Dans quelle mesure le savoir-faire est-il un savoir
Publié le 21/03/2004
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■ À première vue, il semble évident que si tout savoir n'est pas un savoir-faire (on peut savoir quelque chose sans être capable de le faire), tout savoir-faire, en revanche, implique un savoir. ■ Toutefois il arrive souvent, lorsqu'on demande à un artiste de nous expliquer comment il fait pour obtenir tel dessin ou telle harmonie de couleur, que celui-ci réponde qu'il ne sait pas. ■ Le problème : Dans ces conditions, on peut se demander dans quelle mesure le savoir-faire est réellement un savoir, si du moins l'on entend par savoir un ensemble de connaissances intellectuelles systématisées.
- 1. Un savoir-faire qui n'est pas un savoir : l'art
- 2. La formes supérieures du savoir-faire : le génie
a) Habileté et génie b) Le génie, n'est pas un savoir puisqu'il ne peut s'enseigner c) La critique hégélienne d) Mais le génie n'exclut pas un savoir
«
marteau, c'est différer d'enfoncer le clou...
pour l'enfoncer plus facilement.
Marx a repris à son compte la définition de Franklin : l'homme, écrit-il, est un toolmaking animal, un « animalfabricateur d'outils » (Le Capital, 1867).
On dit souvent, dans le même sens,que l'homo sapiens est d'abord un homo faber.Nous sommes, nous autres hommes contemporains, si obnubilé par la relationscience technique que nous admettons à tort, que là où il n'y a pas descience de la Nature, il ne peut y avoir de technique élaborée.
Il existecependant deux formes de savoir très différentes impliqués dans l'élaborationdes techniques: le savoir-faire empirique et le savoir scientifique.
Ce n'estque dans le second cas que la théorie précède la pratique, dans le premier,c'est l'inverse qui a lieu.
L'urgence des nécessités vitales, la conservation desoi, la pression du milieu ont conduit les hommes à se doter d'instrumentssouvent très sophistiqués.
Nous sommes, nous autres hommescontemporains, si obnubilé par la relation science technique que nousadmettons à tort, que là où il n'y a pas de science de la Nature, il ne peut yavoir de technique élaborée.
Il existe cependant deux formes de savoir trèsdifférentes impliqués dans l'élaboration des techniques: le savoir-faireempirique et le savoir scientifique.
Ce n'est que dans le second cas que lathéorie précède la pratique, dans le premier, c'est l'inverse qui a lieu.L'urgence des nécessités vitales, la conservation de soi, la pression du milieuont conduit les hommes à se doter d'instruments souvent très sophistiqués.Le mérite de l'anthropologie contemporaine est d'avoir montré que la « penséesauvage » comporte une complexité et une richesse indéniable, qui ne doit pas être sous-estimée, pour la seule raison qu'elle ne cadre pas avec nos modes de pensée scientifiques.
C'estencore de la pensée.
Le savoir-faire traditionnel fait partie des cultures du monde, cultures qui doivent êtrepréservées pour sauvegarder le patrimoine de la diversité humaine.
Vouloir à tout prix introduire la techniqueoccidentale dans des cultures traditionnelles revient à les détruire.
La science redevable de la technique : Si nous examinons l'histoire des sciences, nous pouvons aussi remarquer que le plus souvent, c'est la pratique quifait lui plus souvent avancer la théorie et non l'inverse.
Nous avons l'habitude de placer la technique après lascience en disant qu'elle en est une application de la science.
Ce schéma théorique suppose que la science gardeune certaine indépendance vis-à-vis de la technique.
Ce n'est pas le cas.
C'est un problème pratique qui a poussé àdévelopper une géométrie.
De même, on croit trop souvent que les découvertes scientifiques sont le fait derecherches pures, désintéressée, alors qu'il s'avère que le plus souvent elles sont venues à la suite de recherchesportant sur des améliorations techniques, pour des motivations tirées de la pratique.
La machine à vapeur de Carnotn'est en rien une application des connaissances de la thermodynamique.
Carnot était un officier de marine quicherchait surtout à assurer à sa patrie la suprématie sur les mers, d'où ses recherches pour améliorer le rendementdes machines à vapeur.
La découverte des premières lois de la thermodynamique viennent en fait de là.
Dans cecas, on voit bien que c'est la science qui se dégage de la technique et non l'inverse.
Notre puissance techniquedépasse notre connaissance scientifique exacte.Il faut donc opérer des distinctions.
Ce que l'on nomme la science, c'est une connaissance en forme de système, quivise à découvrir des relations objectives existants dans le réel.
La science a une vocation théorique, elle vise laconstitution d'une connaissance objective, l'exploration d'un objet distinct de la conscience qui l'étudie.
Latechnique n'a pas pour vocation d'interpréter le monde, elle est là pour le transformer, sa vocation est pratique etnon théorique.
Toute pratique est la mise en oeuvre d'une intentionnalité qui soumet le champ de l'action à des fins,toute pratique est soumise à une certaine utilité.
La technique sert à quelque chose qui n'est pas elle-même.
LaModernité a vu dans la technique un ensemble de moyens permettant de satisfaire les besoins humains, de libérerl'homme de l'effort pénible.
C'est au service de cette utilité que l'on rattache l'ambition de la technique : plus deconfort, plus de plaisir, moins de fatigue etc.
La technique est par nature au service de...elle est en ce sensesclave de nos désirs.
L'important est de comprendre à quelles fins on utilise la technique.
Or ces fins ne sont riend'autres que celles auxquelles préside l'économie.
La recherche est inséparable, dans notre contexte contemporain,de l'industrie et l'industrie est au service de l'économie de marché.
Ainsi, On peut chercher les progrès techniques 1)pour la science elle-même qui nécessite des appareillages complexes, des instruments de mesure.
2) pour laproduction d'objets technique susceptibles d'être commercialisés sur le marché économique.
Mais il peut aussiadvenir 3) que le progrès technique soit entretenu pour la technique elle-même.
Il faut en effet considérer l'espritqui préside à chacun de ses ordres.
L'esprit scientifique peut-être animé d'un intérêt sincère pour la connaissance, il peut, dans l'idéal, avoir une visiondésintéressée.
Les fins que la science est susceptible de fixer à l'élaboration technique peuvent avoir un caractèreélevé, détaché des considérations économiques.
Mais en réalité, l'esprit scientifique a constamment affaire à l'esprittechnicien.
L'esprit technicien vise a l'exploitation des résultats de la science.
Il se demande ce que l'on peut tirerde telle ou telle connaissance comme application pratique et il déploie toute son ingéniosité pour convertir un savoiren pouvoir.
Il n'a pas nécessairement de visée de la finalité humaine au delà de son champ d'activité.
Il est parnature spécialisé dans un domaine donné, où il déploie sa compétence, il n'est pas formé pour une vue générale ouuniverselle.
Ce qui nous apparaît donc c'est que la technique est très loin de rester sous le contrôle de la science,dont elle dépend directement.
C'est dire que la volonté de puissance qui s'exerce dans la technique est autonome,quoique directement autorisée par la représentation scientifique du monde.
La science rend possible un type detechnique tout à fait unique, qui n'est pas assimilable aux techniques artisanales ou artistiques, aux pratiques.
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