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De quelle liberté le sujet est-il capable ?

Publié le 22/02/2012

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« De quelle liberté le sujet est-il capable ? » : une telle question ne peut se poser que si le sujet a fait l'expérience de rencontrer une contrainte ou un obstacle inattendus là où il pensait vouloir et pouvoir sans encombres. Notons le caractère très courant de telles expériences, particulièrement durant le temps de la jeunesse, alors que, sans expérience éprouvée du monde et de soi-même, on ne sait pas encore forcément évaluer ce dont on est capable. (Ici, illustrer ad libitum.) Dans le cas d'une telle expérience, le sujet se demande alors s'il jouit réellement ou non des capacités dont il se croyait le détenteur et surtout se demande ce qu'il en est de sa liberté : est-il bien libre et déterminant, comme il l'avait supposé et comme la voix publique ne cesse de le lui dire, ou bien est-il déterminé ? A-t-il réellement quelque capacité que ce soit ou bien aucune ? Et si capacité il y a, celle-ci est-elle de l'ordre du simple potentiel ou bien est-elle une puissance effective toujours disponible à volonté ? La liberté, enfin, est-elle un état donné, prédéterminé, accordé à l'avance par les lois, par exemple, ou par autrui, état à rejoindre s'il n'était pas avéré, ou bien n'est-elle pas plutôt une action à produire et inventer, un acte de libération ? Les enjeux de la question touchent à la connaissance que le sujet peut prendre de lui-même, des pouvoirs qui sont à sa disposition et des limites que rencontrent éventuellement ces pouvoirs. Tous les domaines de la théorie et de l'action sont concernés : du pouvoir théorique de connaître au pouvoir pratique d'agir tel que peut l'entendre et l'encadrer une législation éthique, juridique et politique.

« a.

Un sujet volontaire : la volonté est en lui la faculté la plus parfaite.b.

Un sujet juge rationnel et raisonnable: le libre arbitre suppose toujours l'exercice d'un jugement.

La liberté pleineest la faculté positive de se déterminer par le jugement.

Sans jugement, la liberté reste à son plus bas degré, àl'indifférence irrésolue qui se contente d'apercevoir des possibles sans savoir lequel elle devrait juger le meilleur,impuissante ainsi à trancher.

La volonté donne au sujet le pouvoir d'examiner les possibles pour en pénétrer lanature de sorte que le choix entre eux puisse être éclairé et prononcé dans un jugement sur l'option d'actionappréciée comme la meilleure par la raison.

Conséquence importante : l'erreur, le défaut de jugement, l'incertitude,l'irrésolution, sont dans le sujet imputables à l'insuffisante application de sa volonté. c.

Un sujet responsable : de l'application qu'il donne à sa volonté et des emplois qu'il fait de son libre arbitre.

C'est àla volonté du sujet qu'est imputable son action. d.

Un sujet cause première de ses actes : la puissance infinie de la volonté donne au sujet la capacité d'être causepremière de ses choix.

S'il refuse, nie, choisit de résister, c'est volontairement, c'est par libre décision assumée.

Demême s'il choisit d'emboîter le pas ou d'affirmer.

Les décisions du sujet sont les siennes, lui sont personnelles et neviennent pas d'ailleurs que de lui, de son âme, cela en vertu aussi de l'indépendance métaphysique de l'âme telleque la comprend Descartes (l'âme est unie à un corps contraint d'obéir aux lois de la nature physique mais,réellement séparée de ce corps, elle n'est nullement contrainte par ces mêmes lois ; entre autres, elle a lapuissance de résister aux penchants du corps, si elle le veut.

L'âme est le siège de la volonté et de la penséepersonnelles et « Penser, c'est dire non » dira Alain.). e.

Un sujet compris comme créature à l'image de Dieu (si l'on suit les analyses cartésiennes jusqu'au bout). 3) Articulation Réserves et doutes : Sans nier sa cohérence et sa profondeur, la conceptualisation précédente dusujet, de ses capacités, de sa liberté définie comme libre arbitre et puissance infinie de résister à toute contrainteextérieure, épuise-t-elle cependant l'expérience qui est la nôtre lorsque nous déclarons vouloir, élire et exécuterlibrement?S'il est certain que le sujet est bien le déclarant lorsqu'il déclare vouloir librement, cette certitude s'applique-t-ellevraiment complètement à la connaissance de la cause qui ici est source d'action, décision, volonté ? Il pourrait sefaire que je me déclare la cause première et autonome de mes actes et décisions sans l'être en effet.

Comment lesujet est-il si sûr que la volonté qu'il applique est bien la sienne ou seulement celle de sa volonté raisonnable et deson âme, pas celle de ses passions et de son corps ? L'indépendance métaphysique de l'âme est-elle si certaine ? Etsi le moi n'était pas si sûrement que le pense Descartes « maître dans sa propre maison » (Freud) ? II) UNE CRITIQUE DU LIBRE ARBITRE On peut remettre en cause l'idée d'un sujet souverain au motif que l'homme « n'est pas un empire dans un empire »(Spinoza), ne déploie jamais en toutes circonstances qu'une puissance finie d'agir et, au lieu de bénéficier parressemblance de l'omnipotence divine, est de part en part régi par la nécessité naturelle.

La liberté conçue commelibre arbitre tiendrait alors davantage du préjugé que de la vérité et maintiendrait le sujet dans une illusionasservissante bien peu propice à ce que le sujet soit et agisse « par la seule nécessité de sa nature » (Spinoza). 1) Le libre arbitre est un préjugé. a.

La thèse a pu être soutenue par Spinoza (Lettre à Schuller LVIII) ; b.

Le libre arbitre est, selon Spinoza, davantage une représentation de l'imagination et de la connaissance par ouï-dire, affections et opinions (connaissance du premier genre, non réfléchie) qu'une vérité déductible de laconnaissance démonstrative et rationnelle (connaissance du second genre) sur laquelle seule le sujet humain peutasseoir son action et ses décisions s'il veut être et agir en accord avec sa nature de sujet humain.

Une pierre quiignorerait la cause qui la fait se mouvoir se croirait, elle aussi, libre et déployant une volonté infinie.c.

Le libre arbitre est en fait une fausse idée de la liberté reposant sur l'ignorance des causes réelles qui font agir etêtre le sujet.

Le sujet peut ainsi ignorer que quelque chose en lui veut à sa place lorsqu'il prétend vouloir infiniment.La volonté n'a rien de métaphysique.

Elle n'est assise que sur la puissance de désirer qui définit la tendance du sujetà, comme tout être de la nature, persévérer dans son être.

Or la puissance de désirer est aussi puissance de créerdes images et des représentations illusoires tant qu'elle ne se règle pas sur la raison et sur un désir de raison pluspuissant que le désir de rester dans l'illusion. 2) Le sujet n'est pas un empire dans un empire.. »

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