DESCARTES: les choses qui dépendent entièrement de nous de celles qui n'en dépendent point
Publié le 05/10/2013
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Descartes
Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant, en procédant à son étude ordonnée :
« Il me semble que l'erreur que l'on commet le plus ordinairement touchant les désirs est qu'on ne distingue pas assez les choses qui dépendent entièrement de nous de celles qui n'en dépendent point: car, pour celles qui ne dépendent que de nous, c'est-à-dire de notre libre arbitre, il suffit de savoir qu'elles sont bonnes pour ne les pouvoir désirer avec trop d'ardeur, à cause que c'est suivre la vertu que de faire les choses bonnes qui dépendent de nous, et il est certain qu'on ne saurait avoir un désir trop ardent pour la vertu, outre que ce que nous désirons en cette façon ne pouvant manquer de nous réussir, puisque c'est de nous seuls qu'il dépend, nous en recevons toujours toute la satisfaction que nous en avons attendue. Mais la faute qu'on a coutume de commettre en ceci n'est jamais qu'on désire trop, c'est seulement qu'on désire trop peu ; et le souverain remède contre cela est de se délivrer l'esprit autant qu'il se peut de toutes sortes d'autres désirs moins utiles, puis de tâcher de connaître bien clairement et de considérer avec attention la bonté de ce qui est à désirer. «
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entièrement en notre pouvoir, comment se fait-il que nous n'arrivons pas toujours à la mobiliser ? La fin du texte répond à cette objection, en brossant grossièrement le portrait d'un homme de bonne conduite. En effet, il s'agit de trouver le « remède « (et donc les moyens de préserver la santé de notre âme, ce qui correspond traditionnellement à la définition de la bonne conduite), à la déficience de notre désir des choses qui ne dépendent que de nous. Ce remède est double, car le mal est double. Si la vertu consiste à désirer les choses qui dépendent de nous et qui sont bonnes, il faut s'attacher à ne pas désirer ce qui ne dépend pas de nous (se délivrer l'esprit de toutes sortes de désirs moins utiles), et à définir les choses qui sont bonnes (la bonté de ce qui est à désirer).
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«
LES TERMES À RETENIR
.,..
Reviennent plusieurs fois dans le texte les termes et tournures sui
vants: « désir» (6 fois) en comptant les formes verbales, «ce qui dépend
de nous
» (5 fois), « l'erreur qu'on commet ordinairement » (avec « la
faute
qu'on a coutume de commettre »), « les choses bonnes » (3 fois)
en
comptant un équivalent et le terme de « bonté », enfin la « vertu »
(2 fois) .
.,..
Les termes que l'on devra expliquer soit par des connaissances
externes, soit en s'aidant du texte
lui-même sont les suivants : « les
désirs », « ce qui dépend de nous », « libre arbitre », « vertu », « choses
bonnes
», « satisfaction », « connaître bien clairement » .
.,..
Les formules logiques qui impliquent un raisonnement doivent éga
lement être
soulignées : « car », « à cause que », « et il est certain que »,
« outre que », « puisque », tout cela pour le seul membre de phrase
commençant par « car ...
» ! On ajoutera le « mais » qui commence la
dernière phrase, la rupture
qu'impliquent le point-virgule et le « et »,
enfin le « puis ».
LA CONCLUSION DU TEXTE
.,..
Il s'agit de montrer que l'excès du désir n'est pas condamnable en
soi, et n'est pas contraire à la conduite droite.
Cette conclusion occupe
le début de la dernière phrase du texte.
Le thème du texte est donc le
désir, et la thèse consiste dans la réfutation d'une erreur, qui consiste
à croire qu'il ne faut pas désirer trop, mais demeurer modéré en toutes
choses.
LA STRUCTURE DU TEXTE
.,..
Le procédé qui permet à l'auteur de réfuter la thèse adverse réside
essentiellement dans une distinction des objets du désir.
L'argumen
tation
suit cet ordre implicite, qui n'est pas celui du texte : certains
pensent que
l'excès du désir est contraire à la bonne conduite.
Mais cette thèse est fausse, dès
lors que l'on distingue les objets du
désir.
En effet, certains objets ne peuvent être trop désirés, et ce désir excessif
est
même une condition de la bonne conduite.
Par conséquent, pour bien se conduire, il faut dissiper la confusion des
objets du désir.
Nous présentons
ce raisonnement ainsi pour plus de
clarté, mais le texte suit un ordre un peu différent, sur lequel nous
bâtirons
le commentaire..
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