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Dans quels domaines est-il légitimes de prendre la nature comme modèle ?

Publié le 17/01/2022

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Mais il faut éviter de proposer un plan " à tiroirs ", où l'on passerait en revue la physique, les mathématiques, l'éthique ou la morale, l'esthétique, la politique... voire des types particuliers d'esthétique, de politique, etc. Aucune réflexion générale ne pourrait surgir en suivant une telle démarche. On se gardera donc de considérer ces domaines comme préalablement donnés et de construire le plan sur une division qui aurait toutes les chances de ne pas être justifiée à l'intérieur du devoir.* Ce sujet doit, plus encore que les autres, être soumis à une analyse précise : Le terme " nature " est ambigu, bien qu'il soit souvent utilisé. Il désigne certes, de manière très générale, ce qui est étranger à l'homme ou ce qui s'impose à lui par opposition à ce dont l'homme est responsable. Mais cette idée peut être interprétée de manière diverse, et cette diversité est un obstacle à la construction d'un problème.* Il en va presque de même pour l'idée de " prendre comme modèle ". Cette formule peut avoir des sens assez différents : elle désigne par exemple un effort de conduite (prendre tel autre pour modèle), ou bien une tentative de reproduction technique (prendre cet objet pour modèle).* Enfin, l'idée de " légitimité " invite à décider des " bonnes raisons " que l'on aurait de prendre la nature pour modèle : le terme a donc lui aussi un sens ambigu, il couvre à la fois l'explication (la cause) et la justification (le droit) d'une conduite.

 

Suivre la nature et non les errements de la société a toujours semblé un précepte de sagesse, mais qu’en est-il réellement ? Est-ce encore la nature que l’on suit ou simplement des préceptes culturels par essence relatifs et changeants ? Aussi, la nature peut paraître un modèle dans différents domaines comme la morale, la sagesse, la politique et l’art. Mais est-ce souhaitable, nécessaire de s’aligner sur « les préceptes de la nature «. Ne risque-t-on pas de ruiner tout l’édifice de la culture, en niant toute frontière entre nature et culture, en niant toute avancée de civilisation, n’est-ce pas régresser, nier les forces de l’esprit et de l’intelligence humaine pour plonger dans l’irrationalisme, la bestialité, le froid silence de la nature. Il faut donc peser le pour et le contre dans ces tentatives de prendre la nature comme modèle.

 

« Selon Rousseau, dans le Discours sur l'origine de l'inégalité , il pense que l'état primitif de l'homme, cet état de nature où l'être humain connaissait l'innocence et la bonté, n'est peut-êtrequ'une vue de l'esprit, mais c'est une hypothèse qui doit nous faireregretter un passé qui n'est plus et qui ne reviendra jamais, car l'histoirene rétrograde pas.

L'homme de la nature est introuvable, on ne peutobserver que l'homme social.

L'homme ne peut vivre en dehors de lasociété, de la cité.

Vouloir imaginer un homme dans l'abstrait, en soi estimpossible.

L'état de nature est bien plus une fiction que la réalité.

Del'homme, retirée ses qualités naturelles, il ne reste plus qu'un animal.

Lespréceptes de sagesse antique recommandent comme le stoïcisme de suivrela nature.

Mais n'est-ce pas réduire la part de culture qu'il y a enl'homme ? Tout retour à la nature supprimerait les avancées culturelles.Mais en comprenant la culture comme prolongement de la nature, il seraitpeut-être seulement question de revenir à la source d'un ensemblenature/culture constitutif de la nature humaine Retourner à ce qui est pré- rationnel ne va pas ici avec le fait qu'onretournera à quelque chose de totalement pure, mais à quelque chose deproche de la pensée païenne ou archaïque.

La volonté de revenir à une natureélémentaire et à un certain paganisme et mysticisme dénote un irrationalisme.Cette lutte contre la Raison est parallèle à une réaction contre les valeurs issues de la Révolution française et des Droits de l'homme.

Cette lutte intellectuelle et artistique aura de ce fait desconséquences politiques et sociales.

Cette crise qui s'origine aussi dans les mutations sociales et techniques, a pourpoint de départ une réaction contre un monde scientifique et technique qui va trop vite et des structures politiquesimmobiles et qui refusent de s'adapter.

L'irrationalisme romantique se positionne donc contre la Raison et préfère lesforces en mouvement de la vie et l'incertitude brumeuse.

Sans faire de liens trop abrupts entre le romantisme et descourants idéologiques de sinistre mémoire, le retour à la nature a quelque chose de réactionnaire, d'anti-progressisteet de barbare.

Forcer l'homme à revenir en de ça de la civilisation ouvre la voie à des heures sombres pourl'humanité.

Souvenons-nous de l'état de nature décrit dans le Léviathan où règne la guerre de tous contre tous.

Le paradis naturel est aussi le lieu de la sauvagerie et de la violence. 2) La nature comme modèle moral ? Pour la philosophie stoïcienne antique, la sagesse n'est-elle pas dans la rupture, mais dans l'accord avec la nature,qu'elle prolonge en l'accomplissant, comme si la nature nous donnait une lettre de recommandation à l'adresse de lasagesse ; l'équilibre de l'éthique stoïcienne, souvent tenu pour instable et problématique, repose sur le rapport decontinuité et de discontinuité subtilement dosées que traduit cette métaphore.

Au point de départ est la tendance,par laquelle tout vivant cherche à se conserver et à se développer ; choses et actes ne sont que des occasions oudes moyens, qu'il choisit ou rejette en fonction d'une fin qui les dépasse.

Pour l'homme, animal raisonnable, la finsuprême est à la fois l'accord de soi avec soi, unification de la vie et de la personne sous la règle de la raison, etl'accord avec la nature universelle.

Dans la vie de vertu, la raison investit la personne entière ; la passion,dévoiement pathologique de la tendance, est une erreur de jugement, et donc une maladie à extirper, non une forceà canaliser.

La vertu, ou excellence, seul bien à rechercher pour lui-même, suffit au bonheur ; symétriquement, leseul mal absolu est le « vice », la disposition pervertie de l'âme.

Tout ce qui n'est ni ce bien ni ce mal doit être dit,sous ce rapport, « indifférent » : vie et mort, santé et maladie, pauvreté et richesse, plaisir et douleur necontribuent ni ne nuisent à la perfection et au bonheur. Pour peu que l'on s'arrache au charme de l'incantation continuiste, l'on devient sensible à ce qui fait l'ambivalencede tout naturalisme.

La nature y est conçue simultanément comme fait et comme norme.

On a maintes fois relevé lecaractère paradoxal du précepte « suivre la nature ».

Pour dire les choses de manière sommaire, on ne trouve dansla nature que ce que l'on a bien voulu sans doute y mettre de culture inavouée ; en termes kantiens, c'est par unvice de subreption que la norme se trouve résorbée dans le fait.

Norme et fait, impératif et indicatif, valeur et réalitésont autant de couples d'opposés où peut s'exprimer dans le registre axiologique la relation de la nature à la culture.Aussi, suivre la nature la morale prête encore à discussion, est-ce réellement la nature que l'on suit ou despréceptes purement humains et culturels qui n'ont plus rien de naturel ? Suivre la nature, pour l'homme apparaît biencomme une contradiction dans les termes. 3) La nature comme modèle artistique ?. »

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