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Descartes, Lettre-Préface des Principes de la philosophie, Vrin; L'arbre de la connaissance

Publié le 23/03/2015

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[...] Un homme qui n'a encore que la connaissance vulgaire et imparfaite [...] doit (apprendre) à bien conduire sa raison pour découvrir les vérités qu'on ignore ; et parce qu'elle dépend beaucoup de l'usage, il est bon qu'il s'exerce longtemps à en pratiquer les règles touchant des questions faciles et simples, comme sont celles des mathématiques. Puis, lorsqu'il s'est acquis à trouver la vérité en ces questions, il doit commencer pour de bon à s'appliquer à la vraie philosophie, dont la première partie est la métaphysique qui contient les principes de la connaissance, entre lesquels est l'explication des principaux attributs de Dieu, de l'immatérialité de nos âmes, et de toutes les notions claires et simples qui sont en nous. La seconde est la physique, en laquelle après avoir trouvé les vrais principes des choses matérielles, on examine en général comment tout l'univers est composé, puis en particulier quelle est la nature de cette terre, et de tous les corps qui se trouvent communément autour d'elle, comme de l'air, de l'eau, du feu, de l'aimant et des autres minéraux. En suite de quoi il est besoin aussi d'examiner en particulier la nature des plantes, celle des animaux, et surtout celle de l'homme ; afin qu'on soit capable par après les autres sciences qui lui sont utiles. Ainsi toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences, qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale ; j'entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse.

Descartes, Lettre-Préface des Principes de la philosophie, Vrin

 

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« Textes commentés 45 a) Tout homme aspire à étendre ses connaissances mais celles-ci sont incertaines parce qu'elles combinent des préjugés à des expériences douteuses et qu'elles se présentent surtout en ordre dispersé.

Savoir vraiment répond donc à une double exigence de clarté et d'ordre.

De clarté car il s'agit de déterminer clairement et distinctement la nature des choses et d'ordre car il s'agit d'établir les liens nécessaires existant entre les différentes sphères du savoir dont elles relèvent.

À cet égard les mathématiques offrent à plus d'un titre le modèle même d'une connaissance certaine.

Leur haut degré d'abstraction les protège des aléa de l'expérience sensible, et leur nécessité peut se diffuser à toutes les formes de savoir pourvu qu'ils s'inspirent de leur logique déductive dont elles tirent leur vérité.

b) Pourtant la certitude des mathématiques n'apparaît qu'à travers leurs opérations que l'esprit juge sans doute parfaites mais qui pourraient être trompeuses s'il n'avait la faculté de concevoir l'idée d'une plus grande perfection à même d'en garantir la vérité au delà de l'évidence subjective qui la lui fait saisir.

En tant qu'Être réalisant cette perfection infinie, Dieu est cause de l'idée que l'esprit s'en forge et cause de l'esprit ayant cette idée en lui, puisque créé imparfait, l'esprit ne peut recevoir l'idée de perfection que d'un être parfait.

Dieu est donc la raison de toutes choses et de toutes les connaissances qu'on peut en prendre, et c'est pourquoi l'exigence d'ordre impose que la connaissance commence par la métaphysique qui est première dans l'ordre du savoir.

c) Ainsi la métaphysique est-elle à la racine de l'arbre de la connaissance en tant qu'elle fournit l'ensemble ordonné des idées premières du savoir d'où pourront se déduire hiérarchiquement toutes les sciences ; non seulement les plus hautes qui relèvent comme l'âme de réalités immatérielles, mais aussi celles qui informent la matière comme la physique ou la biologie d'où se tirent la médecine et les autres applications techniques.

Formant par là un tout harmonieusement ordonné, la philosophie n'est pas simplement savoir, elle est aussi source de sagesse conformément à son concept.. »

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