Deleuze et la littérature
Publié le 31/01/2016
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Deleuze et la littérature Si Deleuze a, dans Le pli. Leibniz et le baroque analysé la philosophie de Leibniz par le processus de la clinique et mis au jour le propre du baroque et le caractère infini du pli - dans la philosophie leibnizienne, baroque, tout semble pouvoir se plier, se déplier et replier – c’est cependant en reprenant l’initiative kantienne d’une critique de la pensée que Deleuze a théorisé et développé, à l’aide de la littérature, l’idée d’une clinique de la pensée. En effet, l’art, chez Deleuze, permet de penser l’événement sensible, il permet le rapport ente signe et pensée. En quelque sorte, comme chez Hegel, la création artistique est envisagée comme la « manifestation sensible d’une idée », manifestation à laquelle il s’agit néanmoins d’assigner une méthode, en effectuant une analyse clinique, qui permet ensuite de déterminer la pensée comme création. Il s’agit alors, de définir le rôle assigné par Deleuze à la littérature, d’une part de par la théorie des signes, et d’autre part par la critique de la normalité. L’art, pour Deleuze, participe autant que la philosophie et la science, à la création de pensée, mais leurs champs, méthodes, processus, restent cependant indépendants, et étrangers l’un à l’autre. La littérature s’avère alors être support de la philosophie pour procéder, tel que l’a fait Kant, à une critique de la raison. Avec l’étude des œuvres de Proust, Artaud, Michaux, Kafka… Il y a une similitude entre la littérature et la philosophie comme création de pensée qui se révèle. Deleuze va avec sa clinique de la littérature élaborer la critique du fonctionnement de la pensée créatrice. Il envisage par ailleurs la littérature comme étant elle-même une pensée, mais non-dialectique, à la différence de la philosophie : la pensée philosophique est créatrice de concepts, et trouve sa raison d’être dans un « devenir » de la pensée.

«
philosophie comme pensée en devenir, ce qui s’oppose à la conception selon laquelle la
philosophie est « recherche de la vérité ».
A la suite de Nietzsche, Deleuze va théoriser l’id ée de l’artiste « médecin de la
civilisation » : à l’art se trouve désormais assign é une fonction critique et clinique
d’appréhension des affects, mais également d’interp rétation.
La théorie des signes est aussi
une symptomatologie.
Pour Deleuze, le rapport entre art et clinique est manifeste dans la
symptomatologie.
La question du normal et du pathologique est abordé e par les analyses de Kafka, Beckett et
Artaud.
Du monstrueux qui affleure dans La métamorphose, à l’absurdité prégnante dans Fin
de Partie , l’anomalie caractérise ce que Deleuze nomme le « devenir-animal », bien que
l’anomal soit aussi ce qui constitue, d’une certain e manière, les concepts de normativité et de
normal.
La prise de conscience d’un possible deveni r-animal nous projette dans le possible
d’une transformation, c’est-à-dire dans une sorte d e métaphysique du devenir.
La marginalité
sociale (chez Kafka), la psychose (chez Artaud), pe rmettent par la symptomatologie la mise
au jour des modes de subjectivation, laquelle insta ure précisément la conception deleuzienne
du rapport entre art et clinique.
La critique clini que révèle le caractère anomal de l’artiste, et
révèle la fonction symptomatologique de l’art.
Deleuze semble s’intéresser à ces auteurs préciséme nt parce qu’il attribue une fonction
clinique à l’art, ici la littérature, et celle-ci p ermet de lire également la psychose, ne reléguant
plus la faculté de diagnostic à la seule médecine o u à la seule psychiatrie.
L’artiste lui-même
permet de poser un diagnostic, car l’art est désorm ais envisagé sous l’analyse clinique.
La fin de l’art consisterait ainsi à explorer nos p sychés en évitant la posture moralisatrice ou
accusatrice, mais en rendant accessible aux affects la question de l’anomal et des marges.
Ces auteurs représentent des figures marginales, et leurs œuvres illustrent la fonction clinique
de l’art.
En ce sens, Sacher-Masoch est présenté pa r Deleuze en premier lieu comme un
écrivain, et non comme un pervers.
De même, Artaud illustre la psychose, la folie, Kafka
illustre la marginalité sociale… Deleuze envisage d onc la littérature comme une clinique qui
vient compléter la médecine parce qu’elle se joue a u niveau d’une symptomatologie de la
réalité, c’est en ce sens qu’il faut entendre l’idé e de « l’artiste-médecin ».
Mais au-delà de la dimension psychiatrique, psychan alytique, se joue une dimension
politique : les normes sociales chez Kafka, sont mo ntrées telles que les agents de ses romans
sont en lutte contre des institutions, réelles ou f antasmées, l’individu est pris dans un devenir
auquel il ne semble pouvoir échapper.
Une fonction politique de l’art semble alors émerger, et
semble compléter la dimension critique de la cliniq ue.
La littérature, chez Deleuze, interroge la philosop hie et est créatrice de pensée.
Mais
Deleuze ne confond pas art et philosophie : la phil osophie est première pour traiter les
problèmes de l’art, tandis que l’art se suffit à lu i-même, en quelque sorte.
Les signes sont ce
qui permet la sensation.
Il ne s’agit pas d’interpr éter, au sens où la philosophie aurait pour
tâche de rendre compte d’un imaginaire ou d’un syst ème symbolique propre à l’auteur, mais
de capter les signes comme relevant d’un moyen de t ransition du sens vers la sensation.
La
philosophie de la littérature deleuzienne s’est don né pour tâche de prendre comme support la
littérature, en ce que sa critique clinique, perme t l’émergence de l’idée de pensée créatrice
mais permet également une critique de la philosophi e elle –même..
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