De l'idée de progrès en science
Publié le 12/11/2018
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Titre : De l'idée de progrès en science
INTRODUCTION
L'ouvrage de l'Américain Thomas Kuhn, intitulé \"La structure des révolutions scientifiques\" (1962) édité en 1970 à l'Université de Chicago et traduit en français en 1983 (Flammarion) contient un concept spécifique d'histoire des sciences par lequel il développe une conception non-cumulative du développement des sciences de la nature. Aborder un thème relatif au progrès de la science nous semble primordial pour mieux comprendre la logique contenue dans l'histoire des sciences et la philosophie de la connaissance. En effet, la science n'est digne d'être appelée comme telle si elle n'est pas progrès, c'est même son moteur principal ; d'où l'importance de l'analyse même de ce qu'est ce progrès dans le domaine de la science. L'activité scientifique est fondée généralementsur des traditions théoriques qui sont reconnues par la communauté scientifique, et qui laissent ouverts certains problèmes, sur lesquels porte toute recherche future. L'activité scientifique serait elle ainsi une simple soumission à un paradigme préétabli ou une rupture complète par rapport à ceci aboutissant à l'avènement d'un nouveau paradigme ?
Un paradigme rejoint l'idée d'un schème de compréhension, d'explication et surtout de représentation. Il oriente la recherche scientifique à la fois dans l'observation des faits réels et dans l'expérimentation.
Au début de son apparition, un paradigme est très limité tant en étendue qu'en précision, ce qui correspond à la période où les scientifiques inscrits dans la structure d'un paradigme donné se bornent à délimiter des faits correspondants, d'autres qui leur sont semblableset peuvent même l'ajuster, au besoin, lorsqu'ilss'aperçoivent que certains phénomènes ne sont pas entièrement sous son emprise. Au commencement, les hommes de science du XVIIIème siècle partaient de la pensée paradigmatique newtonienne. Cette situation est considérée comme meilleure, que celle qui a connu l'absence du paradigme, dans laquelle la dispersion et la contradiction des idées ont régné. L'avènement du paradigme aurait uni les esprits et donne au discours scientifique de la précision et de l'efficacité. Mais, la science ne reste pas longtemps à ce stade-là . Son développement implique nécessairement l'existence d'énigmes (des problèmes spécifiques qui ne cadrent pas tout à fait avec le paradigme régnant) que le paradigme en place n'arrive pas à expliquer. Et les savants qui restent prisonniers du paradigme défaillant n'auront jamais la possibilité de comprendre la nouvelle énigme. \"Le paradigme peut même tenir le groupe des chercheurs à l'écart des problèmes qui ont leur importance sociale mais ne sont pas réductibles aux données d'une énigme parce qu'ils ne se posent pas en termes compatibles avec les outils conceptuels et instrumentaux que fournit le paradigme\" stipule Kuhn. Il est donc nécessaire, si la science veut encore rester elle-même de remettre en question le paradigme incapable en place et de penser à le réajuster ou même le remplacer totalement.
«
Le paradigme en vigueur s'obscurcit profondément à force d'arriver à des énigmes incompréhensibles.
Le sentiment
croissant d'un groupe que ce qui existe devient invalide, qu'il ne répond plus aux besoins de la réalité présente, suivi
d'une crise intellectuelle ne permettent pas la transformation.
C'est la conviction d'un groupe plaidant pour le
changement et la persuasion qui permettent d'effectuer la transformation et donc le progrès.
«Donc, de toute
évidence, il faut bien qu'il y ait conflit entre le paradigme qui a permis d'apercevoir l'anomalie et celui qui fera d'elle un
phénomène conforme à la loi".
Ce changement de paradigme a des conséquences certaines qui se situent sur trois plans différents.
D'abord, il y a une
métamorphose conceptuelle dans la mesure où un changement de paradigme implique nécessairement la parution d'une
nouvelle fa çon de penseroù on donne aux concepts habituels des significations inhabituelles.
Ensuite, la
transformation normative dans laquelle l'image même de la science se voit remplacée sous le coup du changement de
paradigme.
On voit alors surgir de nouveaux problèmes et la disparition d'autres.
La question touche également le renouvellement
des méthodes et la structure des solutions et surtout le changement de la vision du monde.
Le passage à un nouveau
paradigme entraine nécessairement à une perception réellement nouvelle du monde.
Newton, Einstein et les autres
auteurs de paradigmes n'auraient pas vu, en fait, exactement le même monde.
Par ailleurs, l'interprétation de ce qu'on
voit est un phénomène habituel en science, mais qu'elle vient après la perception qui est, effectivement, différente en
passant d'un paradigme à un autre.
Ainsi, le contenu de la révolution historique est caractérisé nécessairement par une
pensée radicalement nouvelle par rapport à celle qui était en relation avec le paradigme précédent.
D'autre part, le
visage de la science elle -même change.
C'est dû au changement des normes et des lois scientifiques.
Dans ce cas,
Newton et Einstein auraient con çu différemment la physique.
Mais, la conséquence la plus originale est que la
révolution se conjugueavec une perception réellement nouvelle du monde.
Tout cela signifie, au fond, que la période
révolutionnaire est marquée par une rupture complète avec le passé, contrairement à la dimension de continuité de la
science normale.
CONCLUSION
Il est exposé dans ce projet une conception non-cumulative du développement des sciences de la nature.
L'activité
scientifique est fondée sur des théories qui sont reconnues par la communauté scientifique, et qui laissent ouverts
certains problèmes, sur lesquels porte la recherche ; une recherche qui n'est autre que l'élargissement de la portée
objective du paradigme en place.
Le développement de la science s'opère à deux niveaux : la science normale qui
consiste à travailler dans le cadre du paradigme, et à vérifier les prédictions qu'on peut dériver de celui -ci.
Cependant,
certains faits ou découvertes peuvent constituer des problèmes que celle-ci ne peut résoudre vu sa non-conformité au
paradigme.
Ces crises provoquent l'apparition de nouvelles théories destinées à fournir des instruments conceptuels
nouveaux qui permettent de mieux expliquer ces faits.
Ces changements conduisent à l'élaboration d'un nouveau
paradigme qui marque l'abolition du précédent.
Les périodes de crise où de nouvelles théories voient le jour constituent
les phases  de révolution en science.
Une révolution scientifique consiste ainsi en un changement d'ordre
paradigmatique.
Ce changement n'est nullement pas un processus cumulatif..
»
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