement logé dans mon corps ainsi qu'un pilote en son navire, mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement, et tellement confondu et mêlé que je compose comme un seul tout avec lui. Descartes, Méditations métaphysiques, VIè. Commentez cette citation.
- « La nature m'enseigne [...] par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu'un pilote en son navire, mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui. » Descartes, Méditations métaphysiques, 1641. Commentez cette citation.
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