De la généralisation ou de l'abstraction, quel est l'acte premier constitutif du concept ?
Publié le 27/01/2012
Extrait du document
Nous commençons forcément toute connaissance par la perception. Aussi les discussions ont-elles porté sur cette première connaissance perceptive, les associationnistes Locke, Condillac, Hume essayant de montrer que la perception est toujours singulière, c'est-à-dire connaissance de l' individuel, les rationalistes et idéalistes (Descartes et Kant quoiqu'à des points de vue différents) montrant que nous percevons le général dans l'individuel, la forme dans le concret, le type dans les caractères particuliers....
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En fait, nous pouvons constater que nous généralisons facilement
nos perceptions et notre expérience du moment.
Cette généralisation
vient-elle d'une association par ressemblance et de la convergence de tout les cas semblables, ou bien d'un effort de discrimination
préalable pour percevoir la structure généralisable de l'expérience actuelle?
1 D semble bien • dit Bergson dans • Matière et Mémoire •, 1 que nous ne débutions ni par la perception de l'individu ni par la conception du genre, mais par une connaissance intermédiaire, par un sentiment confus de qualité marquante ou de ressemblance : ce senti ment, également éloigné de la généralité pleinement conçue et de
l'individualité nettement perçue, les engendre l'une et l'autre par voie de dissociation •.
S'il
n'y a certainement pas une généralisation préalable (de quoi
serait-ce en effet la généralisation sinon de l'expérience), il y a du moins une association par ressemblance qui est préalable.
• Ce n'est qu'après avoir vu la ressemblance que présentent divers triangles
(scalènes, équilatéraux, rectangles ou isocèles) que nous formons
l'idée générale de triangle • écrit William James.
Si l'on veut éviter cet exemple où l'éducation joue un grand rôle, donnons celui de l'enfant qui appelle d'abord tous les hommes • papa • parce qu'on a associé le son • papa • à une silhouette masculine et qu'il est capable de distinguer les silhouettes masculines, et de les différencier de la.
figure maternelle par exemple.
Mais dans tous ces exemples,
nous avons une image générique et non pas une idée générale.
Le
langage nous empêche ici de poursuivre une analyse sérieuse, car notre • expérience • pendant l'enfance consiste à associer des mots avec des choses ou des actes, sans qu'il y ait l'initiative de la discrimination.
C'est dans la création même du concept, qu'il faut se placer pour comprendre ; c'est-à-dire dans l'acte de nommer, qui suppose l'abstraction et la généralisation.
On s'aperçoit aiors qu'il y a d'abord une qualité remarquée.
L'acte premier est l'acte d'attention et l'attention est discriminative par nature.
Cette décomposition d-e l'objet en qualités s'aide incessamment de l'évocation des expé riences semblables.
Cela suffit à l'idéation élémentaire qui nomme
des qualités et crée des attributs.
Mais le contenu du concept est autre chose, c'est la définition par le caractère essentiel (tel qu'il est compris au degré de développement de la connaissance à telle
époque).
L'analyse cesse alors d'être une décomposition pour devenir une analyse orientée par l'idée générale qui est visée d'une essence.
Le véritable concept est substantif.
Cette analyse ne peut qu'être abstractive dans son mouvement de recherche et généralisatrice
dans son mouvement de vérification.
Entre l'enfant qui définit la vie par la mobilité ( • c'est vivant parce que ça bouge »),et le biologiste
moderne qui la définit par l'organisation et l'autorégulation (Driesch), il y a, au cours d'une même visée de l'essentiel, un progrès dans
l'abstraction, vérifié par une validité de la généralisation.
Il semble
donc que l'abstraction et la généralisation se prêtent un mutuel.
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