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De la sensation comme moyen de connaissance ?

Publié le 28/03/2004

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Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu'ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité, car il ne suit pas que ce qui est arrivé arrivera toujours de même. Par exemple les Grecs et Romains et tous les autres peuples de la terre ont toujours remarqué qu'avant le décours de 24 heures, le jour se change en nuit, et la nuit en jour. Mais on se serait trompé, si l'on avait cru que la même règle s'observe partout, puisqu'on a vu le contraire dans le séjour de Nova Zembla. Et  celui-là se tromperait encore qui croirait que c'est dans nos climats au moins une vérité nécessaire et éternelle, puisqu'on doit juger que la terre et le soleil même n'existent pas nécessairement, et qu'il y aura un temps où ce bel astre ne sera plus, au moins dans sa présente forme, ni tout son système. D'où il paraît que les vérités nécessaires, telles qu'on les trouve dans les mathématiques pures  et particulièrement dans l'arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir des principes qui ne dépendent point des exemples, ni par conséquent du témoignage des sens ; quoique sans les sens on ne se serait jamais avisé d'y penser. C'est ce qu'il faut bien distinguer, et c'est ce qu'Euclide a si bien compris, qu'il démontre souvent par la raison ce qui se voit assez par l'expérience et par les images sensibles. » Une seconde perspective possible consiste à accorder une certaine confiance aux données sensibles, mais à limiter leur application quant à la constitution de la connaissance, ou plutôt à limiter cette application, à la déclarer insuffisante : on a en effet besoin de principes rationnels pour fonder la connaissance, et ces principes ne nous sont pas donnés par nos sens mais par l'exercice de notre faculté rationnelle de compréhension. Les sens sont donc utiles pour constituer la connaissance - ils sont même nécessaires - mais ils ne sont pas suffisants, puisque la connaissance a deux composantes nécessaires : les données sensibles d'une part, leur généralisation en principes par la raison d'autre part.  3) Descartes, Méditations métaphysiques, sixièmes réponses aux objections « Quand donc on dit qu'un bâton paraît rompu dans l'eau, à cause de la réfraction, c'est de même que si l'on disait qu'il nous paraît d'une telle façon qu'un enfant jugerait de là qu'il est rompu, et qui fait aussi que, selon les préjugés auxquels nous sommes accoutumés dés notre enfance, nous jugeons la même chose. Mais je ne puis demeurer d'accord de ce que l'on ajoute ensuite, à savoir que cette erreur n'est point corrigée par l'entendement, mais par le sens de l'attouchement ; car bien que ce sens nous fasse juger qu'un béton est droit, et cela par cette façon de juger à laquelle nous sommes accoutumés dès notre enfance, et qui par conséquent peut être appelée sentiment.

Nous commençons par sentir, puis nous nous souvenons, puis nous jugeons et pensons. Le sentiment de ces opérations intellectuelles, issues des sensations, se complexifie au fur et à mesure qu'elles se déroulent. Mais, la pensée est un acte réflexif qui ne peut émaner que de la raison. La sensation ne permet d'accéder à ce degré de conscience sans lequel nulle connaissance n'est possible.

« Dans une telle perspective, les sens sont considérés comme fiables, et ils constituent le fondement de laconnaissance : par eux, nous appréhendons le monde sans nous tromper ; percevoir, c'est connaître adéquatement. Si un travail mental est nécessaire pour constituer une connaissance, ce n'est que pour ordonner les donnéessensibles, qui sont alors considérées comme le matériau de base de la connaissance. 2) Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain « Les sens, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles, nesont point suffisants pour nous les donner toutes, puisque les sens nedonnent jamais que des exemples, c'est-à-dire des vérités particulières ouindividuelles.

Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, dequelque nombre qu'ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessitéuniverselle de cette même vérité, car il ne suit pas que ce qui est arrivéarrivera toujours de même.

Par exemple les Grecs et Romains et tous lesautres peuples de la terre ont toujours remarqué qu'avant le décours de 24heures, le jour se change en nuit, et la nuit en jour.

Mais on se serait trompé,si l'on avait cru que la même règle s'observe partout, puisqu'on a vu lecontraire dans le séjour de Nova Zembla.

Et celui-là se tromperait encore quicroirait que c'est dans nos climats au moins une vérité nécessaire etéternelle, puisqu'on doit juger que la terre et le soleil même n'existent pasnécessairement, et qu'il y aura un temps où ce bel astre ne sera plus, aumoins dans sa présente forme, ni tout son système.

D'où il paraît que lesvérités nécessaires, telles qu'on les trouve dans les mathématiques pures etparticulièrement dans l'arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir desprincipes qui ne dépendent point des exemples, ni par conséquent dutémoignage des sens ; quoique sans les sens on ne se serait jamais avisé d'ypenser.

C'est ce qu'il faut bien distinguer, et c'est ce qu'Euclide a si biencompris, qu'il démontre souvent par la raison ce qui se voit assez par l'expérience et par les images sensibles.

» Une seconde perspective possible consiste à accorder une certaine confiance aux données sensibles, mais à limiterleur application quant à la constitution de la connaissance, ou plutôt à limiter cette application, à la déclarerinsuffisante : on a en effet besoin de principes rationnels pour fonder la connaissance, et ces principes ne nous sontpas donnés par nos sens mais par l'exercice de notre faculté rationnelle de compréhension.

Les sens sont doncutiles pour constituer la connaissance – ils sont même nécessaires – mais ils ne sont pas suffisants, puisque laconnaissance a deux composantes nécessaires : les données sensibles d'une part, leur généralisation en principespar la raison d'autre part.

3) Descartes, Méditations métaphysiques , sixièmes réponses aux objections « Quand donc on dit qu'un bâton paraît rompu dans l'eau, à cause de laréfraction, c'est de même que si l'on disait qu'il nous paraît d'une telle façonqu'un enfant jugerait de là qu'il est rompu, et qui fait aussi que, selon lespréjugés auxquels nous sommes accoutumés dés notre enfance, nous jugeonsla même chose.

Mais je ne puis demeurer d'accord de ce que l'on ajouteensuite, à savoir que cette erreur n'est point corrigée par l'entendement, maispar le sens de l'attouchement ; car bien que ce sens nous fasse juger qu'unbéton est droit, et cela par cette façon de juger à laquelle nous sommesaccoutumés dès notre enfance, et qui par conséquent peut être appeléesentiment......néanmoins cela ne suffit pas pour corriger l'erreur de la vue, mais outre celail est besoin que nous ayons quelque raison, qui nous enseigne que nousdevons en cette rencontre nous fier plutôt au jugement que nous faisonsensuite de l'attouchement, qu'à celui où semble nous porter le sens de lavue ; laquelle raison n'ayant point été en nous dès notre enfance, ne peutêtre attribuée au sens, mais au seul entendement ; et partant, dans cetexemple même, c'est l'entendement seul qui corrige l'erreur du sens, et il estimpossible d'en apporter jamais aucun, dans lequel l'erreur vienne pour s'êtreplus fié à l'opération de l'esprit qu'à la perception des sens.

» Une troisième perspective peut se montrer plus soupçonneuse à l'égard des sens, et attire l'attention sur l'existenced'illusions sensibles, et donc sur le risque d'erreurs pour toute connaissance qui prétendrait se constitueruniquement sur la base des données sensibles.

Ce ne sont alors que les données sensibles revues et corrigées par laraison qui pourraient prétendre à entrer dans la constitution de la connaissance – plus encore, c'est le jugement quidevient l'instance première dans cette constitution, les données sensibles en sont disqualifiés en raison du risqued'erreur qu'ils comportent.. »

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