De quoi dépend la conscience humaine ?
Publié le 22/08/2005
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La conscience est la relation immédiate (sensation) ou médiate (réflexion) qu'un être est capable d'établir avec le monde ou avec lui-même. Il y a un grand nombre de formes différentes de conscience — et la réponse à la question posée devra tenir compte de cela.
La conscience est une fonction d’attention au réel, c’est ce qui nous permet de recevoir dans notre esprit les choses du monde extérieur. Directement associée à la faculté de pensée, la conscience est ce qui distingue généralement l’homme de l’animal. En effet, la conscience humaine est d’abord la conscience de soi en tant qu’être conscient, tandis que les animaux ne disposent pas de cette réflexivité de la pensée sur eux-mêmes.
Est-ce à dire que la conscience humaine est absolument autonome et indépendante de toute extériorité ? Il semble qu’au contraire, la conscience soit l’objet d’influences et de déterminations diverses, qu’il s’agit d’étudier ici.

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1) La société nous donne des cadres à l'intérieur desquels notre conscience peut se déployer : la langue (quidétermine une bonne part de nos représentations), les lois, les coutumes.
Bergson ( Essai sur les données immédiates de la conscience ) souligne que le langage, l'avis des autres, nos influences socioculturelles peuvent modifier la conscience que nous avons des choses sensibles.
Ainsi, on peut setromper sur le caractère d'une sensation éprouvée à cause de ce que l'on nous en a dit : par exemple, trouver unmet exquis parce qu'on nous en a persuadé, alors que dans un contexte différent, sans l'avis de personne, nousaurions fait état de sa fadeur.
Pour Bergson, le langage est donc susceptible de s'interposer entre ma sensation etma conscience.
La conscience, ouverte à toute influences, tant sensibles qu'intelligibles, est donc soumise au risqued'être mal informée.
2) La présence d'autrui est indispensable : la conscience d'autrui est inséparable de la conscience de soi : c'est aucontact de l'autre que chaque soi se forge.
En outre, sans cette dimension — l'autre —, l'aspect moral de laconscience (conscience morale) n'aurait évidemment plus lieu d'être.
Si la conscience apparaît à elle-même comme fondement unique, c'est pour jouer un rôle d'unificateur.
En effet,c'est elle qui organise les informations, et en assure l'unité, mais pour cela, il faut qu'elle soit renseignée par autrechose qu'elle-même, d'où la présence nécessaire d'une extériorité : les objets du monde qui nous entoure, maisaussi les pensées et les activités humaines qui viennent nourrir notre conscience.
Il y a des choses qui sont perçues par la conscience de manière non sensible, mais intelligible.
Ce qui estscientifique par exemple est non perceptible et ne peut être éprouvé.
La structure de l'atome est quelque chose quel'on ne pourra jamais percevoir, et pourtant, les scientifiques en ont pris conscience par la recherche théorique et lecalcul scientifique.
Nous pouvons également prendre conscience choses abstraites (la justice, la liberté, etc.).
Onpeut en conclure que la conscience peut aussi être renseignée par notre expérience intellectuelle, notre pensée etnotre réflexion.
C'est pour cela que l'on peut parler de « conscience morale », en tant que réflexion intérieurerenseignée par la pensée (de soi-même et d'autrui).
III.
Le psychisme même
La conscience n'est pas une réalité faite une fois pour toutes, mais une activé, un processus, un dynamisme.
Noussommes en grande partie ce que nous avons été — cela signifie que notre conscience dépend aussi de ses propresformations antérieures.
Chaque âge, chaque étape de notre existence laisse des sédiments psychiques (souvenirs,désirs refoulés, actes accomplis, projets réalisés ou avortés, etc.) qui constituent le fondement, la fondation mêmedu présent.
La conscience est une activité psychique dépendante de la volonté du sujet conscient.
Chaque être humain estpour partie responsable de ce dont il a conscience.
Pour Husserl, avant de percevoir, il faut que la conscience aitune « visée intentionnelle », c'est-à-dire qu'il faut viser quelque chose pour l'atteindre (ex : de même qu'il fautregarder un objet pour le voir).
Pour prendre conscience de quelque chose, il faut donc une intention préalable de lapart de la conscience, afin qu'elle se dirige vers l'extérieur et saisisse ce que lui offrent la sensation.
Parconséquent, pour être renseignée, la conscience doit d'abord procéder d'une intentionnalité, c'est-à-dire opérer unlien a priori du sujet à l'objet.
En outre, l'expérience nous montre que notre conscience dépend de notre vécu.
Quelqu'un qui a souffert de lamaladie possède une conscience plus aigue de la souffrance des personnes malades qu'une personne qui a toujoursété bien portante.
La conscience s'alimente donc au fil de notre vie de l'ensemble de nos vécus.
On peut alorspenser que plus l'on accumule d'expérience, plus notre conscience s'aiguise et s'épanouie.
Ne dit-on pas que lesenfants sont souvent inconscients ? La conscience relève donc d'un apprentissage.
Il y a une formation de laconscience.
Ainsi, il apparaît par exemple que on peut apprendre à prendre conscience de certaines choses qu'on nepourrait remarquer si on n'avait pas acquis une certaine science dessus.
(Ex : le médecin peut voir une fracture surune radiographie, qu'un individu non instruit en médecine ne peut remarquer).
Conclusion :
La conscience humaine dépend donc de trois séries de conditions : physiques, sociales et psychiques.
Cela nesignifie pas toutefois qu'elle s'y réduise : mais sans elles, elle ne serait tout bonnement pas.
La conscience est ouverture, attention au réel, et par conséquent elle a besoin d'informations extérieures pours'exercer, qui sont en premier lieu données par les sensations, mais également par le milieu dans lequel vit le sujetconscient et enfin par l'expérience intellectuelle elle-même.
La conscience dépend donc des sens qui luitransmettent les objets extérieurs, des aspects socioculturels, géographiques, historiques, etc.
qui l'influencent, etde la pensée, qui alimente toute conscience humaine..
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