Dans quelle mesure l'imagination contribue-t-elle au bonheur de l'homme ?
Publié le 05/01/2004
Extrait du document
- 1. L'imagination comme malheur de l'homme
- 2. L'imagination comme remède au malheur
- 3. L'imagination créatrice comme condition du bonheur
«
Comme le montre Pascal dans ses Pensées, l'imagination est bien cette «maîtresse d'erreur et de fausseté », la source des illusions qui marque lacondition humaine : « cette faculté trompeuse qui semble nous être donnéeexprès pour nous induire à une erreur nécessaire » détermine en effet toutesles actions humaines : guerres d'ambition, amours, etc.
Elle nous donne unevision faussée de la réalité et de nous-mêmes en nous déterminant à jugerd'après nos propres impressions.
Si bien que « l'imagination dispose de tout »,tout en étant au service d'une illusion généralisée.
L'imagination est la plus grande puissance d'erreur qui se puisse trouver enl'homme, et dont il ne peut se défaire.
Si elle était toujours fausse, il suffiraitd'en prendre le contre-pied pour trouver la vérité, mais nous ne savons jamaissi ce qu'elle nous représente est réel ou irréel.
N'étant pas la règle infaillible dumensonge, elle ne peut l'être de la vérité.
Elle représente le vrai et le fauxavec la même indifférence.
Sa puissance de persuasion est infinie, mêmeauprès des hommes les plus sages et les plus raisonnables.
Elle emportel'assentiment par surprise et sans difficulté.
Les plus beaux discours de larhétorique ne sont pas ceux qui parlent à notre raison mais à notre coeur.
Laraison calcule, soupèse, compare, mesure, établit des rapports, mais elle estincapable de "mettre le prix aux choses".
C'est l'imagination qui nous faitestimer, blâmer, aimer ou détester, et non pas la raison dont elle se joue sansefforts.
L'imagination a produit en l'homme une seconde nature : "Elle remplit ses hôtes d'une satisfaction bienautrement pleine et entière que la raison."
De plus l'imagination a deux grands torts aux yeux de Pascal : d'une part, elle dissimule sa propre fausseté : elle serévèle parfois vraie, lorsque par exemple nous imaginons un événement qui se produit réellement.
Si bien qu'enimaginant, nous ignorons si nous nous trompons.
D'autre part, il n'est pas possible de se débarrasser de l'imagination: elle persiste, même lorsque l'on s'est rendu compte de sa propre erreur.
L'imagination est donc illusion plusqu'erreur.
B.
L'imagination et le pouvoirD'après Pascal, l'imagination est aussi la source de toute domination politique et sociale.
Elle fonde ainsi lasoumission du peuple aux « grands ».
Elle exerce une très forte contrainte sociale : elle fait croire qu'un signeextérieur de noblesse (le port d'une perruque, d'une épée) renvoie à un caractère réel de la personne.
Elle est doncà l'origine d'un pouvoir arbitraire, fondé sur une illusion, car il s'agit bien d'un pouvoir imaginaire.
Pascal affirme ainsi :« Qui dispense la réputation ? Qui donne le respect et la vénération aux personnes, aux ouvrages, aux lois, auxgrands, sinon cette faculté imaginante ? »Pascal fait ainsi apparaître l'imagination comme la cause essentielle d'un malheur de l'homme : malheur lié à sesillusions ; malheur lié à sa condition sociale et politique.
Mais d'un autre point de vue, l'imagination n'apporte-t-ellepas des remèdes à ce malheur ?
2.
L'imagination comme remède au malheur
A.
La satisfaction imaginaireEn effet, si l'imagination porte à se détourner de la réalité, elle permet aussi la satisfaction imaginaire de désirs quela réalité ne permet pas d'accomplir.
Ainsi Freud montre-t-il qu'un désir, refoulé parce qu'incompatible avec la réalité(ex.
: inceste), trouve une satisfaction « hallucinatoire » dans le rêve ou la névrose.Le détour par l'imagination est donc ici une solution au conflit entre le désir et la réalité.
Parce que l'imaginationéloigne de la réalité, elle est aussi une solution pour échapper à ses impératifs contraignants.
L'imagination permetainsi de remédier à la condition malheureuse de l'homme, qui implique nécessairement le refoulement d'un certainnombre de désirs contredisant les normes sociales.
On prendra ici la comparaison que Freud établit entre l'artiste etle névropathe..
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