DAMIEN Pierre (1007-1072) évêque d' Ostie, cardinal en 1057, représente la réaction de l'ascétisme contre l'humanisme médiéval.
Publié le 21/10/2012
Extrait du document
«
ABÉLARD Pierre (ro7g-r 142) fut d'abord à Paris l'élève de Guillaume de Champeaux, qu'il ne tarda guère à sup planter; après la célèbre histoire d'amour avec Héloïse, qui se situe vers r r r 3, Abé lard enseigna successivement à Nogent, au « Paraclet », puis de nouveau à Paris où il mourut.
Son œuvre, à la fois phi losophique et théologique, comprend essen tiellement le Sic et Non, la Dialectica, des Gloses, la Theologia Christiana et l'Ethica.
Il doit sans doute à l'âpre controverse qui l'opposa à Guillaume de Champeaux sur le problème des univer saux le début de sa renommée.
Le pro blème, déjà posé par Porphyre, était de savoir si les universaux, qui renvoient
aux genres et aux espèces des êtres natu rels, existent dans la réalité ou seulement
dans la pensée; pour Guillaume, l'uni versel est une réalité « tout entière à la fois dans chacun des individus d'une même espèce ».
Abélard reprend les objections du Parménide : comment le même universel peut-il être tout entier en lui-même et tout entier en chacun des individus dont il est le genre ou l'espèce? De plus, si l'on définit, par exemple,
l'homme comme un animal raisonnable,
comment expliquer la coexistence en lui de deux universau" qui s'exclueront par
ailleurs chez le cheval? La solution
d'Abélard est remarquable en Cti sens
qu'elle dépasse l'opposition réalisme nominalisme et, par une anafyse de l'ab straction, jette les bases d'une explication
psychologique des idées.
L'universel a
bien une certaine réalité, mais unique ment à titre de concept prédicatif: il
exprime une qualité qui peut se dire de plusieurs choses, mais il n'a pas de sens si on le sépare de ces choses.
Comment un universel se forme-t-il? Nos per ceptions produisent en nous des images;
elles peuvent subsister à titre individuel
et constituer
des objets de pensée singu liers, ou s'unir en représentations plus
imprécises, plus générales.
Les universaux
ne sont ainsi que « le sens des noms » (nominum significatio) et il ny a de connaissance réelle que du particulier; la solution d'Abélard a certainement
contribué à rendre son autonomie à la
logique, et fait de lui un précurseur direct
de Guillaume d'Occam.
Le même génie
et la même fougue caractérisent son œuvre proprement théologique.
S'il a
vivement attaqué les dialecticiens (comme
Roscelin),
donné la chasse aux hérésies
sur la Trinité et protesté de sa soumission
à l'autorité, il est vrai aussi qu'il afait du Timée un commentaire singulièrement
hardi, s'attachant à y retrouver tous les détails du dogme.
Mais c'est dans son E thica que ses véritables tendances
apparaissent le plus nettement : seule l'intention permet de juger la valeur morale d'un acte, le péché naît d'un désaccord entre la représentation du juste
et notre conduite; ce qui l'amène à rejeter la transmission de la faute originelle et la doctrine de la réversibilité des mérites du Christ sur chaque chrétien.
Ces thèses difficiles à apprécier, qui dévaluent la grâce au profit de la connaissance et ont un relent de pélagianisme, expliquent la condamnation que l'attention vigilante de saint Bernard valut à Abélard.
(M.C.)
JEAN DE SALISBURY (r r ro-r r8o) fut l'élève d'Abélard et de Guillaume de Conches, le secrétaire de Thomas
Beckett, et mourut évêque de Chartres.
L'humanisme de l'Ecole de Chartres
s'épanouit dans son Policratus et son Metalogicus, nourri des poètes de l'Antiquité, de Sénèque et de Cicéron.
Sous l'influence de ce dernier, Jean de Salisbury professait un relatif scepti cisme, prônant le doute en toutes matières où nous ne pouvons atteindre à la certitude
par les sens, la raison ou la foi.
Ainsi du problème des universaux, posé de telle
manière qu'il est insoluble : nous ne pouvons décider de leur nature, mais
seulement de leur rapport à l'esprit.
