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Croire, est-ce renoncer a l'usage de la raison ?

Publié le 20/08/2005

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[Pour le croyant, la raison ne peut pas saisir le mystère de la foi. Pour les philosophes des Lumières, la religion est contraire à la raison et relève de la superstition.] [Les grands docteurs de l'Église font la synthèse de la foi et de la raison, tandis que les philosophes rationalistes, tel Descartes et Spinoza, postulent l'existence d'un Dieu créateur.]
Nous sommes souvent amené à croire sans savoir, chaque fois que nous émettons une opinion sur un sujet sans avoir d’éléments suffisants pour en juger correctement. Il semble donc évident qu’il y a une opposition entre croire et savoir.
Pourtant, il n’est pas sûr pour autant que croire amène à renoncer à savoir. Comment être sûr que le savoir ne pourra jamais être atteint ? Qu’est-ce qui peut nous obliger à seulement croire ? Ne faut-il pas au contraire toujours chercher à savoir ?
Il faudra alors remettre en cause la stricte opposition entre les deux termes du sujet. Croire, n’est-ce pas assentir, donner son adhésion à quelque chose, qu’il s’agisse d’une simple opinion ou d’un véritable savoir ? Mais alors, n’y a-t-il pas une progressivité de l’un à l’autre terme, bien plutôt qu’une opposition ? Ou ne faut-il pas plutôt dire que croyance et savoir ne sont pas sur le même plan ?
 


« conscience inversée du monde », parce que le monde de l'homme, l'Etat, la société sont eux-mêmes « un monde à l'envers ».

Si la religion est « la réalisation fantastique de l'être humain », c'est parce que « l'être humain ne possède pas de vraie réalité ».

Autrement dit, l'aliénation religieuse est le produit de la pauvreté effective de l'homme : « La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée,l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu.

Elle estl'opium du peuple ».

Aliéné économiquement, exploité socialement, l'homme réalise de manière fantastique son essence dans un monde imaginaire.

C'est pourquoi lutter contre la religion, c'est « indirectement lutter contre ce monde-là dont la religion est l'arôme spirituel ».

Ainsi, à travers la critique de la religion, la critique doit atteindre la situation réelle de l'homme : « L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.

Exiger qu'il renonce aux illusions sur sasituation, c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions.

La critique de la religion estdonc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole. » Supprimer l'illusion religieuse, c'est donc exiger le bonheur réel.

Dépouiller « les chaînes des fleurs imaginaires », c'est du même coup inviter l'homme à rejeter « les chaînes » et cueillir « les fleurs vivantes ».

Plus fondamentalement, détruire les illusions de l'homme c'est le rendre à sa vraie réalité « pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l'âge de raison,pour qu'il gravite autour de lui-même, cad de son soleil réel ».

C'est donc d'une véritable « révolution copernicienne » qu'il s'agit : passer de la religion , « soleil illusoire qui gravite autour de l'homme » à l'homme qui gravite « autour de lui-même ». Pour Marx , il s'agit donc d'aller plus loin que la simple critique de la religion à laquelle Feuerbach s'arrêtait : il faut aller jusqu'à la critique pratique du monde réel, cad jusqu'à la transformationrévolutionnaire de la société. « La religion est la théorie générale de ce monde , sa sommeencyclopédique, sa logique sous forme populaire, son pointd'honneur spirituel, son enthousiasme, sa sanction morale,son complément solennel, sa consolation et sa justificationuniverselles.

Elle est la réalisation fantasmagorique del'essence humaine, parce que l'essence humaine ne possèdepas de vraie réalité.

Lutter contre la religion, c'est doncindirectement lutter contre ce monde-là dont la religion estl'arôme spirituel.La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de ladétresse réelle et, pour une autre, la protestation contre ladétresse réelle.

La religion est le soupir de la créatureopprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle estl'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu.

Elle estl'opium du peuple.L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire dupeuple est l'exigence que formule son bonheur réel.

Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation, c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoind'illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont lareligion est l'auréole.

» Marx. Marx mène une critique politique de la religion comme idéologie, une critique de son instrumentalisationpolitique, et notamment de sa fonction d'aliénation : l'homme devient étranger à lui-même, au lieu de réaliserson essence.

Mais le matérialisme abstrait et statique de Feuerbach ne lui suffit pas ; Marx veut expliquerpourquoi l'homme s'aliène dans la projection religieuse : c'est parce que sa vie réelle est invivable.

Si la religionest une conscience inversée du monde, cette inversion n'est pas due à la conscience elle-même, mais estproduite par un monde social qui est lui-même à l'envers.

C'est donc en partant de la réalité matérielle queMarx déploie sa critique, et en mettant à jour les contradictions inhérentes aux conditions sociales de vie :son matérialisme est par conséquent concret & dialectique.La religion peut être définie par son effet d'assouplissement de conscience, d'oubli de soi et de sa propreréalité.

Elle prêche en effet aux pauvres la résignation à leur condition misérable, dans l'attente de l'au-delà ;et cette double fonction de consolation et de production d'une espérance entrave leurs luttes pour unchangement réel de la société.Marx ne se contente pas de critiquer les effets socio-politiques de la religion : il prône la mise en pratique desconditions de son abolition.

Mais, à la différence de Feuerbach, il lui semble vain de lutter contre la religion quin'est elle-même qu'un effet de la misère : mieux vaut lutter directement contre la société qui engendre cettemisère, afin que la religion tombe comme un fruit mûr.. »

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