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Des principes de la raison; — que savez-vous et que pensez-vous de la manière dont l'empirisme contemporain en rend compte?

Publié le 03/06/2011

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Exorde. — L'empirisme prétend que l'homme et la nature composent tout ce qui existe, qu'il n'y a rien en dehors de ces deux réalités; par conséquent, toutes nos connaissances se réduisent, suivant ce système, aux perceptions de la conscience et des sens, qui constituent ce qu'on appelle l'expérience ; toutes nos idées seraient donc expérimentales. Le rationalisme soutient une autre thèse : il prétend que, en dehors et même au-dessus de l'homme et de la nature, il y a un autre ordre de choses, et il ajoute que nous possédons une faculté supérieure, la raison, laquelle nous découvre cette autre réalité et nous fournit les connaissances qui s'y rapportent; il dit que les connaissances fournies par la raison diffèrent par leurs caractères de celles que nous devons à l'expérience.

« contraire, les principes de la connaissance sont les mêmes partout et toujours.

Une association expérimentale nepeut donc expliquer les caractères d'universalité et de nécessité que présentent ces principes. B.

— La théorie de l'évolution ou de l'hérédité prend pour source de nos connaissances, non plus l'expérienceindividuelle, mais l'accumulation des expériences de l'espèce ; cette accumulation produirait un instinct mental etrationnel, qui, comme les autres instincts, ne serait qu'un résultat de l'association et de l'habitude.

Cette théorieconstitue un progrès sur l'ancien empirisme ; c'est une tentative pour expliquer le caractère d'universalité queprésentent les principes innés de la connaissance; mais ce n'est encore qu'une transformation des théoriesempiriques.

Ce n'est plus l'individu qui est la table rase, c'est l'espèce ; l'intelligence est toujours passive, elle semoule sur le monde extérieur et n'a que des souvenirs, des habitudes héréditaires.

Aussi peut-on faire à cettethéorie de Spencer une réponse à peu près identique à la réponse que l'on fait à l'école associationiste.

— On ditque, si les principes premiers de la connaissance n'étaient que des habitudes héréditaires ou personnelles, ellesn'auraient qu'une portée, une valeur subjective, et par conséquent on pourrait n'en pas trouver la confirmation,l'application correspondante dans le monde extérieur ; une habitude de l'esprit ne saurait devenir une loi pour leschoses.

En outre, comme les habitudes varient, il en devrait être de même pour les vérités premières, si ellesn'étaient que des habitudes, héréditaires ou personnelles.

Pour ce qui regarde notamment le principe de causalité,l'expérience donne la succession, non un rapport de cause à effet ; du reste, beaucoup de faits se suivent qui nes'engendrent pas, et l'expérience nous fait connaître une foule de phénomènes dont les causes nous échappent.Enfin, l'expérience ne saurait nous donner la connaissance de la cause moi, de l'être personnel. Conclusion.

— Ainsi les principes de la raison, appelés aussi vérités premières et vérités de sens commun, sont desjugements, qui ont pour caractères d'être universels, puisqu'ils se trouvent dans toutes les intelligences et sontimpliqués dans toutes nos pensées, et nécessaires puisqu'il nous serait impossible de penser sans eux.

Ils ont pourorigine, non les sens ou la conscience, mais la raison, cette faculté supérieure de l'entendement, qui les conçoitspontanément, par une intuition immédiate et directe.

C'est en vain que l'empirisme a voulu ne voir dans cesprincipes que des faits généralisés, et ses théories les plus récentes ne sauraient être acceptées, bien qu'ellesconstituent un progrès sur l'ancien empirisme; l'association des idées ne peut expliquer les principes premiers de laconnaissance, et c'est en vain qu'à l'associationnisme on a substitué la théorie de l'évolution, qui remplacel'expérience individuelle par les observations accumulées de l'humanité.

En effet, que l'expérience soit individuelle ouqu'elle soit collective et héréditaire, elle ne me donnera jamais que le contingent, ce qui est, non le nécessaire, cequi doit être.. »

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