David HUME: Rien ne parait plus surprenant a ceux qui contemplent les choses humaines
Publié le 06/04/2005
Extrait du document
1) Un paradoxe : le grand nombre se soumet facilement à un petit nombre chefs. 2) Explication de ce paradoxe : Cette « humble soumission « est due en dernière analyse : — non pas à la force des chefs (les sujets, étant plus nombreux, sont toujours virtuellement les plus forts) ; — mais à l'opinion qui soutient le pouvoir des chefs (en faisant accepter des sujets le chef comme chef). Deux exemples illustrent cette analyse.
«
« penchants » : les sujets sacrifient ce qu'ils ont de plus intime, de plus propre à eux même, ce qui rendl'observation d'autant plus étonnante.
II : La déduction d'une cause.
1) d'abord, un constat : ce n'est pas la force.
Cela était déjà suggéré par la disproportion entre le grand etle petit : »les sujets sont toujours plus forts » par ce que, quantitativement, le « grand nombre » estsupérieur au « petit ».
2) L'opinion est présentée comme l'alternative au rapport de force.
Cela présuppose que l'opinion n'a pas derapport avec la force physique ou qu'ils sont assez faibles pour que l'opinion puisse inverser les rapports deforce physique dans la relation de pouvoir.
3) Que vaut cette déduction ? Elle repose sur le fait que l'opinion est présentée comme la seule autresolution possible.
Pourquoi ? La force et l'opinion ont en commun le fait de déterminer une position dans les« choses humaines », l'une dans l'échelle des forces, l'autre dans l'échelle des valeurs ou par rapport auxautres opinions.
Si on cherche la cause de la position de soumission du grand nombre au petit, ce ne peutdonc être que l'opinion.
III : Le fondement de la politique.
1) Tout gouvernement est fondé sur l'opinion.
L'idée que le fondement du pouvoir est l'opinion des sujets estd'ordre universel, elle est sensée s'appliquer à tous types de gouvernements, même ceux qui semblent fondéssur la domination violente par la force, comme la tyrannie.
2) L'énumération des types de gouvernements montre que tout peut se justifier en manipulant l'opinion dessujets.
On est proche d'une conception machiavélienne du pouvoir : le souverain n'a de pouvoir qu'ens'appropriant l'opinion du peuple.
3) Le regard détaché que porte Hume semble relativiste par ce qu'il rapporte toutes les formes degouvernement à un seul fondement.
Conclusion :
Hume donne ici un regard critique sur le pouvoir : celui-ci est fondé sur l'opinion des sujets.
Il se dégage de touteapproche normative, il ne dit pas ce qui serait bien ou mal, et il donne le même fondement à tous les types degouvernements.
Mais c'est justement ce type d'esprit critique qui permet à une réflexion normative d'être plusclairvoyante.
HUME (David). Né et mort à Edimbourg (1711-1776).
Il fut quelque temps commerçant à Bristol, voyagea en France et vécut à La Flèche.
En 1748, il visita l'Autriche etl'Italie, puis devint bibliothécaire de la Faculté des Avocats à Edimbourg.
Il accompagna l'ambassadeur anglais àParis en 1763, et y fréquenta les milieux philosophiques et littéraires.
Il rentra en Angleterre, accompagné deRousseau, qui le quitta rapidement.
Sous-secrétaire d'État, Hume se retira à Edimbourg en 1769.
Les influencescapitales subies par sa pensée furent celles de l'empirisme de Locke et de l'idéalisme de Berkeley.
Hume estempiriste : il prend pour base de son étude philosophique l'observation et l'expérimentation.
Il rabaisse l'idée deraison et ramène le principe de causalité à des liaisons d'idées que l'accoutumance, l'habitude et la répétition ontrendu si fortes qu'elles nous semblent nécessaires.
Il se livre à une description psychologique des processus del'accoutumance.
Mais il distingue l'induction de l'accoutumance, de même qu'il distingue l'inférence causale et leraisonnement démonstratif.
Nous ne pouvons avoir aucune certitude en ce qui concerne l'avenir des loisscientifiques.
Un corps est un groupe de sensations; le moi est mie suite d'états de conscience.
Il n'existe desubstance ni matérielle ni spirituelle.
Hume détrône la raison abstraite et ramène à l'échelle humaine l'entendementhumain.
Son phénoménisme absolu le conduit au scepticisme en matière religieuse.
Oeuvres principales : Traité de la nature humaine (1739), Essais moraux et politiques (1741), Essai sur l'entendement humain (1748), Enquête sur les principes de la morale (1751), Histoire de Grande-Bretagne (1754-1761), Histoire naturelle de la religion (1759), Dialogues sur la religion naturelle (publié en 1777), Essai sur le suicideet l'immortalité de l'âme (publié en 1779)..
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