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Dans l'article "Philosophe" de l'Encyclopédie, DUMARSAIS propose cette définition: L'esprit philosophique est donc un esprit d'observation et de justesse, qui rapporte tout à ses véritables principes; mais ce n'est pas l'esprit seul que le philosophe cultive, il porte plus loin son attention et ses soins... C'est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile. Vous appliquerez cette définition aux grands philosophes du XVIIIe siècle.

Publié le 25/01/2010

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esprit

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Le mot « philosophe « est un de ces vocables dont il serait certainement passionnant d'étudier de près les différentes significations. Le philosophe, étymologiquement, c'est l'ami de la sagesse. Chaque fois qu'une époque applique ce terme à certains de ses penseurs, elle révèle par là même sa conception de la sagesse : connaissance des principes de l'univers physique (THALES, ANAXAGORE, ANAXIMANDRE...), initiation au mystère chrétien (saint AUGUSTIN...), etc. Pour LA BRUYÈRE, le « philosophe « se confond avec le moraliste. Mais aucun siècle peut-être plus que le XVIIIe n'a usé et abusé du terme. Aussi faut-il attacher une particulière importance à l'article « philosophe « rédigé par DUMARSAIS pour l'Encyclopédie en 1765.  L'auteur reconnaît tout d'abord à ses amis encyclopédistes un esprit d'observation et de justesse, mais il ajoute que le philosophe de son temps est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile, ce qui est assez nouveau et n'est peut-être pas vrai de tous les grands écrivains du siècle.

Puisque vous n'aurez à procéder qu'à quelques retouches, vous ne sauriez constituer toute une partie critique. Dès lors le texte va vous indiquer à lui seul le plan à suivre :    I. Les qualités intellectuelles du philosophe :    1. L'esprit d'observation;  2. L'esprit de justesse.    II. Les qualités sociales et morales du philosophe :    1. Le souci de plaire;  2. Le souci d'être utile.

esprit

« lois que j'avais décelées.

Voir aussi la rigueur synthétique des Considérations.

Moins apte à se plier à une tellediscipline, DIDEROT aime s'élever de l'étude des faits aux hypothèses les plus hardies; comme D'ALEMBERT, il est un« rêveur » (cf.

le Rêve de d'Alembert).

Il [le génie] s'élève d'un vol d'aigle vers une vérité lumineuse, source de millevérités auxquelles parviendra dans la suite en rampant la foule timide des sages observateurs (art.

« génie », dansl'Encyclopédie). b) Crainte des jugements prématurés.

On connaît la fameuse histoire de la dent d'or, chez FONTENELLE : Oncommença par faire des livres, et puis on consulta l'orfèvre.

Dans le Rêve de d'Alembert, DIDEROT évoque lesophisme de l'éphémère, qui conduit les hommes à échafauder des hypothèses sur leur propre origine sans tenircompte de l'immense durée de l'univers.

MONTESQUIEU, lui aussi, se tient sur la réserve : Il n'appartient de proposerdes changements qu' à ceux qui sont assez heureusement nés pour pénétrer d'un coup de génie toute laconstitution d'un état. c) Le refus des autorités reçues.

On veut juger de tout par soi-même : principe de libre examen, hérité en particulierdu protestantisme (BAYLE...).Autorités littéraires : FONTENELLE est pour les Modernes contre les Anciens.

DIDEROT guerroie contre les « règles »: voir l'article « génie » de l'Encyclopédie et l'annonce de la poésie future dans De la poésie dramatique : La poésieveut quelque chose d'énorme, de barbare, de sauvage.Autorités pseudo-scientifiques : BAYLE, Pensées sur la comète (1682).

VOLTAIRE réduit à ses chétives proportionsle fameux passage du Rhin, que la propagande louis-quatorzienne avait transformé en page d'épopée (Siècle deLouis XIV, ch.

x), etc.Autorités religieuses : toutes les croyances doivent être passées au criblede la raison.

Railleries de BAYLE, FONTENELLE, MONTESQUIEU, VOLTAIRE...

contre les superstitions.

Cf.

