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Des raisons de ne pas douter au redoublement du doute.

Publié le 06/11/2016

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Rappelons que le doute pathologique comme l’est l’angoisse où nous avons peur de tout et de rien, où la position de notre moi est menacée de l’extérieur nie la faculté de douter volontairement. Un pouvoir est à notre disposition, il ne s’effectue pas malgré nous. Mais même si le doute est volontaire ne nourrira t-il pas l’angoisse ? Une passion comporte toujours une part volontaire mais rapidement elle commande la volonté. La passion de douter n’est-elle pas une prise de risques psychologiques inconsidérée ? En fait le doute pathologique est rarement un doute radical ou absolu car douter radicalement ou absolument implique de douter de tous les contenus de la conscience y compris de l’état de doute. Le doute pathologique est subi passivement, il semble incontrôlable pour quelqu’un qui justement n’a jamais exercé le doute radical consistant à douter de tous les contenus de conscience y compris de son doute qu’il soit actif ou passif. Toute démarche psychothérapeutique visant à surmonter l’angoisse, la mélancolie et autres passions déstructurantes ne consiste-t-elle pas à remettre en chantier les structures mêmes de l’ego et donc à douter de ses structures actuelles qui produisent une telle souffrance déconnectée des situations vécues par le patient ? Dans la démarche sceptique tout contenu de conscience est nommé apparence car ce terme désigne ce qui paraît sans qu’on puisse déterminer si cette apparition est illusion ou r&...

« sur l'essence ultime des apparences ou autrement dit il engendre un esprit d'absence de conclusion.

Car plus profondément encore, le doute à propos du doute étant encore une apparence, cette suspension du jugement ou cet esprit d'absence de conclusion se découvre comme arrière plan toujours déjà là de conscience ataraxique, c'est-à-dire de parfaite tranquillité et de totale équanimité quelles que soient les apparences.

Les sceptiques authentiques sont donc parfaitement tranquilles même si dans leur esprit il y a la peur, l'angoisse ou n'importe quelle souffrance psychologique.

Le doute redoublé guérit donc les formes pathologiques du doute en révélant un espace de conscience inaccessible aux troubles psychiques. Mais si le doute radical relativise la souffrance psychologique comme la peur, voyant le précipice là devant et doutant des apparences vais-je y plonger ? vais-je douter de tous les messages sensibles de mon corps qui assure ma survie à travers la sienne ? La passion du doute n'est-elle pas alors nuisible à ma survie matérielle par sa relativisation radicale des messages des sens ? En suivant Descartes et les sceptiques au nom du doute radical et donc redoublé, il faut douter des sens pour discerner qu'ils ne sont qu'apparences et doutant du doute il faut jouer le jeu des apparences.

Pendant le temps du doute radical nous sommes comme un personnage principal dans une fiction cinématographique qui respecte un scénario crédible et donc ne se suicide pas d'entrée de jeu. Cependant si la passion de douter radicalement est une prise de risque souhaitable pour en finir avec la souffrance psychologique voire pour relativiser la douleur, on peut s'interroger sur ses effets sociaux.

La passion de douter n'est-elle pas une passion profondément égocentrique qui permettra à l'ego de douter à son avantage de toutes les normes morales ? Là encore il s'agit de redoubler le doute radical.

Chez Descartes la morale provisoire n'est pas seulement quelque chose qu'on exclut du doute, c'est l'effet du redoublement du doute.

La morale est ce dont il est le plus facile de douter car ses normes ne sont pas de façon évidente universelles : ici il est indifférent de montrer la plante de ses pieds, là-bas en Thaïlande ceci est d'une grande impolitesse.

Cette facilité de douter de la morale est suspecte : mieux vaut être conformiste dans le domaine moral car il y a des raisons de douter du doute. »

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