Dans quelle mesure l'acte de connaître implique-t-il celui de douter ?
Publié le 21/08/2005
Extrait du document
Le sujet prend la forme d'une question fermée, à laquelle il s'agira de répondre par « oui « ou « non « en conclusion, au terme d'une argumentation documentée.
On peut distinguer la connaissance théorique de la connaissance pratique, cette seconde étant plus proche du savoir faire.
Dans le premier cas, connaître s'oppose à agir, dans la mesure où la connaissance théorique est désintéressée, alors que l'action vise un objectif pratique
La connaissance, pour mériter ce nom, requiert un fondement rationnel qui garantit sa vérité. En cela, elle s'oppose à la croyance et à la foi. La croyance, en effet, peut toujours se passer de certitude et n'a de ce fait pas besoin d'être absolument fondée. La foi, qui quant à elle est certaine, présuppose un fondement, mais ce fondement n'est pas nécessairement rationnel.
Pour les mêmes raisons, on peut opposer la connaissance à l'opinion, qui peut se passer de fondement rationnel.
La connaissance, enfin, doit être connaissance vraie. C'est précisément la vérité de ce qu'elle énonce qu'il s'agit de garantir en fondant la connaissance. Remarquons enfin que si l'opinion peut se passer de fondement absolue, rien ne lui empêche d'être une opinion vraie.
Le doute est synonyme d'absence de certitude. Il est dans cette perspective un état de conscience ou même un état de fait. (pensons par exemple à l'expression : « semer le doute «)
Le fait de douter, en revanche, n'est pas un état de conscience ou de fait, mais une attitude.
On peut, dans ce second cas, distinguer le doute sceptique, qui consiste à suspendre tout jugement, ce qui revient à admettre la faiblesse de notre raison à produire des connaissances vraies, et le doute méthodique attaché à la tradition cartésienne, qui pour sa part consiste à faire table rase des opinions.
Si le doute sceptique n'aboutit jamais à des connaissances certaines, le doute méthodique est toujours provisoire et vise au contraire l'établissement de connaissances certaines. Il est donc bien une méthode, un moyen en vue d'une fin.
Problématisation :
Une première interprétation du sujet peut être la suivante : demander si connaître implique de douter, c'est, étant donner que toute connaissance doit être fondée rationnellement pour être véritablement une connaissance et non seulement une opinion, demander s'il est possible d'avoir des connaissances certaines, c'est-à-dire de véritables connaissances. Autrement dit :
I – Y a-t-il des choses dont on ne peut pas douter ?
Une seconde interprétation du sujet nous invite à penser plus précisément le rapport entre la connaissance et le doute. Elles semblent s'exclurent mutuellement : l'état de doute n'est pas compatible avec le fait de connaître quelque chose avec certitude. Pourtant, le doute joue un rôle dans l'établissement des connaissances. La question est alors de savoir où s'arrête le doute et où commence la connaissance certaine. Il nous faut donc déterminer un critère de la connaissance vraie.
II – Quel critère nous permet d'arrêter de douter ?
«
Référence : Hume, Traité de la nature humaine
« C'est seulement par la coutume que nous sommes déterminés à supposer lefutur en conformité avec le passé.
Lorsque je vois une boule de billard semouvoir vers une autre, mon esprit est immédiatement porté par l'habitude àattendre l'effet ordinaire, et il devance ma vue en concevant la seconde billeen mouvement.
Il n'y a rien dans ces objets, à les considérer abstraitementet indépendamment de l'expérience, qui me conduise à former une conclusionde cette nature : et même après que j'ai eu l'expérience d'un grand nombred'effets répétés de ce genre, il n'y a aucun argument qui me détermine àsupposer que l'effet sera conforme à l'expérience passée.
Les pouvoirs parlesquels agissent les corps sont entièrement inconnus.
Nous percevonsseulement leurs qualités sensibles : et quelle raison avons-nous de penserque les mêmes pouvoirs seront toujours unis aux mêmes qualités sensibles ?Ce n'est donc pas la raison qui est le guide de la vie, mais la coutume.
C'estelle seule qui, dans tous les cas, détermine l'esprit à supposer la conformitédu futur avec le passé.
Si facile que cette démarche puisse paraître, laraison, de toute éternité, ne serait jamais capable de s'y engager.
»
Selon Hume, toute connaissance est fondée sur l'habitude.
Autrement dit,aucun fondement ne peut venir de la raison.
Cela signifie qu'une connaissancen'est jamais absolument certaine.
Je ne peux par exemple pas garantir que lesoleil se lèvera demain.
Certain répondront sans doute que la physique permet d'affirmer avec certitude le contraire.Mais la physique elle-même et ses lois sont fondées sur l'habitude.
Autrement dit, toute connaissance est uneconnaissance empirique, fondée sur l'observation répétée.
Il est par exemple tout à fait possible que le soleil explosependant la nuit.
Il sera alors faux d'affirmer que le soleil se lèvera demain.
Dans cette perspective, le doute signifie l'incertitude inhérente à toute connaissance.
En tant qu'attitude, il est uneforme de l'humilité qui s'oppose au dogmatisme.
Si justement le doute comme état de fait est essentiel à laconnaissance, alors celle-ci implique nécessairement le doute.
Transition :
La position humienne nie le pouvoir de prédiction absolue d'une connaissance.
Mais ces connaissances, si elles nesont pas tournées vers l'avenir et n'essaient pas de le prédire avec certitude, ne peuvent-elle pas pourtant êtreabsolument certaines au moment même de leur affirmation ? N'y a-t-il pas au contraire de ce qu'affirme Hume desconnaissances indubitables ?
II – Je ne peux pas douter que j'existe
Référence : Descartes, Discours de la méthode
« Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu'il n'y avait aucune chose qui fûttelle qu'ils nous la font imaginer.
Et pour ce qu'il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchantles plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes, jugeant que j'étais sujet à faillir, autant qu'aucunautre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations.
Et enfin,considérant que toutes les mêmes pensées, que nous avons étant éveillés, nous peuvent aussi venir quand nousdormons, sans qu'il y en ait aucune, pour lors, qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses quim'étaient jamais entrées en l'esprit, n'étaient non plus vraies que les illusions de mes songes.
Mais, aussitôt après,je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui lepensais, fusse quelque chose.
Et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis était si ferme et si assuréeque toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que jepouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.
»
Supposons que nous acceptons la position sceptique de Hume.
Autrement dit, toute connaissance peut être mise endoute.
Je peux donc douter de tout.
Je peux donc douter du fait même que j'existe.
Mais alors nous demandons :qui dans ce cas doute ? Ne faut-il pas justement que pour douter, moi-même j'existe ? Le doute lui-même, dans cecas, présuppose une certitude : celle de ma propre existence.
Autrement dit, il y a au moins une connaissancecertaine puisqu'elle fonde la possibilité même de douter.
La connaissance que j'existe, que je suis, est indubitable.Par conséquent, toute connaissance n'implique de douter.
III – Quel critère nous permet d'arrêter de douter ?
S'il existe au moins une connaissance indubitable qui est celle de ma propre existence, on y accède pourtant par ledoute lui-même, entendu non pas comme état de cette connaissance mais comme méthode qui me permetsd'accéder à cette connaissance.
La question est alors de savoir à partir de quel moment cette connaissance esttotalement exempte de doute.
Autrement dit, quel est le critère de la connaissance vraie ?
Platon, dans Ménon , tente de distinguer le savoir de l'opinion droite.
Le critère qui nous permet de dire que l'on a affaire à un savoir est la possibilité de fournir une « bonne raison » de ce que l'on avance.
Autrement dit, toute.
»
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