David HUME: Des limites de la pensée
Publié le 05/04/2005
Extrait du document
«
ou deux propositions dont l'un(e) nie ce que l'autre affirme.
En dehors des affirmations contradictoires, la penséepeut s'élancer dans tous les champs et s'emparer de tout.
Donc elle semble illimitée.
Rien ne borne la penséehumaine.
Pourtant, la seconde partie va démontrer le contraire.
B.
SECONDE GRANDE PARTIE : « Mais [...] matériaux »
La seconde partie développe l'idée que la pensée est en réalité bornée par la sensibilité.
Après avoir, dans unepremière sous-partie (« Mais [...] expérience ») souligné la limitation de la pensée, Hume, dans la seconde (« Quand[...] familières ») s'appuie sur un exemple pour renforcer son raisonnement.
Enfin, dans la troisième sous-partie («En un mot [...] matériaux »), il aboutit à la conclusion générale du texte : toute connaissance procède de lasensibilité, du fait de recevoir des excitations internes ou externes.
a) Première sous-partie : « Mais [...] expérience »Les termes de sens et d'expérience jouent un rôle important.
Le premier renvoie à cette fonction nous permettantd'éprouver des sensations diverses (visions, etc.).
Le second désigne la totalité (potentielle) de l'émergence desphénomènes, en quelque sorte l'a posteriori de notre pensée : en bref tout ce qui est de l'ordre du fait ou del'intuition sensible acquise.Il ne faut pas s'illusionner sur les capacités de notre pensée.
La liberté de notre pensée est en fait resserrée dansdes limites fort étroites, bornée de manière précise.
Le « pouvoir créateur de l'esprit », c'est-à-dire la puissanced'invention, ex nihilo, à partir de rien, qui caractérise l'esprit — la pensée et la réflexion humaines — se ramène, enréalité, à tout autre chose : à une activité de combinaison de données que nous fournissent les fonctions sensiblesdiverses (les sens) et, d'autre part, les phénomènes globaux, les faits (l'expérience).
Ainsi, la seule possibilité quinous est laissée est de combiner, d'accroître ou de diminuer les données des sens.
Notre capacité de création àpartir de rien se trouve alors fort réduite.
b) Seconde sous-partie : « Quand [...] familières »Hume démontre l'argument précédent par l'exemple de la montagne d'or.
Ici, une étrange association entre deuxfaits naturels, qui semblent bizarrement accouplés, le matériau précieux, propice à faire des bijoux, et l'élévation deforte altitude, avec élévation de terrain, cela semble une idée étrangère au réel ! Erreur, répond Hume.
Que faisons-nous ? Quand nous pensons une montagne d'or, c'est-à-dire exerçons une activité psychique comportant ces deuxnotions bizarrement assemblées, nous ne faisons que réunir deux idées — c'est-à-dire deux copies des impressionssensibles — pouvant s'unifier et présenter entre elles un accord, c'est-à-dire une communauté et une harmonie, uneconformité.
Ces deux idées nous étaient déjà familières : elles faisaient partie de notre esprit ; elles l'habitaient.
Lalibre création se ramène à des éléments préétablis par l'expérience.
c) Troisième sous-partie : « En un mot [...] matériaux »Voici maintenant, le « bilan-conclusion » de tout le passage : tous les matériaux de la pensée, c'est-à-dire toutesles diverses matières nécessaires à sa construction, tous les éléments constitutifs de l'activité mentale de l'hommes'originent dans la sensibilité interne ou externe, dans le fait de recevoir des excitations, dans le fait d'être doué desensations internes (celles de notre corps) ou externes (renvoyant à l'ensemble du monde).
L'esprit — le principe dela pensée — et la volonté — la mise en oeuvre des moyens appropriés à un résultat — ont pour fonction, pour rôlecaractéristique de combiner, c'est-à-dire d'arranger et de disposer ces matières des sens.
Dès lors, pensée et choixlibre sont plus limités qu'on ne croit, puisque toute connaissance dérive de l'expérience sensible.
Ainsi, pourconstruire des connaissances, l'esprit s'alimente toujours dans l'impression sensible.
La position empiriste de Humeaffirme que l'expérience sensible est la mère de toutes choses.
2.
Intérêt philosophique du texte PLAN :
A.
Une position empiristeB.
La finitude de l'esprit humainC.
Hume et Kant
A.
La position empiriste de HumeCes lignes formulent clairement la genèse de l'esprit à partir du sensible.
Tout en nous trouve son origine dansl'expérience.
Tout le domaine des idées se trouve ainsi fondé par la sphère des sensations.
C'est la vérité del'empirique et du fait qui nous constitue.
Telle est la philosophie empiriste de Hume qui ale mérite, non seulement desouligner l'importance de l'expérience dans la constitution de la pensée, mais aussi de dénoncer l'illusion del'autonomie et de la liberté, qui en fait ont une actualisation plus réduite qu'on ne le pense.
L'influence de Hume seraconsidérable et son empirisme se retrouve jusqu'au xxe siècle, avec en particulier le Cercle de Vienne (1921), quirappelle la nécessité de se référer toujours à l'expérience sensible et, du même coup, condamne le projetmétaphysique.
B.
Finitude de l'esprit humainCe texte a aussi l'intérêt de souligner que, derrière l'apparent mouvement illimité, on découvre, en fait, les limitesétroites de la pensée.
D'un côté, l'expérience sensible interne, avec les passions, les sentiments, etc., et, del'autre, l'expérience sensible externe, avec les sensations proprement dites : cela fait beaucoup de limites à l'esprithumain, borné et fini.
Hume prend position dans le grand débat qui, depuis l'Antiquité, se présente aux penseurs.
Ilmarque plutôt la finitude que l'illimitation spirituelle.
Notre grand élan de pensée est, en vérité, limité..
»
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