Critique de la faculté de juger (explication de texte)
Publié le 01/12/2014
Extrait du document
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pour pouvoir transmettre du mouvement à une autre (un engrenage par exemple), mais le
ressort n'est pas « la cause efficiente de la production » de l'engrenage.
En d'autres
termes, il y a bien une finalité qui régit l'organisation de la montre, dont chaque partie
avec sa forme propre remplit une fonction spécifique par rapport aux autres et au tout de
la montre, mais cette finalité est purement externe : elle n'est pas imputable à la nature du
métal dont se compose le ressort, ni à aucune autre spécificité de la machine, mais au
projet de l'horloger qui a conçu chacune des parties de l'objet et les a assemblées dans le
but de donner naissance à une machine susceptible de mesurer le temps qui passe.
b) La cause efficiente externe
Ainsi, la « cause efficiente », c'est-à-dire la « cause productrice » des parties de la montre
ne se trouve pas dans la montre elle-même comme tout, ni dans aucune de ses parties en
particulier.
La cause efficiente de la montre lui est externe ou, comme le dit Kant, tout à
fait « en dehors d'elle » : cette cause efficiente, qui fait de la montre ce qu'elle est, n'est
pas dans la montre même mais dans un être capable d'agencer des moyens en vue d'une
fin inventée, bref, dans l'esprit d'un homme.
Chacune des parties d'une machine
quelconque ne doit son existence et son agencement avec les autres qu'à l'inventivité et au
savoir-faire d'un l'artisan, dont la machine accomplit l'intention : c'est parce que l'horloger
veut un appareil indiquant l'écoulement du temps que la montre est constituée de cette
façon ; en d'autres termes, sa cause efficiente est externe, tout comme lui est externe sa
finalité.
2.
La finalité interne des êtres vivants
a) Le vivant cause et fin de lui-même
Or cette absence de toute force interne de production dans les machines humaines les
distingue radicalement des êtres vivants : aucun artisan n'est la cause de la production de
leurs organes, ni de leur agencement, ni de leur remplacement ou de la réparation de ceux
qui remplissent mal ou ne remplissent plus leur fonction, mais c'est le vivant lui-même
qui produit ses parties, se reproduit et « se répare », bref, qui se fait exister et persévérer
dans l'existence de manière spontanée : qu'un être vivant se blesse par exemple, et les
tissus lésés vont peu à peu se reconstituer et se cicatriser d'eux-mêmes, sans intervention
extérieure.
Ou encore, comme le disait Aristote, le médecin peut bien soigner, mais c'est
la nature et elle seule qui guérit : l'homme de l'art ne fait qu'accélérer et faciliter un
processus naturel parfaitement autonome.
De même, il n'y a que dans le vivant qu'on
observe ce qu'on pourrait appeler des processus de compensation ou de correction, quand
un organe est artificiellement ôté ou simplement défectueux.
Ainsi, par exemple, aussi
étonnant que cela puisse paraître, un homme peut tout à fait vivre sans cet organe
pourtant fondamental pour la digestion qu'est l'estomac : une poche de substitution se
formera peu à peu d'elle-même dans ses intestins, qui assumera tant bien que mal la
fonction de l'estomac manquant.
Tous ces phénomènes, que l'observation de la nature
organisée nous révèle, une machine en est incapable, dans la mesure où elle ne doit sa
forme et son existence qu'à l'intervention extérieure de l'esprit et de la main de l'artisan.
Tel est donc le propre de la bien nommée « nature organisée » : elle s'organise elle-
même, par elle-même.
Ses « parties » sont des organes autoformés, et non des rouages
fabriqués de l'extérieur.
Bref, elle est caractérisée par une finalité interne, quand la
machine possède tout au plus une finalité externe, celle que lui donne l'artisan, ni plus ni.
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