Dans quelle mesure l'homme fait-il l'histoire ?
Publié le 24/03/2004
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Le terme « histoire « est employé dans la vie quotidienne dans de nombreux cas : histoire drôle, histoire d’amour, etc… Je peux raconter l’histoire de ma journée. Mais si ce n’est pas de ces histoires là dont s’occupe l’histoire, il faut néanmoins partir de l’usage du terme dans la langue courante. Nous entendons de façon usuelle par histoire aussi bien une dimension du réel, qui a quelque chose à voir avec la succession d’événements, qu’une reconstitution de cette succession à travers un récit. Si nous définissons l’histoire en un premier sens comme une réalité, elle correspond à l’ensemble de ce qui se déroule à travers le temps. En ce premier sens, et de manière naïve, je peux parler aussi bien d’histoire de l’univers que l’histoire des espèces vivantes ? C’est en ce sens que Aristote a écrit une Histoire des animaux et que le naturaliste romain Pline avait composé au 1er siècle de notre ère, une célèbre Histoire naturelle. Il se trouve cependant qu’en français nous appelons « histoire « la connaissance et le récit d’un tel devenir. L’histoire comprise comme connaissance correspond à une enquête entreprise à propos d’un devenir. L’étymologie du mot nous renvoie au latin historia qui signifie une enquête, une recherche savante de la vérité. Il s’agit donc de discerner le vrai du faux. Le sujet entend initialement le terme « histoire « dans sa première acceptation, comme succession d'évènements. Or, il semble que le déroulement historique soit plus appliqué et applicable à l'homme. On restreint ce terme à l'activité humaine justement par la spécificité humaine face aux autres choses de l'univers. L'homme est défini comme un être conscient et qui de par cette conscience s'élève au-dessus des autres êtres. Il n'est plus une chose parmi les choses, mais il se positionne devant, face au monde. La conscience confère donc comme le suggère son étymologie que l'existence humaine se trouve accompagnée d'un savoir : je vis et je sais que je vis. On fait donc de la liberté la compagne de la conscience. Il semble donc dans un premier temps que le terme « histoire « est restreint à l'homme parce qu'il a la possibilité et la capacité d'intervenir sur le cours des évènements, dans les activités humaines. Cependant, il faut ici se demander si l'histoire tel que l'on entend est le résultat de l'activité de chaque homme ou si le résultat global qu'aucun homme n'a voulu comme tel. Chaque homme ne serait-il pas plutôt l'agent involontaire d'une histoire qui le dépasse ? Il faut alors aussi se demander si l'histoire a un sens ? Y a-t-il dans l'évolution de l'homme un but, une direction qui donnerait à l'histoire son chemin ? Ne faut-il pas penser comme Hegel que c'est l'Esprit lui-même qui se sert de l'homme pour parvenir à la fin de l'histoire ? La notion de progrès ne contient-elle pas aussi l'idée que c'est l'homme qui oeuvre pour un processus dont il ne maîtrise rien ? Cependant, penser ainsi, c'est condamner l'homme à la passivité ? L'idée de l'histoire libre n'est-elle pas nécessaire à l'action humaine ? Quelles sont les conditions pour être acteur dans l'histoire ? Ne sont-ce pas simplement les grands hommes qui feraient l'histoire ?
- 1. « L'homme « (les hommes) comme objet(s) de l'Histoire.
Position de l' « idéalisme allemand « (cf. La Sainte-Famille). Position (ou plutôt interprétation) mécanique du marxisme.
- 2. Comment penser (dialectiquement ?) et non contradictoirement la position marxiste ?
Comment penser à la fois que les hommes sont des produits de l'histoire et font l'histoire ? — En termes d'identité (et de réduction)? — En termes de projets (conditionnés et conditionnants) ? Cf. la position de Garaudy et la position de Engels à cet égard.
- 3. Saisir dans « quelle mesure l'homme fait l'histoire « ne serait-ce pas saisir des « zones d'indétermination « dans une détermination « assez générale « (?) ou déterminante en « dernière instance «? Cf. La position de Sartre.
«
personnelles ou les circonstances sociales générales) — n'arrivent pas à ce qu'elles veulent, mais se fondent en unemoyenne générale, en une résultante commune, on n'a pas le droit de conclure qu'elles sont égales à zéro.
Aucontraire, chacune contribue à la résultante, et à ce titre, est incluse en elle.
» p.
155.
• Sartre, Critique de la raison dialectique (Gallimard) ; et particulièrement « Questions de méthode » : « J'ai dit que nous acceptions sans réserves les thèses exposées par Engels dans sa lettre à Marx : « les hommes font leurhistoire eux-mêmes mais dans un milieu donné qui les conditionne », toutefois ce texte n'est pas des plus clairs et ilreste susceptible de nombreuses interprétations.
Comment faut-il entendre en effet que l'homme fait l'histoire, si parailleurs, c'est l'histoire qui le fait.
