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Démosthène

Publié le 22/02/2012

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La question reste posée s'il fut des successeurs de Périclès, le plus digne le plus opiniâtre, le plus infortuné aussi, ou s'il faut le tenir pour un partisan anachronique de la primauté d'Athènes parmi les villes grecques, nettement dépassé par son temps et l'histoire. Plutarque l'a célébré par une série d'anecdotes touchantes : tout le monde connaît l'épisode de ses difficultés d'élocution et de la petite pierre grâce à quoi il parvient à les surmonter. De famille riche mais orphelin de bonne heure, il est dépouillé par ses tuteurs, et ce sera l'occasion de ses débuts dans l'éloquence judiciaire, qui ne donnent point de résultat concluant : il ne récupère pas son héritage. Bafouillait-il effectivement ? On peut imaginer plutôt que, attiré par le prétoire et ses procès, avocat de race, il va s'efforcer de s'aguerrir par le geste, les attitudes, tout cet ensemble d'accessoires de l'éloquence qui plaisent plus que l'argumentation rigoureuse, la fermeté et l'élan. Toujours est-il que Démosthène, dès la trentaine, aborde la politique : et son grand adversaire sera Philippe de Macédoine, bien plus dangereux que les Spartiates attaqués dans le discours "pour les mégalopolitains" ; Philippe qui, lui, avait quelque idée de l'unification du pays, plus accordée aux temps nouveaux (à son bénéfice, il est vrai). Chef du parti patriote, qui avait le gouvernement d'Athènes en main, Démosthène s'en prendra violemment au Macédonien dans les Philippiques (-351-340) et dans les Olynthiennes (349-348) : Olynthe était une ville dont Athènes recherchait l'appui contre les entreprises de Philippe. L'alliance de Thèbes viendra par surcroît, mais elle ne suffira point à obtenir la victoire : la bataille de Chéronée sonne le glas de la puissance athénienne. La rivalité avec Eschine desservira par la suite Démosthène : la couronne d'or que Ctésiphon veut faire décerner à l'orateur fameux provoque un long débat (-330), où Démosthène finit par l'emporter, mais temporairement ; impliqué dans l'affaire d'Herpale, trésorier d'Alexandre parti avec la caisse et réfugié à Athènes, Démosthène lui-même devra s'exiler. C'est que Philippe disparu, l'hostilité d'Alexandre se révèle plus farouche que l'autre… Alexandre mort, Démosthène rentre triomphalement.

« DÉMOSTHÈNE 384-322 av.

]-C D ÉMOSTHÈNE appartient autant à l'histoire qu'à la littérature.

Orateur politique, chef de parti, c'est à ce double titre qu'il a pris place dans la galerie des héros de Plutarque et qu'il incarne aux yeux des modernes, parmi les vicissitudes qui ont bouleversé le monde hellénique dans la seconde moitié du Ive siècle, la résistance de la Grèce à l'impérialisme macédonien.

Démosthène est un Athénien du dème de Paiania.

Né en 384, av.

J.-C., orphelin à sept ans, il connut en atteignant sa majorité les épreuves d'un riche héritier que ses tuteurs avaient dépouillé.

Obligé de plaider contre eux, il se mit en état de soutenir lui-même sa cause et, pendant deux ou trois ans, il s'initia sous la conduite d'Isée à l'étude des lois et aux procédés de la dialectique.

Nous pouvons lire encore les plaidoyers qu'il prononça lorsqu'en 363 son affaire fut appelée devant le tribunal et qui lui firent gagner son procès, sans lui permettre de recouvrer pourtant la totalité de son patrimoine.

En s'instituant logographe il avait trouvé sa voie et, dans les années qui sui­ virent, il fit métier pour le compte des autres de l'art auquel il s'était formé.

De cette époque datent plusieurs plaidoyers civils qui nous ont été conservés.

Sa maîtrise s'affirme, étayée sur la solide culture intellectuelle qu'il s'est donnée par la lecture et sur la science de l'action oratoire qu'il acquit au prix d'une lutte acharnée contre certains défauts de sa nature.

De plus en plus, d'ailleurs, il abandonne les causes privées pour plaider d'importants procès politiques.

En 354, il prononce sa première harangue à la tribune de l'Assemblée : le discours sur les Symmories, où il présente un plan pour la réorganisation de la marine de guerre en vue de défendre les intérêts athéniens menacés en Thrace par l'expansion macédonienne.

Alors commence véri­ tablement sa carrière d'homme public, qui se partagera en trois « moments »distincts.

Il sera tout d'abord et pendant près de quinze ans un orateur d'opposition.

Il s'efforcera d'ouvrir les yeux de ses concitoyens sur la politique cauteleuse de Philippe, qui travaille à donner à son pays un libre accès à l'Égée et qui évince progressivement les Athéniens de leurs positions en Chalcidique, risquant de couper à leur commerce la route du blé.

Partisan de la fermeté, Démosthène, quand il ne s'adresse pas à une opinion égarée, se heurte à la veulerie de ses compatriotes, qui répugnent de plus en plus à servir eux-mêmes dans l'armée et la marine, aussi bien qu'à acquitter les contri­ butions nécessaires à solder les mercenaires auxquels ils ont pris l'habitude de faire appel.

Soutenu seulement par quelques hommes, il s'emploie, dans la Première Philippique (35 1) et dans les Olyn­ thiennes (349 et 348), à réveiller sa patrie engourdie.

Un moment soulevés au lendemain de la chute d'Olynthe, clef de la Chalcidique, les Athéniens se laissèrent convaincre en 346 de traiter : Démosthène, lui-même, sentant la cause perdue, fit partie avec son rival Eschine de deux ambas­ sades successives envoyées auprès de Philippe et d'où devait sortir la paix.

Celle-ci se révèle un leurre pour Athènes et, trois ans plus tard, l'orateur accusera Eschine d'avoir trahi au cours des négociations menées avec le roi et lui demandera compte de cette paix désastreuse dans son discours sur l'Ambassade infidèle.

Mais, pour le moment, il s'efforce de calmer la colère impuissante du peuple et, dans sa harangue sur la Paix, il conseille d'accepter le fait accompli.. »

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