Descartes: Est-il nécessaire de douter pour connaître ?
Publié le 15/03/2006
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C’est un texte programmatique auquel nous avons à faire ici : l’auteur nous décrit les trois étapes que nous devons respecter pour prétendre, semble-t-il à une méthode de raisonnement satisfaisante, pour les exigences de l’esprit et celles de la vie quotidienne.
I. La table rase
La première étape est le préalable de tout raisonnement : il faut « mettre toutes choses en doute «. On appellera cette démarche le doute hyperbolique. Mais il faut le faire « une fois en sa vie «. Cette indication est importante parce que l’on se rend compte que c’est une étape circonscrite dans le temps, fondatrice du raisonnement : s’il fallait tout le temps tout remettre en doute alors nous serions des sceptiques. Mais nous partons du fait que nous devons adopter une attitude qui nous permette d’avancer dans la vérité. Il faut donc que ce doute hyperbolique soit un moment circonscrit mais total : il faut le faire autant qu’il se peut. L’argument qui permet à Descartes d’affirmer la nécessité de cette étape, c’est qu’arrivé à un certain âge de la vie, nous disposons d’un corpus de jugements, que nous prenons pour des connaissance. Le problème de ce corpus, c’est que nous l’avons constitué au fil du temps, et qu’au moment où nous avons formé certains de ces jugements, nous faisions un usage approximatif de notre raison : nous étions enfants. Mais il n’est pas possible d’effectuer un tri entre nos jugements vrais et nos jugements faux : ils sont trop nombreux et nous n’avons pas de critère nous permettant de juger de nos jugements. Il est donc nécessaire de faire table rase de ce corpus pour repartir à neuf : sur une page vierge, il est plus facile d’écrire juste que de corriger un texte plein de fautes.
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Introduction
C'est un texte programmatique auquel nous avons à faire ici : l'auteur nous décrit les trois étapes que nous devonsrespecter pour prétendre, semble-t-il à une méthode de raisonnement satisfaisante, pour les exigences de l'esprit etcelles de la vie quotidienne.
I.
La table rase
La première étape est le préalable de tout raisonnement : il faut « mettre toutes choses en doute ».
On appelleracette démarche le doute hyperbolique.
Mais il faut le faire « une fois en sa vie ».
Cette indication est importanteparce que l'on se rend compte que c'est une étape circonscrite dans le temps, fondatrice du raisonnement : s'ilfallait tout le temps tout remettre en doute alors nous serions des sceptiques.
Mais nous partons du fait que nousdevons adopter une attitude qui nous permette d'avancer dans la vérité.
Il faut donc que ce doute hyperbolique soitun moment circonscrit mais total : il faut le faire autant qu'il se peut.
L'argument qui permet à Descartes d'affirmerla nécessité de cette étape, c'est qu'arrivé à un certain âge de la vie, nous disposons d'un corpus de jugements,que nous prenons pour des connaissance.
Le problème de ce corpus, c'est que nous l'avons constitué au fil dutemps, et qu'au moment où nous avons formé certains de ces jugements, nous faisions un usage approximatif denotre raison : nous étions enfants.
Mais il n'est pas possible d'effectuer un tri entre nos jugements vrais et nosjugements faux : ils sont trop nombreux et nous n'avons pas de critère nous permettant de juger de nos jugements.Il est donc nécessaire de faire table rase de ce corpus pour repartir à neuf : sur une page vierge, il est plus faciled'écrire juste que de corriger un texte plein de fautes.
II.
Principe de précaution
Ce doute doit être proprement hyperbolique pour que cette opération de tabula rasa soit proprement efficace.
Cen'est pas seulement un doute au sens d'une réserve, d'une hésitation… c'est un doute disqualifiant : « considérer comme fausses toutes les choses dont on peut douter.
» Il faut donc non seulement mettre en doute tous nosjugements, mais aussi partir de principe que tout ce qui et l'objet de doute est faux.
On ne sait pas si tout esteffectivement faux et nous ne cherchons pas ici, si tout est vrai ou faux.
Nous établissons un principe de départ,une convention de l'esprit : tout ce que je sais est faux, il me faut reconstituer l'ensemble de mes jugements.
Alorsje pourrai m'attacher à trouver le premier principe à partir duquel tout déduire.
Pour Descartes c'est le sujet, pourSpinoza c'est Dieu (la substance).
En appliquant le doute hyperbolique disqualifiant, cela me permettra de considérerque si certains de ces jugements en passent la barre, alors c'est que ces jugements ne peuvent être que vrais.
Simalgré toutes ces précautions et ces falsifications, un jugement apparaît encore comme vrai, alors il ne peut êtreque vrai.
Mais si l'on a bien suivi le raisonnement de Descartes et notamment, la fiction du mauvais génie, on saitbien sûr que cela ne peut pas arriver.
Seulement il est important de laisser cette possibilité ouverte pour ne pas installer un dogmatisme à la place de l'ancien dogmatisme.
III. La morale par provision
Une telle opération est à la fois lourde et complexe.
Elle nécessite une complète mise à disposition de l'esprit et nes'accorde pas avec les nécessité de l'existence quotidienne.
Elle peut même s'avérer dangereuse si l'on règle l'actionsur les principes du doute hyperbolique : « nous ne devons point user de ce doute pour la conduite de nos actions » parce que je justement la vérité est une affaire de « contemplation ».
Si par exemple je me trouve dans ce que leséthiciens appellent une situation tragique : le don d'organes en est une au sens où il s'agit d'une solidarité pourcause de mort.
Le doute hyperbolique ne me sera ici d'aucun secours, car la temporalité de l'action et de lacontemplation n'est pas la même : l'action, c'est le temps de l'urgence tandis que la contemplation, c'est le tempslong.
Comment faire alors ? Il nous faut, en attendant que la déduction de tous les principes soit terminée,s'accorder sur un certain nombre de principes moraux qui répondent aux impératifs de l'action.
C'est donc unemorale par provision qu'il me faut établir, de façon à rendre la vie quotidienne possible.
C'est une morale parprovision et non une morale provisoire comme on l'a souvent dit, parce que ses principes ne sont pas arbitraires : ilssont « vraisemblables ».
C'est comme une intuition morale qui serait destinée par la suite à être confirmée par les.
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