Des mots sur la mort
Publié le 14/11/2012
Extrait du document
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des conséquences de ce qu'il fera - car elles ne concernent qu'un court terme événementiel.
Puisque nous sommes dans cette société du déni de la mort, où cette dernière n'existe quasiment
pas, elle prend une dimension "expérimentale" : tester ce qui est étranger, avec lequel on a une telle
distance, ce dont on parle peu ; la mort est si éloignée de nos idées - à cause de notre qualité de vie
- qu'on finit par en acquérir un certain isotropisme : Dans les accidents automobiles qui arrivent
chaque jour, il serait douteux de penser qu'ils sont tous involontaires : "Là-dedans, il y a des vicieux,
il y a des gens qui vont vraiment dans l'arbre".
Ce n'est pas par une conduite purement délibérée,
mais quelque chose d'insinué dans la façon d'agir, dont on ne se rend pas forcément compte : on
roule vite, on double sans faire bien attention, on colle l'automobiliste d'en face, parce qu'il nous a
agacé et caetera.
Il existe certains moments où nous sommes tendus entre cet instinct de mourir et
la probité du désir d'exister, tant et si bien que l'un et l'autre finissent par se mélanger dans une
alchimie temporaire.
Car moins l'être humain a de problèmes, plus il a cette envie de mettre de
l'agitation dans sa placidité quotidienne, c'est la raison pour laquelle on retrouvera plus souvent ce
comportement chez les gens avec un niveau de vie convenable, qui n'ont pas de vrai problème avec
leur qualité de vie, ou leur quotidien, ils le font avec cet état d'esprit.
Car dans son inconscient,
l'Homme a besoin d'un "quota difficulté".
Car plus il est éloigné des "troubles passés", plus il en a un
appétit (et quelqu'un qui a toujours peur des difficultés alors qu'il est dans un quotidien "tranquille" ne
cherchera pas à s'en créer : il n'a pas pris encore assez de distance avec ces dernières, elles lui
sont toujours très proches, cet isotropisme ne se manifeste que quand tout est bien, et rien de notre
qualité de vie est menacée / car il suffit qu'elle soit menacée pour que l'instinct de la sauver s'active,
et il n'est plus question de prendre des risques à ce moment là).
Il y a une double identité dans ce
que l'Homme pense de son quotidien, et cela dépend de la façon dont il se sent confortable dans sa
vie.Ce que je veux dire, c'est que la mort n'agit pas comme une force unie : elle est dans l'esprit
humain quelque chose qui a plusieurs formes.Nos inspirations morbides (dépressions, etc) nous
viennent d'un défaut de l'activité cérébrale, l'Homme n'est pas censé vivre toute sa vie avec ce
fardeau émotionnel de la certitude de sa mort, il fait le nécessaire pour ne pas y penser, dans un
sens, il se ment, pour mieux vivre.
Il ne veut que la vie, mais une légère introspection nous fait
comprendre qu'une vie éternelle sans mort a quelque chose d'inacceptable, puisque l'essence même
finirait par être pesante : il n'y aurait plus d'issue ! Donc il y a dans l'Humain ce désir latent de mourir,
cette volonté d'accepter la mort malgré toutes les difficultés qu'elle incarne dans le fait de se retirer
de sa vie et de ne plus pouvoir jamais profiter de certaines choses.
En réalité, cette vision des
choses est distordue, car l'on a trop assisté à la mort de nos pairs, de gens après qui il y a eu un
délai temporel jusqu'à notre propre mort, on est en droit de se dire "il ne pourra plus jamais aller
pêcher", mais comme en tant que mort, le sujet n'est plus pensant, il est absurde de voir la mort
comme un détachement de la sorte.
La vraie idée de la mort est qu'elle cadre la vie dans une
période temporelle, l'humain doit se donner la capacité d'achever ses objectifs, car la vie est une
occasion devant l'éternité, elle doit être exploitée à son maximum.
De cette vision, l'acte de suicide
est surtout une impatience devant une souffrance : l'impatience de régler ses problèmes et d'éviter
de souffrir "plus longtemps".
Un suicide est à mon sens une vie gâchée malgré elle.
Comme la vie
permet un champ d'action, sa seule utilité consiste à être complétée par des objectifs, d'où le désir
de "réussir sa vie", pour mieux accepter sa mort.Parce que la mort d'un autre et notre propre mort
sont des événements rigoureusement différents malgré la nature similaire qu'ils revêtent.
Les deux
phénomènes obéissent à des modalités différentes dans le ressenti humain, en conséquence, il y a
une solution différente à un problème différent.
En réalité c'est l’existence qui angoisse l'homme pas la mort..
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