Dans quelles mesures le langage exprime-t-il la réalité ?
Publié le 22/08/2005
Extrait du document

Analyse du sujet :
l
1.
2.
l
1.
2.
l
1.
2.
l
l
l
Problématisation :
Il faudra se demander si le langage exprime une réalité pré-existante --- mais, dans ce cas, comment savoir s'il s'agit bien de la réalité, et non simplement de la perception que nous en avons ? --- ou s'il construit la réalité, ou du moins notre accès à la réalité.

«
1.
a) Cas du mensonge et de la vérité.Il existe au moins un cas dans lequel le langage n'exprime pas la réalité : le cas du mensonge.
b) Mais il s'agit d'un cas pathologique d'utilisation du langage.
Le langage sert normalement auxhommes à se communiquer des informations sur la réalité.On peut faire un parallèle avec les abeilles : en quel sens peut-on parler d'un langage des abeilles ? Dans lesens où elles sont capables de se communiquer des informations sur leur milieu ou sur un éventuel danger.
Texte : Platon, Cratyle , traduction Émile Chambry.
« Socrate - (...) Si le nom est un instrument, en nous en servant pour nommer, que faisons-nous ?
Hermogène – C'est ce que je ne puis dire.
Socrate – Ne nous apprenons-nous pas quelque chose les uns aux autres, et ne distinguons-nous pas leschoses suivant leur nature ?»
Entretien de Socrate avec Hermogène (385a-427e)
a.
Les noms sont faits pour instruireSocrate fait d'abord admettre à Hermogène que les choses ont une existence stable, «un certain êtrepermanent qui n'est ni relatif à nous ni dépendant de nous».
Il en est de même des actes qui, eux aussi, sontune forme déterminée de réalité.
C'est donc en conformité avec leur propre nature qu'ils se font, et non passelon notre façon de voir.
Par exemple, si nous voulons couper, nous devons couper suivant la façon naturellede couper et en employant ce qu'il faut pour couper.
Or parler et donc aussi nommer sont des actes et le nomest un instrument qui sert à instruire et à distinguer la réalité comme la navette fait le tissu.
Il s'ensuit qu'ilfaut nommer les choses «suivant la manière et le moyen qu'elles ont naturellement de nommer et d'êtrenommées» et qu'un bon instructeur doit user du nom comme il faut, c'est-à-dire de «façon propre à instruire»comme un bon tisserand se sert comme il faut de la navette, c'est-à-dire de «façon propre au tissage».
b.
Établir les noms est un art pratiqué par les législateurs En second lieu, Socrate convainc Hermogènequ'établir les noms est un art difficile.
Si la navette est l'oeuvre du menuisier, de quel artisan le nom est-ill'ouvrage ? La réponse de Socrate paraît étonnante : «N'est-ce pas la loi (l'usage) à ton avis qui les met ànotre disposition? – Apparemment...
– Ainsi Hermogène, ce n'est pas au premier venu qu'il appartient d'établirle nom, mais à un faiseur de noms ; et celui-là, semble-t-il, est le législateur...» (Commentaire : on sait quedans l'Antiquité, le terme de nomos désignait la loi aussi bien que l'usage.
Les premières lois, en effet, nefurent que les premiers usages.
Et d'où vinrent d'abord les usages, si ce n'est des peuples eux-mêmes ?Certains commentateurs voient donc dans cette notion de législateur le peuple avec ses chefs et c'est lui quiaurait peu à peu créé la langue.
Mais d'autres y voient un personnage mythique ou un homme doué d'uninstinct divin, d'autres enfin les premiers hommes.
Socrate laisse dans le vague cette notion.)
c.
La tâche du législateurSelon Socrate, de même que le menuisier qui fabrique une navette pour le tissage a les yeux fixés sur la formede la navette (la navette en soi), de même le législateur devrait savoir ce qu'est le «nom en soi», «le nomnaturellement approprié à chaque objet» pour l'imposer aux sons et aux syllabes.
Il y aurait donc pour chaquechose un nom unique mais qui se trouverait appliqué par le «faiseur de nom» ou le législateur à une matièresonore variable selon les lieux.
D'où les variétés des langues.
«De même que tous les forgerons n'opèrent passur le même fer en fabriquant pour le même but le même instrument», de même chaque législateur n'opéreraitpas sur les mêmes syllabes chez les Grecs ou les Barbares mais donnerait néanmoins à toutes «la forme dunom requise par chaque objet».
d.
Le législateur devra être guidé par le dialecticienEt qui devra diriger et juger ensuite l'ouvrage du législateur ? N'est-ce pas celui même qui s'en servira? Orcelui-là est l'homme qui connaît l'art d'interroger et en même temps celui de répondre, c'est-à-dire ledialecticien.
Ainsi le nom, ouvrage du législateur, devra, pour être bon, être fait sous la direction dudialecticien ou de la dialectique.
Socrate en conclut que Cratyle a raison de considérer les noms comme justespar nature et non par l'effet d'une convention.
Il y aurait une seule juste dénomination pour chaque chosequ'imitent plus ou moins bien les noms des différentes langues.
Il reste maintenant à Socrate à expliquer enquoi consiste cette justesse naturelle du nom.
e.
Des noms dérivés aux noms primitifsIl faut d'abord, dit Socrate, examiner les noms appliqués à ce qui a, par nature, une existence éternelle.
Carc'est là surtout que l'attribution des noms doit avoir été faite avec soin.
Socrate passe alors en revue troisgroupes de noms dont il indique l'étymologie : ceux des Dieux, ceux des astres et des phénomènes naturels,ceux des notions morales.
Mais ces noms sont des dérivés et des composés.
Pour les interpréter, il fautremonter aux noms primitifs dont ils proviennent.
Ainsi, par exemple, agathon (bien) est composé de agaston(admirable) et de thoon (rapide) ; ce n'est pas tout : le mot thoon pourrait sans doute être tiré de noms.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Cours le langage: Dire la réalité
- Le langage peut-il exprimer une réalité sans la trahir ?
- Langage et réalité
- La poésie ? Remarque : terme apparaissant dans la maîtrise de la langue dés le cycle 1 car : « Un enfant qui sait manipuler la réalité sonore du langage a beaucoup plus de facilités pour apprendre à lire ».
- Le langage sert-il à exprimer la réalité ?