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COUSIN Victor : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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COUSIN Victor (1792-1867). Philosophe officiel de la monarchie de Juillet, Victor Cousin offre un rare exemple de magistrature intellectuelle : il a accumulé les honneurs et les charges, tenu le rôle de maître de l’éclectisme et magnifiquement incarné l’idéal de l’intellectuel libéral.
 
Issu d’un milieu très humble — il était le fils d’un ouvrier joaillier —, il doit à la protection de bourgeois parisiens, les Viguier, de pouvoir suivre des études secondaires au lycée Charlemagne. En 1810, il entre à l’Ecole normale supérieure. Il y rencontre Laromiguière, qui lui fait découvrir la philosophie. Chargé de remplacer Villemain pour le cours de grec à l’E.N.S. en 1812, il devient maître de conférences en philosophie en 1813.
 
Il fréquente Royer-Collard, introduit en France la philosophie écossaise et allemande, notamment Kant, Schelling et Hegel. Il professe à la Sorbonne, d’où ses opinions libérales le font chasser en 1820. Il se rend en Allemagne, où il est emprisonné pendant six mois pour agitation politique; Hegel le fait libérer. De retour en France, il traduit Platon, édite Descartes, côtoie toutes les figures marquantes du libéralisme et de l’opposition doctrinaire.
 
Réintégré par Martignac, il acquiert un prestige égal à celui de Villemain ou de Guizot. 1830 le consacre définitivement : Académie française; Chambre des pairs; direction de l’E.N.S.; Conseil d’État; Conseil supérieur de l’instruction publique; présidence du jury d'agrégation (pendant vingt-cinq ans!); poste de ministre dans le second gouvernement Thiers, en 1840.
 
Après 1848, il se retire, conservant cependant son appartement de fonction à la Sorbonne, où il mène une vie paisible de célibataire galant et de bibliophile, n’écrivant plus que des ouvrages mondains sur les grandes dames du Grand Siècle. Ces monographies sur Jacqueline Pascal (1853), Mme de Sablé (1854), Mme de Haute-fort, Mme de Chevreuse (1856), M,le de Scudéry (1858) et Mme de Longueville (1859) lui conviennent mieux,


« Allemagne, où il est emprisonné pendant six mois pour agitation politique; Hegel le fait libérer.

De retour en France, il traduit Platon, édite Descartes, côtoie toutes les figures marquantes du libéralisme et de l'opposition doctrinaire.

Réintégré par Martignac, il acquiert un prestige égal à celui de Villemain ou de Guizot.

1830 le consacre définitivement : Académie françai,se; Chambre des pairs; direction de I'E.N.S.; Conseil d'Etat; Conseil supérieur de l'Instruction publique; présidence du jury d'agréga­ tion (pendant vingt-cinq ans!); poste de ministre dans le second gouvernement Thiers, en 1840.

Après 1 848, il se retire, conservant cependant son appartement de fonction à la Sorbonne, où il mène une vie paisible de célibataire galant et de bibliophile, n'écri­ vant plus que des ouvrages mondains sur les grandes dames du Grand Siècle.

Ces monographies sur Jacque­ line Pascal ( 1853), Mme de Sablé (1854), Mm• de Haute­ fort, Mme de Chevreuse ( 1856), M11e de Scudéry (1858) et Mme de Longueville (1859) lui conviennent mieux, disent ses détracteurs, que la haute philosophie à laquelle il s'était consacré, remaniant sans cesse ses cours pour les publier à intervalles réguliers.

Ultime honneur: en 1864, de son vivant, on donne son nom à la rue sur laquelle s'ouvre la Sorbonne.

L'éclectisme cousinien constitue pendant toutes ces années la doctrine de l'Université, chargée du monopole de l'enseignement philosophique.

Discipline étroitement surveillée, la philosophie doit véhiculer un certain nom­ bre de principe� et de préceptes sur le mode de la certi­ tude et conférer au pouvoir légitime le sceau de la conformité aux vraies valeurs : le Vrai, le Beau, le Bien.

En réaction contre la critique destructrice des Lumiè­ res, le spiritualisme vise à restaurer une métaphysique consommable.

Il s'agit de composer un système rassu­ rant à partir de toutes les doctrines existantes, en le présentant comme 1' aboutissement nécessaire d'une méthode rigouteuse de pensée, donc de conforter et d'exalter l'ordre social, manifestation concrète de la jus­ tesse du système spirituel.

En affirmant.

lors de son premier cours à la Sorbonne : « Soutenons la liberté française.

encore mal affermie et chancelante, au milieu des tombeaux et des débris qui nous environnent, par une morale qui l'affermisse à jamais; et cette morale, demandons-la, messieurs, à cette philosophie généreuse, si honorable à 1' humanité, qui, professant les plus nobles maximes, les trouve dans notre propre nature», Cousin trace un programme qu'il res­ pectera point par point.

