Dans une société dominée par l'échange,est-il encore possible de donner?
Publié le 31/03/2005
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Le don est le plus souvent caractérisé par sa gratuité : le don se diffère ainsi de l’échange. Dans l’acte de donner, le retour n’est pas une nécessité. On donne pour donner. Dans l’échange l’objet est échangé à prix ou à valeur identique. Dans une société dominée par les échanges, est-il encore possible de donner ? Dans quelle mesure notre société nous a éloignés de cet acte de donner pour donner sans attendre de retour ? Quelles sont les caractéristiques principales du don ? Que donne-t-on lorsque l’on donne ? Pourquoi donner devient-il si difficile ? Il nous faut alors réinterroger la capacité des hommes à donner ou à redécouvrir cette dimension du don.
«
générosité, luxe et épargne, intérêt, utilité, il serait bon de les remettre au creuset.
Nous ne pouvons donner quedes indications à ce sujet : choisissons par exemple les Trobriand (île d'Océanie).
C'est encore une notion complexequi inspire tous les actes économiques que nous avons décrits ; et cette notion n'est ni celle de la prestationpurement libre et purement gratuite, ni celle de la production et de l'échange purement intéressés de l'utile.
C'estune sorte d'hybride qui a fleuri là-bas.
»
2 Transition
L'émergence de la société de la division du travail a établi un système d'échanges fondé sur la monnaied'échanges, essentiellement l'argent.
Que devient alors le don dans ce cas ? Y a t il une possibilité de donner oude se donner sans passer par l'argent ?
III.
Qu'est ce que donner ?
1 l'intérêt n'est pas forcément plus grand dans l'échange que dans le don.
Texte Mauss « Essai sur le don » in Sociologie et Anthropologie.
« Passons maintenant au feu d'épreuves l'autre notion que nous venons d'opposer à celle de don et dedésintéressement : la notion d'intérêt, de recherche individuelle de l'utile.
Celle-là non plus ne se présente pascomme elle fonctionne dans notre esprit à nous.
Si quelque motif équivalent anime chefs trobriandais ou américains,clans andamans etc, on animait autrefois généreux hindous, nobles Germains, et Celtes dans leurs dons etdépenses, ce n'est pas la froide raison du marchand, du banquier, du capitaliste.
Dans ces civilisations, on estintéressé mais d'autre façon que de notre temps.
On thésaurise, mais pour dépenser,pour « obliger », pour avoir des« hommes liges ».
D'autre part on échange, mais ce sont surtout des choses de luxe, des ornements, desvêtements, ou ce sont des choses immédiatement consommés, des festins.
On rend avec usure, mais c'est pourhumilier le premier donateur ou échangiste et non pas seulement pour le récompenser de la perte que lui cause une« consommation différée ».
Il y a intérêt, mais cet intérêt n'est qu'analogue à celui qui, dit-on, nous guide.
»
2 L'échange est la compensation du don
Texte Weber Économie et Société
« L'échange peut s'appliquer à toute chose pouvant être transférée et mise à la disposition d'un autre et pourlaquelle celui-ci est prêt à fournir une compensation.
Non seulement aux « biens » et »aux utilités », mais à toutessortes de chances économiques, par exemple à une clientèle sans la moindre garantie réelle, fondée uniquement surl'habitude et le jeu des intérêts.
A plus forte raison peuvent faire l'objet d'un échange des chances garanties par unordre quel qu'il soit.
Ce ne sont donc pas uniquement des utilités réelles qui peuvent servir d'objets d'échange.
Atitre provisoire, nous désignerons dans notre terminologie par »échange », au sens le plus large du mot, toute offre,fondée sur un contrat librement consenti, d'utilités effectives, continues, présentes ou futures répondant à uneoffre de prestations analogues, quelle qu'elle soit.
»
CONCLUSION
Dans nos sociétés les échanges sont structurés par l'argent et l'équivalant objectif de ce que nous échangeons.
Lemonde et la division du travail ont fait émerger un monde où les objets priment sur les hommes.
Aussi le sens du donest il perdu, le don lui-même devient une forme subversive de l'échange..
»
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