DESCARTES: Communication animale et langage humain

« que l'on vit et pense.

Au contraire, ce qui est du corps s'analyse strictement au moyen de mécanismes.

La capacitéqu'ont les animaux de signifier peut s'expliquer mécaniquement, par instinct naturel ou, s'ils ont été éduqués à noslangues, par acquisition de réflexes conditionnés par dressage. * Justification de la thèse: tous les hommes usent du véritable langage, quel que soit leur manque de perfection parailleurs, absence d'esprit ou absence des organes de la phonation. * Conclusion: la différence entre l'homme et l'animal n'est pas de degré, mais de nature.

L'homme seul pense, et lelangage est le signe manifeste de la pensée. Souligner l'intérêt du thème et de la démonstration. La question de savoir si les animaux sont doués de pensée est toujours d'actualité et les prises de position sur cettequestion suscitent les passions.

Mais comment s'assurer d'une réponse ? Car si j'ai la certitude de penser pour moi-même, qu'est-ce qui prouve qu'un autre pense, a fortiori un animal ?Descartes trouve dans le langage un moyen de répondre, mais cela l'entraîne à analyser ce qu'est le langage et à endistinguer deux types .Revenir sur l'argumentation en s'interrogeant.Le véritable langage, dit Descartes, exprime "quelque chose qui puisse se rapporter à la seule pensée".

Que faut-ilentendre par là ? Descartes s'en explique en différents passages de son oeuvre.

Voici ce qu'il précise dans leDiscours de la Méthode à propos d'une machine montée de telle sorte qu'elle profère des paroles, il ne se peut pas"qu'elle les arrange diversement, pour répondre au sens de tout ce qui se dira en sa présence, ainsi que les hommesles plus hébétés peuvent faire".

Et encore, parlant des hommes les plus stupides, même les insensés, qu'ils sont"capables d'arranger ensemble diverses paroles, et d'en composer un discours par lequel ils fassent entendre leurspensées". Lire : Descartes, Discours de la Méthode, cinquième partie. On peut dégager plusieurs caractères du "véritable langage".

Il consiste d'abord à inventer un discours enarrangeant diversement des mots (ou d'autres signes).

Cette capacité n'a rien à voir ni avec la réponse réflexe quimanifeste la douleur par exemple, ni avec la répétition mécanique d'une phrase toute montée et acquise pardressage.

Ensuite il manifeste la raison dans ce qu'elle a d'universel ; en effet le.

"véritable langage" consiste àadapter son discours à toute situation possible.

Ainsi il manifeste la pensée.La position de Descartes se comprend d'autant mieux que l'on connaît sa conception de l'âme et du corps qui sontdeux substances rigoureusement distinctes.

L'âme est substance pensante, le corps est substance étendue nefonctionnant, comme une machine, que mécaniquement.

Rien n'est pensant dans le corps, rien n'est mécaniqueclans l'âme.

De telle sorte que tout comportement, instinctif, réflexe ou acquis par dressage, analysable enmécanismes exprime quelque chose du corps, et nullement quelque chose de l'âme et donc de la pensée. Mettre en lumière l'originalité de la thèse et un problème qu'elle pose. Il est intéressant de situer la position de Descartes par rapport à celle de Montaigne, par exemple, dont les analysestendent à persuader de la proximité de l'homme et de l'animal.Lire: Jean-Claude Pariente, Le langage, in Notions de philosophie I, folio essais.Un problème qu'une lecture attentive est capable de déceler porte sur les rapports entre langage et pensée.

Eneffet, "ce langage est en effet le seul signe certain d'une pensée latente dans le corps", dit Descartes.

Celaprésuppose que l'activité de la pensée est purement intérieure à la vie mentale et indépendante du langage.

Or lapensée n'est-elle pas, aussitôt qu'elle est claire, un dialogue de l'âme avec elle-même selon l'expression de Platon,c'est-à-dire déjà un échange intérieur de mots ? N'est-ce pas grâce au langage que la pensée s'explicite et sestructure ?. »