Il croit à une vérité philoso­ phique éternelle dispersée dans les divers systèmes : la philosophie esl inséparable de sa propre histoire; au cours des siècles, elle a décliné tous les cas de l'univer­ sel, autrement dit l'existence d'un être infini, la réalité des êtres et des choses, la valeur absolue du Bien, l'exis­ tence d'un Beau référentiel.

L'histoire de la philosophie va de pair avec une philo­ sophie de l'Histoire, qui se définit dès lors comme syn­ thèse des étapes de la perfectibilité humaine.

La philo­ sophie modern:, héritière de tous les porte-parole de l'humanité pen>ante, parle pour tout le genre humain et donc peut légiférer pour lui.

L'éclectisme devient bien alors la philosophie du juste milieu : ne garder que ce que l'on croit ê:re le meilleur pour parvenir à l'équilibre.

Les principes ordonnateurs d'une telle construction sont simples : accorder les évidences découvertes par le sens commun avec les règles de la raison, passer de l'expérience à l'affirmation d'un absolu, allier la sensibi­ lité, la volo ntt· et la raison.

Ce faisant, Cousin entre en conflit ave.; la théologie, alors même qu'il réfute constamment l'athéisme.

En fait, il entend instaurer la prééminence du philosophe, nouveau prêtre laïque.

L' Église l'accusera de panthéisme.

On serait plutôt tenté de voir dans l'éclectisme spiritualiste la tentative de fon­ dation d'un nouveau cartésianisme capable de remplacer la religion tout en la respectant.

A cet égard, le spiritua­ lisme cousinien connaîtra un réel succès : il dQnne un corps de doctrine à un groupe social, celui des profes­ seurs de l'Université bourgeoise.

L'échec philosophique (et non sociologique) du cou­ sinisme, qui ne lui survivra pas et qui ne franchira pas les frontières de la France louis-philipparde, réside dans l'impossibilité de fonder de nouveaux concepts.

En com­ binant l'observation de type scientifique et la réflexion métaphysique, Cousin vise à définir une psychologie selon laquelle la raison s'identifie à la conscience, d'où procède la réalité par induction conceptuelle à partir des faits de conscience.

A la réflexion philosophique Cousin substitue une simple rhétorique, voire une scolastique, condamnée à affirmer et réitérer : Dieu, le moi et le monde se justifient l'un l'autre, et ainsi s'explique l'état des choses.

La philosophie cousinienne apparaît alors pour ce qu'elle est vraiment : une idéologie.

Certes, on peut relever une évolution dans cette pensée au travers des principaux ouvrages, qui ne font qu'élaborer et reprendre les mêmes préoccupations.

Le cours de 1818, Du Vrai, du Beau, du Bien, est constam­ ment réécrit, 1 'Introduction à l'histoire de la philosophie de 1829 devient, après modifications, 1' Histoire générale de la philosophie en 1863.

On distingue généralement trois périodes principales : de 1815 à 1827.

Cousin s'en tient à dégager la vérité éparse dans les divers systèmes; en 1828, il considère que la philosophie moderne doit ajouter son apport spécifique grâce à sa propre synthèse; à partir de 1829, il ramène 1' ensemble du débat philoso­ phique et son histoire à la récurrence d'un cycle éternel qui voit se succéder sensualisme, idéalisme, scepticisme et mysticisme.

De plus, conscient des insuffisances conceptuelles de ses amalgames, il tente de constituer la notion de raison impersonnelle, qui reste parfaitement obscure.

Tout cela importe peu en regard de la fonction assu­ mée par la philosophie cousioienne : proposer une réflexion élégante et sans problèmes aux gens du monde, fournir un cadre idéologique à la classe dominante, suffi­ samment rigoureux pour maintenir les principes moraux indispensables pour régir une société, suffisamment sou­ ple pour intégrer les réformes prudentes rendues néces­ saires par le progrès matériel.

De ce point de vue, l'éclec­ tisme cousinieo constitue, avec le positivisme, la philosophie bourgeoise du Xtx< siècle, expression ache­ vée du pouvoir sans partage exercé par une classe sûre d'elle.

BIBLIOGRAPHIE Œuvres.

-qn peut trouver l'éd it io n des Œuvres complètes en 12 volum es.

Ed.

Anthropos.

1968-1971.

Par ailleurs, les Frag­ ments philosophiques pour servir à l'histoire de la philosophie ont été réédités en fac -simi lé , Genève, Sla tki ne , 1971.

Études.

-A.

Marras t, Examen critique du cours de M.

Cousin, 1828; J.

Dam ir on .

Essai sur l'histoire de la philosophie en France au XIX' siècle, t834 (deux volumes); V.

Bers ot, Victor Cousin et la philosophie de notre temps, 1880; Vincen�o Gio­ berti, Considérations sur la doctrine religieuse de M.

Victor Cousin, 1884; P.

Janet, Vict or Cousin er so11 œuvr e, 1885; J.

Simon, Vic to r Cousin, 1887: J.

Barthélemy Saint-Hilaire, Monsieur Victor Cousin, !895; J.

Pommier,. »

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