DIDEROT,Pensées philosophiques ; MONTESQUIEU, Lettres persanes (24) et l'Esprit des lois : Je me croirais le plus heureuxdes mortels si je pouvais faire que les hommes pussent se guérir de leurs préjugés.Transition.

Ces qualités intellectuelles caractérisent déjà avec bonheur les lumières.

Mais plus caractéristique encoreest le refus de la solitude traditionnelle du philosophe.

Les penseurs du XVIIIe siècle aiment la vie de société et sontmus par un certain idéal moral. II.

Les qualités sociales et morales du philosophe 1.

Souci de plaire. a) Amour de la vie mondaine : à la Cour et aux salons s'ajoutent les clubs et les cafés (voir le Neveu de Rameau, deDIDEROT).

VOLTAIRE et DIDEROT ont l'expérience des Cours.

Beaucoup de ces écrivains sont de beaux esprits :FONTENELLE, le MONTESQUIEU des Lettres persanes, VOLTAIRE (cf.

« le Mondain »).

Même la fougue bohème deDIDEROT est très appréciée.

Seul ROUSSEAU se fait remarquer par son goût de la solitude.b) Volonté de plaire par les écrits.

En cela les « philosophes » demeurent fidèles à l'idéal classique (Molière, etc.).

Ilsle modifient cependant un peu, car leur souci de plaire concerne surtout la forme de leurs oeuvres.

C'est l'époque oùse multiplient les ouvrages de vulgarisation : on veut instruire de façon agréable.

FONTENELLE compose sesEntretiens sur la pluralité des mondes (1686), où en six Soirs il révèle à une marquise les découvertes del'astronomie, tout en entremêlant son exposé de compliments galants.

SAINTE-BEUVE dira de lui qu'il offre desvérités bonbonnière en main, absolument comme on offrirait des dragées ou des pastilles.

De même, MONTESQUIEU(Lettres persanes), VOLTAIRE (Discours en vers sur la philosophie de Newton, Dictionnaire philosophique portatif).Bien des oeuvres de VOLTAIRE ont l'apparence d'un divertissement (Contes...).

Mme DU DEFFAND voyait dansl'Esprit des lois « de l'esprit sur les lois », ce qui surprend un peu, mais révèle ce que le public attendait dans laproduction philosophique. 2.

Souci d'être utile. a) Passion de la bienfaisance.

Développement de l'esprit philanthropique.

Les « philosophes » proclament leur amourde l'humanité entière et rejettent tout nationalisme.

Dans ses Cahiers, MONTESQUIEU écrit : Si je savais quelquechose qui me fût utile, et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit.

Si je savais quelquechose utile à ma famille, et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier.

Si je savais quelque chose utile àma patrie, et qui fût préjudiciable à l'Europe, ou bien qui fût utile à l'Europe et préjudiciable au genre humain, je laregarderais comme un crime.

Il s'indigne que les chrétiens ne soient pas meilleurs citoyens, considère le civismecomme la grande vertu républicaine.A Ferney, VOLTAIRE s'occupe de ses gens, veille à la prospérité économique, fait régner la tolérance.

Il défendCalas, Sirven, La Barre, Lally-Tollendal.

Cf.

son Épître à Horace :J'ai fait un peu de bien, c'est mon meilleur ouvrage.DIDEROT : Je me détourne doucement des méchants, je vole au-devant des bons.

— Le spectacle de l'équité meremplit d'une douceur, m'enflamme d'une chaleur et d'un enthousiasme où la vie, s'il fallait la perdre, ne me tiendraità rien.Lecture : Voir ROUSSEAU, « Huitième Promenade »... b) Goût d'une littérature engagée.

Le caractère le plus général des oeuvres du XVIIIe siècle est l'engagement.Souvent, la littérature engagée vieillit très vite; mais celle de ce temps a en partie échappé au sort commun parceque l'on s'y bat pour la défense de l'homme en ce qu'il a de plus humain : raison, liberté...

MONTESQUIEU affirme,dans la Préface de l'Esprit des lois : C'est en cherchant à instruire les hommes que l'on peut pratiquer cette vertu. »

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