[...] Si l'on veut donner toute sa complexité à la pensée marxiste il faudrait dire[...] : les hommes font leur histoire sur la base de conditions réelles antérieures, mais ce sont eux qui la font et nonles conditions antérieures : autrement ils seraient les simples véhicules de forces inhumaines qui régiraient à traverseux le monde social.
[...] »
« ...
si réduit soit-il, le champ des possibles existe toujours et nous ne devons pas l'imaginer comme une zoned'indétermination mais, au contraire, comme une région fortement structurée, qui dépend de l'histoire entière et quienveloppe ses propres contradictions.
C'est en dépassant la donnée vers le champ des possibles et en réalisant unepossibilité entre toutes que l'individu s'objective et contribue à faire l'histoire.
[...] Pour saisir le processus quiproduit la personne et son produit à l'intérieur d'une classe et d'une société donnée à un moment historique donné, ilmanque au marxisme une hiérarchie de médiations...
»
plan indicatif
1.
« L'homme » (les hommes) comme objet(s) de l'Histoire.Position de l' « idéalisme allemand » (cf.
La Sainte-Famille).
Position (ou plutôt interprétation) mécanique dumarxisme.2.
Comment penser (dialectiquement ?) et non contradictoirement la position marxiste ?Comment penser à la fois que les hommes sont des produits de l'histoire et font l'histoire ?— En termes d'identité (et de réduction)?— En termes de projets (conditionnés et conditionnants) ? Cf.
la position de Garaudy et la position de Engels à cetégard.3.
Saisir dans « quelle mesure l'homme fait l'histoire » ne serait-ce pas saisir des « zones d'indétermination » dansune détermination « assez générale » (?) ou déterminante en « dernière instance »? Cf.
La position de Sartre.
Le terme « histoire » est employé dans la vie quotidienne dans de nombreux cas : histoire drôle, histoire d'amour,etc… Je peux raconter l'histoire de ma journée.
Mais si ce n'est pas de ces histoires là dont s'occupe l'histoire, ilfaut néanmoins partir de l'usage du terme dans la langue courante.
Nous entendons de façon usuelle par histoireaussi bien une dimension du réel, qui a quelque chose à voir avec la succession d'événements, qu'une reconstitutionde cette succession à travers un récit.
Si nous définissons l'histoire en un premier sens comme une réalité, ellecorrespond à l'ensemble de ce qui se déroule à travers le temps.
En ce premier sens, et de manière naïve, je peuxparler aussi bien d'histoire de l'univers que l'histoire des espèces vivantes ? C'est en ce sens que Aristote a écrit uneHistoire des animaux et que le naturaliste romain Pline avait composé au 1 er siècle de notre ère, une célèbre Histoire naturelle .
Il se trouve cependant qu'en français nous appelons « histoire » la connaissance et le récit d'un tel devenir.
L'histoire comprise comme connaissance correspond à une enquête entreprise à propos d'un devenir.L'étymologie du mot nous renvoie au latin historia qui signifie une enquête, une recherche savante de la vérité.
Il s'agit donc de discerner le vrai du faux.
Le sujet entend initialement le terme « histoire » dans sa premièreacceptation, comme succession d'évènements.
Or, il semble que le déroulement historique soit plus appliqué etapplicable à l'homme.
On restreint ce terme à l'activité humaine justement par la spécificité humaine face aux autreschoses de l'univers.
L'homme est défini comme un être conscient et qui de par cette conscience s'élève au-dessusdes autres êtres.
Il n'est plus une chose parmi les choses, mais il se positionne devant, face au monde.
Laconscience confère donc comme le suggère son étymologie que l'existence humaine se trouve accompagnée d'unsavoir : je vis et je sais que je vis.
On fait donc de la liberté la compagne de la conscience.
Il semble donc dans unpremier temps que le terme « histoire » est restreint à l'homme parce qu'il a la possibilité et la capacité d'intervenirsur le cours des évènements, dans les activités humaines.
Cependant, il faut ici se demander si l'histoire tel que l'onentend est le résultat de l'activité de chaque homme ou si le résultat global qu'aucun homme n'a voulu comme tel.Chaque homme ne serait-il pas plutôt l'agent involontaire d'une histoire qui le dépasse ? Il faut alors aussi se demander si l'histoire a un sens ? Y a-t-il dans l'évolution de l'homme un but, une direction qui donnerait à l'histoireson chemin ? Ne faut-il pas penser comme Hegel que c'est l'Esprit lui-même qui se sert de l'homme pour parvenir à lafin de l'histoire ? La notion de progrès ne contient-elle pas aussi l'idée que c'est l'homme qui oeuvre pour unprocessus dont il ne maîtrise rien ? Cependant, penser ainsi, c'est condamner l'homme à la passivité ? L'idée del'histoire libre n'est-elle pas nécessaire à l'action humaine ? Quelles sont les conditions pour être acteur dansl'histoire ? Ne sont-ce pas simplement les grands hommes qui feraient l'histoire ?
I L'homme, être conscient, décide de l'histoire
L'homme, un être à part dans la nature 1.
On applique donc le terme « histoire » spécifiquement au devenir humain.
Les raisons de cette restriction nous.
»
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