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CRITIQUE KANTIENNE DE LA MÉTAPHYSIQUE

Publié le 24/03/2015

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TEXTE

La métaphysique, cette science tout à fait à part qui consiste dans des connaissances rationnelles spéculatives et qui s'élève au-dessus des instructions de l'expérience en ne s'appuyant que sur de simples concepts (et non pas comme les mathématiques en appliquant ces concepts à l'intuition) et où par conséquent la raison n'a d'autre maîtresse qu'elle-même, cette science n'a pas encore été assez favorisée du sort pour entrer dans le sûr chemin de la science. Et pourtant elle est plus vieille que toutes les autres et elle subsisterait toujours alors même que celles-ci disparaîtraient toutes ensemble dans le gouffre de la barbarie. La raison s'y trouve continuellement dans l'embarras... Quant à mettre ses adeptes d'accord dans leurs assertions, elle en est tellement éloignée qu'elle semble n'être qu'une arène exclu­sivement destinée à exercer les forces des jouteurs et où aucun champion n'a jamais pu se rendre maître de la plus petite place...

(Kant, Critique de la raison pure,

 

préface de la 2e édition.)

Ces quelques lignes extraites de la préface de la deuxième édi­tion de la Critique de la raison pure nous ont permis de dégager quelques idées fondamentales de Kant.

                   L'opposition entre la validité de la science qui certes suppose les synthèses a priori de notre entendement, mais s'appuie dans son effort de rationalisation sur le donné intuitif ; et la vanité de la métaphysique qui opérant en dehors de toute intuition ne rencontre que le vide.

 

                   La persistance de l'illusion métaphysique qui exprime une tendance à l'unification invincible dans la raison humaine. C'est la raison qui invente le fantôme de l'âme-substance parce qu'elle suppose réalisée l'unification complète de mes états d'âme dans le temps ; c'est la raison qui non contente de découvrir dans les phénomènes du monde l'occasion d'appliquer son exigence de causalité, invente une causalité du monde, un fondement unique — Dieu — à tout ce qui se passe dans l'univers. La méta­physique n'est pas une illusion du coeur, mais une illusion de la raison.

« COMMENTAIRE a) Situation du texte Les premières pages de la préface à la deuxième édition (1787) de la Critique de la raison pure rappellent les conquêtes solides de la raison humaine au cours de l'histoire ; d'abord la logique inchangée depuis Aristote qui doit sa rigueur et sa certitude à ceci que «l'entendement ne s'y occupe que de lui-même et de sa forme».

Puis les mathématiques qui travaillent sur un objet (par exemple la géométrie étudie des figures dans l'espace) mais de telle sorte que le mathématicien construit a priori son objet et n'en «dégage que ce que lui-même y fait entrer par la pensée»; enfin la physique qui suppose l'expérience, mais une expérience ordonnée, rationalisée par des concepts de sorte que «la raison prend les devants avec les principes qui déter­ minent ses jugements selon des lois constantes et force la nature à répondre à ses questions».

En logique, en mathéma­ tiques, en physique tous les esprits compétents parviennent à un accord, aboutissent aux mêmes théorèmes ou au mêmes lois; et cet accord est un signe ou tout au moins une solide présomption de vérité.

Mais que dire de la métaphysique? b) Explication détaillée du texte ...

La métaphysique qui consiste dans des connaissances rationnelles spéculatives ...

Expliquons ces termes qui cernent le champ de la métaphysique avec rigueur.

Bien que la méta­ physique soit apparentée à la religion par son objet (il s'agit de l'âme, du monde comme totalité, de Dieu) elle en diffère par sa méthode.

La religion repose sur la révélation (c'est-à-dire sur le témoignage des textes sacrés) alors que la métaphysique prétend nous enseigner par les seules forces de la raison ce que sont l'âme, le monde et Dieu.

Les prétendues connaissances métaphysiques sont des connaissances rationnelles.

C'est la prétention de la raison à connaître l'absolu que Kant va sou­ mettre à sa critique.

Précisons encore qu'il s'agit de connais­ sances spéculatives, théorétiques qui se proposent simple­ ment de déterminer leur objet, tandis qu'une discipline pratique (et non spéculative) comme la morale veut réaliser son objet, traduire dans une action concrète une idée de la raison .

...

La métaphysique qui s'élève au-dessus des instructions de l'expérience en iie s'appuyant que sur de simples concepts (et non pas comme les mathématiques en appli· quant ces concepts à l'intuition).

Rappelons que pour Kant il y a trois sortes de jugements : Des jugements analytiques qui sont a priori (quand je dis que les corps sont étendus il me suffit pour trouver l'étendue d'analyser le concept de corps : l'étendue s'y trouve impliquée) des juge- 123. »

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