DES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE ET DES IDÉES EN GÉNÉRAL. — DE LEURS DIFFÉRENTS CARACTÈRES ET DE LEURS DIVERSES ESPÈCES. — DONNER DES EXEMPLES.
Publié le 15/06/2011
Extrait du document
I. Des Phénomènes organiques qui sont liés aux Phénomènes de conscience.
1. Avant de procéder à l'énumération des phénomènes de conscience, il est nécessaire de jeter un coup d'oeil sur l'ensemble des phénomènes organiques qui sont liés aux phénomènes de conscience, parce qu'en vertu de cette liaison on est souvent tenté de confondre les uns avec les autres : par exemple , la lésion d'un organe avec la douleur qui en résulte ; la sensation appelée faim avec l'affection stomachique qui l'occasionne ; le principe vital qui imprime certains mouvements avec la volonté qui en imprime d'autres; le jeu du cerveau avec la pensée, qui y est liée tantôt comme antécédent, tantôt comme conséquent; les émotions physiques avec les émotions morales, qui en reçoivent et qui leur rendent l'influence, etc. 2. Occupons-nous donc de cet indispensable préliminaire, dans lequel nous ne ferons entrer que les choses qu'il est absolument nécessaire de ne pas ignorer, renvoyant pour le reste aux traités élémentaires d'anatomie et de physiologie.
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mouvement d'épanouissement, de dilatation; dans le cas de l'impression pénible, c'est au contraire un mouvementde resserrement, de contraction.Ici, rien que d'aveugle, d'instinctif; l'enfant, l'homme qui dort présentent ce phénomène, tout comme l'homme fait etparfaitement éveillé.15.
D'autres mouvements sont aussi instinctifs; mais ils diffèrent des précédents en ce qu'ils ne sont point la suited'une impression; le mouvement originel de la série est sans antécédent apparent; mais il a toujours un but évident,qui est la conservation de l'individu et la fin pour laquelle il est créé, et il est dû à ce qu'on nomme le principe vital,agent inconnu auquel on rapporte les phénomènes de la vie, comme on rapporte ceux de la chaleur à un agentinconnu, le calorique; le principe vital, force inintelligente, est en rapport intime avec l'âme; mais il est absolumentdistinct d'elle.
Du cerveau comme d'un centre, il produit en vertu des lois qui lui sont propres, divers mouvementsnécessaires à l'existence et à l'entretien du corps; soit les mouvements continus comme la circulation des fluides,soit les mouvements intermittents, tels que ceux que nous produisons pour rétablir l'équilibre du corps quand il estdérangé, etc.16.
Enfin, beaucoup de mouvements du cerveau, suivis de mouvements organiques , sont évidemment déterminéspar notre volonté.
Je veux lire, et je lis.
Je veux lever la tête, et je la lève.
Du reste , ce commandement de notrevolonté sur le cerveau, et par suite sur les organes, est fort limité, comme tout le monde le sait.Il est très-probable qu'il ne se forme en nous aucune idée, ni aucun sentiment, ni aucune détermination qui neproduise sur le cerveau une certaine influence, laquelle est souvent de nature à retentir jusqu'au dehors.
De là lesexpressions du regard, de la physionomie, du geste, etc.Les impressions, les instincts, les mouvements, les faits de l'esprit qui s'y trouvent mêlés, agissent et réagissent lesuns sur les autres; et cette action et réaction sert à expliquer beaucoup de faits auxquels nous ne pouvons pasnous arrêter ici.47.
Il faut remarquer seulement que les mouvements et les impressions souvent répétés se renouvellent avec unefacilité de plus en plus grande, ce qui constitue les habitudes organiques.
II.
Des Phénomènes de conscience.
1.
Nous trouvons dans les phénomènes de conscience , c'est-à-dire dans les faits que l'âme aperçoit en elle-même,la variété prodigieuse qui se trouve dans toutes les oeuvres de la création.2.
L'histoire complète de chaque homme serait le récit de la multitude des perceptions, sensations, idées,sentiments, déterminations, dont il aurait eu successivement conscience pendant toute la durée de sa vie.
Et l'onpeut affirmer que cette histoire ne ressemblerait exactement à celle d'aucun autre homme, et que dans cettehistoire elle-même, celle d'un seul jour ne ressemblerait non plus à celle d'aucun autre jour.3.
Mais là aussi, comme dans les autres oeuvres de la création, nous trouvons, par une observation et unecomparaison attentives des phénomènes divers, qu'une si grande variété est le résultat des combinaisons faitesentre un petit nombre d'éléments; en sorte qu'il est possible d'arriver à une classification très-simple desphénomènes de conscience, et de les indiquer, tout innombrables qu'ils sont, par quelques dénominations générales.4.
Les premiers phénomènes de conscience qui se présentent à l'observation, sont ceux de la perception et de lasensation, qui suivent les impressions organiques décrites dans le paragraphe précédent.
Comme la perception et lasensation ont.
le plus souvent lieu simultanément, et que par cette raison elles ont été confondues souvent l'uneavec l'autre, il convient de les décrire avec quelque soin.5.
Lorsque les organes de nos cinq sens ont été impressionnés par des corps extérieurs, lorsque par suite de cettepremière impression les nerfs ont été aussi impressionnés jusqu'au cerveau, nous percevons aussitôt certainsphénomènes dans les corps qui ont produit ces Mi-pressions sur les organes de nos sens.Si , par exemple, c'est un corps qui ait agi sur la membrane pituitaire, nous-percevons l'odeur de ce corps.
(On ditaussi que nous la sentons.)Si c'est un corps qui, pressé dans la bouche, ait agi sur les petits nerfs dont elle est tapissée, nous percevons legoût de ce corps.
(On dit aussi que nous sentons ce goût.)Si c'est un corps dont les oscillations aient ébranlé l'air et par suite l'oreille et le-nerf acoustique, nous percevons lebruit de ce corps.
(Ou nous l'entendons)Si c'est un corps qui ait renvoyé des rayons lumineux à notre oeil et au nerf optique, nous percevons la couleur, laforme et les mouvements de ce corps.
(Ou nous les voyons.)Si c'est un corps qui ait agi sur la peau et sur les nerfs qui aboutissent partout à sa surface , particulièrement auxmains, nous percevons la chaleur, et s'il y a contact, la forme, les mouvements et la résistance de ce corps.
(Ounous les sentons.)6.
Tel est le phénomène de la perception, et l'on voit que dans tous les cas il consiste à connaître certainsphénomènes des corps à l'occasion des impressions que ces corps font sur les organes de nos sens, et par suite surles nerfs et sur le cerveau.
Si le verbe sentir est employé comme synonyme de percevoir, pour l'odorat, le goût et letoucher, c'est par une raison qui sera expliquée tout à l'heure; mais la langue ne se prête pas à ce qu'on emploie ceverbe sentir pour désigner les perceptions de la vue et de l'ouïe.7.
Le phénomène de la sensation, très-souvent lié avec celui de la perception, est d'ailleurs tout à fait différent.Voici en quoi il consiste.En même temps que nous percevons l'odeur d'un corps, nous sentons l'impression faite par ce corps sur la membranepituitaire.En même temps que nous percevons le goût d'un corps, nous sentons l'impression faite par ce corps sur le palais.En même temps que nous entendons le bruit d'un corps, mais dans le cas seulement où ce bruit est violent, noussentons l'impression que ce bruit fait sur l'oreille..
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