Dans quelle mesure le loisir peut-il être preuve de liberté ?
Publié le 23/05/2009
Extrait du document
Introduction :
Bien définir les termes du sujet :
- « Le loisir « : c’est le temps libre de tout travail professionnel dont on eut disposer à son gré, soit pour réparer ses fatigues, soit pour s’évader des contraintes des tâches quotidiennes, soit pour se cultiver et épanouir ses aptitudes. C’est le contraire de travailler.
- « La liberté « : la liberté consiste le plus généralement dans le fait de pouvoir se mouvoir sans contraintes, de juger et agir en pleine conscience. C'est le pouvoir de se déterminer rationnellement sans y être contraint par une force extérieure. Le loisir étant nécessairement vécu par un homme, la liberté dont il est question est aussi celle de l’individu, à savoir sa liberté de faire ou de ne pas faire quelque chose selon les règles qu’il s’est donné à lui-même, ou d’agir comme bon lui semble.
- « La preuve « : c’est ce qui amène et oblige l’intelligence ou la raison à admettre la vérité d’une proposition ou la réalité d’un fait.
- « Dans quelle mesure « : synonyme de « jusqu’où «, dans quelles circonstances et contextes.
Construction de la problématique :
Le sujet semble vouloir non pas définir la liberté, mais chercher de quoi elle se compose, comment elle s’actualise. Ici, on part du principe qu’être libre, c’est avoir des moments de loisir, mais reste à savoir si ces loisirs sont suffisants pour faire preuve de ma liberté ou non. La manière d’aborder le problème pourrait être considérée comme décalée ; en effet, au lieu de se demander comment user de sa liberté pendant ses loisirs, on cherche à savoir si les loisirs sont suffisants pour me caractériser comme libre.
Se pose donc la question de savoir le fait de ne rien faire ou de faire autre chose que travailler me rend libre.
«
permet de nous extraire de l'expérience pour nous situer au niveau de l'universel.
Notre volonté peut donc êtredéterminée de 2 façons : soit par une détermination extérieure (agir selon ses penchants et désirs, et suivre ainsiles lois de la nature) soit par un principe interne (agir selon sa raison et donc selon l'universel qui est en nous).
à La volonté n'étant pas en soi pleinement conforme à la raison, elle peut être déterminée par des penchants,(=hétéronomie de la volonté), et dans ce cas, je peux décider de ne pas agir selon ma raison et mon cotéintelligible, mais selon mes penchants et ma nature sensible, autrement dit, selon mon désir.
Je partage ce côtésensible avec les autres animaux : ils obéissent à leur instinct, aux lois naturelles, et n'agissent pas par volonté ; ilssont esclaves de leur sensibilité.
Si je suis mon côté sensible, j'obéirais donc à la part animale en moi.
Ainsi, si je ne travaille pas, cela signifie que comme les animaux mon temps est essentiellement constitué de loisir et que pendant ces temps là je suis libre de décider de faire ce que bon me semble.
Mais nous l'avons vu, agirselon nos désirs consiste en réalité à agir selon la part animale qui est en nous.
Or, les animaux ne sont pas libres.User de notre liberté pour faire ce que nous voulons pendant nos temps libre n'est donc pas le meilleur moyen deprouver que nous sommes libres.
L'homme est le seul vivant à posséder la raison, il ne se distingue des animaux quelorsqu'il l'utilise.
De ce fait, pour être parfaitement homme, l'homme doit écouter sa volonté.
Passer son temps comme les animaux à agir sans raison rationnelle e fait donc pas de nous des hommes, bien au contraire.
Pour Kant,le loisir est l'opposé de l'exigence, de la rationalité, de l'ordre et donc de l'humanité.
Il faut se détacher le pluspossible des lois naturelles et n'agir que selon la raison pour parvenir à la plus grande liberté – et donc à la plusgrande humanité.
III/ Le travail seul permet de parvenir à la liberté vraie :
Mais il est possible de considérer que le travail est justement le seul moyen de permettre à l'homme de s'évader de la seule sphère des besoins.
L'animal ne travaille pas mais passe son temps à chercher de la nourriture ;l'homme travaille aussi pour se nourrir, mais en même temps crée un objet, et acquiert par là même sa liberté.
C'est ce qu'explique Marx dans Le Capital .
Pourvoir travailler, produire complètement un objet, le construire de A à Z et voir le résultat permet de parvenir à la liberté.
Le problème, c'est que le travail ne reste pas individuel,l'arrivée des machines et la mécanisation font que plusieurs personnes travaillent sur le même objet et ne créentplus à proprement parler des choses uniques.
Le travail que produit l'ouvrier est un travail concret, au sens où ilproduit des biens dont on peut se servir : son travail, comme travail concret, est donc créateur de valeur d'usage.Mais, ce n'est pas sous ce rapport que son travail est pris en compte : l'objet intéresse le capitaliste en ce qu'il aune valeur d'échange : la division du travail et le salariat transforment donc le travail du salarié de travail concreten travail abstrait.
Le travailleur est donc aliéné d'abord en ce qu'il est dépossédé de l'objet de son travail, et de cequi lui permet l'objectivation : privé de l'effet en retour de son travail sur lui-même, le travailleur n'est plus libéré parson travail, mais au contraire son travail l'aliène.
Le travailleur perd la maîtrise de l'ensemble du processus et de l'ensemble des moyens techniques : devenuparcellaire, son travail ne maîtrise plus la machine mais au contraire se trouve maîtrisé par elle : « Dans lamanufacture et le métier, l'ouvrier se sert de son outil ; dans la fabrique il sert la machine », ajoute Marx.
Dans letravail social, la technique prive l'homme de la jouissance de la communication et du choc en retour, cad desmoyens de sa libération.
Le travail vivant n'existe plus et n'est donc plus libérateur.
L'ouvrier ne tisse pas pourtisser, mais dépasse son action de tisser vers autre chose, il vise autre chose par ce travail que le simple travail lui-même.
En considérant la force de travail comme une marchandise, on lui fait perdre sa particularité.
Marx souligneen effet le caractère fétiche de la marchandise, elle n'apparaît plus comme une somme de travail incorporé, maiscomme l'équivalent d'une somme d'argent.
C'est cela que l'on appelle la valeur marchande d'une chose.
Ainsi, lesrapports marchands inversent les rapports de production, les marchandises revêtent la forme argent, etn'apparaissent plus comme des objets cristallisants du travail, mais simplement comme un moyen de posséder de lamonnaie.
Tisser par exemple n'est donc pas une manifestation de la vie ou de la liberté, c'est un simple moyen pourgagner sa vie.
Dans le monde moderne, l'ouvrier ne vit que lorsqu'il n'utilise plus sa force de travail, c'est-à-dire que lorsqu'il a des loisirs, mais ce devrait être l'inverse.
Cette manière de vivre est une aliénation, pour être complètement libre,il faudrait travailler et posséder le fruit de son travail.
Conclusion :
Le loisir est le temps pendant lequel l'homme utilise sa liberté, mais ne semble pas être réellement constitutif de la liberté de l'homme.
Autrement dit, il est possible de travailler et d'acquérir par là même sa liberté (il serait aussipossible de parler de la dialectique du maître et de l'esclave, et comment ce dernier acquiert sa liberté justementpar son travail tandis que son maître perd sa liberté par trop de loisir).
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