Le doute n'exclut pas l'effort de connais sance, mais l'appelle au contraire : le dogmatisme est fruit de l'ignorance.
D'où la valeur reconnue aux sciences profanes, à la logique même, instrument de l'argumentation.
( H.D.)
ALAIN DE LILLE (rrr4-I203) qui fut un temps évêque d'Auxerre, mourut à Cîteaux.
Il se proposa, dans le
De Fide Catholica, de lutter contre les hérétiques en donnant à la théologie une rigueur quasi scientifique : l' apolo gétique procède de manière déductive, à partir de l'axiome premier qui dijinit la Monade, c'est-à-dire Dieu lui-même
qui produit le multiple, principe et fin
à la fois, sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part.
Formule que Pascal rendit célèbre, et qu'Alain avait
lui-même empruntée à un ouvrage apo cryphe.
Le De Planctu Naturae présente Dame Nature, source infiniment
féconde en même temps que loi des choses - à laquelle l'homme prétend échapper- ouvrière de Dieu : « L 'opé ration de Dieu est simple, la mienne
multiple.
» Expression d'un rationalisme
inspiré de Proclus, mais qui ne prétend
qu'à atteindre le probable et accepte de se soumettre à la théologie.
( H.D.)
AMAURY DE BENE (?-r2o7) dont, en 1210, les ossements furent
exhumés et livrés aux flammes lorsque sa doctrine fut condamnée au Synode de Paris avant de l'être au Concile de Latran en r 2 r 5, sous le Pontificat
d'Innocent III.
Les Amauriciens pro fessaient l'assurance complète que, par
la révélation d'Amaury, est né le règne du Saint-Esprit qui doit remplacer
l'Eglise.
JOACHIM DE FLORE (r 145- 1202) de retour de la Terre Sainte, se fit moine cistercien.
Son rigorisme l'incita
à établir au monastère de Saint-Jean de-Flore, en Calabre, une congrégation
nouvelle.
On retrouve le même souci de rijôrme spirituelle dans ses nombreux
écrits, souvent violents, volontiers apoca
lYPtiques : Concorde des Deux Evan giles, Commentaire de 1 'Apocalypse.
Joachim de Flore prophétisa une trans
formation radicale de l'Eglise, véritable
révolution ouvrant une ère nouvelle, celle de l'Evangile éternel, qui accom plira le Christianisme.
Le règne futur de l'Esprit, déjà inscrit, comme en négatif, dans le présent - l'Eglise - achèvera l'histoire du Salut.
( H.D.)
LA PHILOSOPHIE EN ISLAM
PHILOSOPHIE JUIVE ET BYZANTINE
AL KINDI (?-872) mathématicien très soucieux de connais sances positives, est le premier des péri patéticiens arabes connus.
Ses vues sur
l'opération intellectuelle impliquaient une théologie qui fut développée plus tard
par Al Farabi.
AL FARABI (?-gso) originaire de la région de Farab (Turkes tan}, s'instruisit à Bagdad sous des maîtres chrétiens dans la philosophie et
la science grecques, et vécut plus tard en Syrie.
Mathématicien, médecin, musi- cien,
son œuvre philosophique considé rable reflète l'influence
d'Aristote (à qui il emprunta sa théologie astrale), celle de Plotin par la pseudo-théologie
d'Aristote, et celle de Platon : « Dieu
étant de tout est sans aucun voile; il n'a aucun accident sous lequel il se cache, il n'est ni près, ni loin, il n y a aucun intermédiaire entre lui et nous.
» Il fut le maître d'Avicenne.
AVICENNE (g8o-ro37) Avicenne (Ibn Sînâ} est un des plus
grands noms de la philosophie en
Islam.
On souligne à dessein cette expression comme étant la mieux appro priée à la réalité des faits.
La qualifica tion arabe rifère à la langue dans
laquelle furent écrites les œuvres majeures
(dont quelques-unes traduites en Occident au xu• siècle), c'est-à-dire à l'arabe comme « langue liturgique » de l'Islam au même titre que le latin pour la chré tienté.
Mais quand un concept religieux
passe par une laïcisation, il serait abusif de l'employer encore dans un sens qui le déborde.
Aussi bien s'en faut-il de beaucoup que les maîtres qui ont illustré'
375.
»
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