Cours sur le DÉSIR - Philosophie
Publié le 04/09/2023
Extrait du document
«
Le désir
A.Définition :
Le désir est une tension née d’un manque qui vise un objet ou un sujet dont la
possession est susceptible de procurer de la satisfaction, donc du plaisir.
Désirer signifie être à la recherche de ce dont on manque et dont le manque
provoque de la souffrance.
Aussi longtemps que l’objet convoité n’est que
désiré (donc aussi longtemps que le désir n’est pas satisfait) le plaisir n’est que
présupposé.
C’est la raison pour laquelle la possession de l’objet visé n’est que
susceptible de mettre un terme à la souffrance provoquée par le manque.
Le
désir est une impulsion d’une force que l’on constate en nous et qui nous
conduit à tendre vers un objet ou un sujet.
Cette force active anime le sujet
qui l’éprouve.
Désirer, c’est donc à l’origine constater que l’on désire, que ça
désire en nous : on ne choisit pas de désirer telle ou telle chose, on constate
que l’on éprouve du désir pour telle ou telle chose comme si le désir s’était
construit en nous, par-delà notre volonté.
Le désir est donc, irraisonné,
irréfléchi, il nous possède et nous n’en sommes pas maîtres au départ.
Pour
maîtriser ses désirs, il est donc nécessaire d’en prendre conscience, de les
penser, de les raisonner.
Selon Schopenhauer, la réalisation d’un désir : « c’est comme l’aumône que
l’on jette à un mendiant, elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa
misère jusqu’à demain ».
Selon Schopenhauer, le désir est la manifestation
d’une force aveugle qui anime tout ce qui existe (minéraux, animaux,
hommes).
Cette force, Schopenhauer la nomme « le vouloir-vivre »
Schopenhauer : « Vouloir, s’efforcer, voilà tout leur être ; c’est une soif
inextinguible »
2) Concepts
Particulier
Universel
Manque
Besoin
Subjectif
Objectif
Naturel
Artificiel
Passion
Raison
3) Textes :
Le mythe d’Aristophane :
Ce dernier raconte qu’à l’origine, les êtres étaient des sphères composées de
quatre bras, quatre jambes, deux Têtes, deux sexes (sexes opposés ou mêmes
sexes).
Ayant voulu défier les Dieux, ces derniers punirent les sphères et les
coupèrent en deux.
Depuis chacun recherche la partie de sa sphère qui lui
manque.
Le désir amoureux procéderait d’une unité originelle qui aurait été
perdue.
Tout sentiment de peine est inséparable du désir de s'en délivrer ; toute idée
de plaisir est inséparable du désir d'en jouir ; tout désir suppose privation, et
1
Le désir
toutes les privations qu'on sent sont pénibles ; c'est donc dans la disproportion
de nos désirs et de nos facultés que consiste notre misère.
Un être sensible
dont les facultés égaleraient les désirs serait un être absolument heureux.
En quoi donc consiste la sagesse humaine ou la route du vrai bonheur ? Ce
n'est pas précisément à diminuer nos désirs ; car, s'ils étaient au-dessous de
notre puissance, une partie de nos facultés resterait oisive, et nous ne
jouirions pas de tout notre être.
Ce n'est pas non plus à étendre nos facultés,
car si nos désirs s'étendaient à la fois en plus grand rapport, nous n'en
deviendrions que plus misérables : mais c'est à diminuer l'excès des désirs sur
les facultés, et à mettre en égalité parfaite la puissance et la volonté.
C'est
alors seulement que, toutes les forces étant en action, l'âme cependant restera
paisible, et que l'homme se trouvera bien ordonné.
Rousseau, Émile ou De l’éducation.
« Aucun des dieux ne philosophe et ne désire devenir savant, car il l’est ; et,
en général, si l’on est savant, on ne philosophe pas ; les ignorants non plus ne
philosophent pas et ne désirent pas devenir savants ; car l’ignorance a
précisément ceci de fâcheux que, n’ayant ni beauté, ni bonté, ni science, on
s’en croit suffisamment pourvu.
Or, quand on ne croit pas manquer d’une
chose, on ne la désire pas.
»
Platon, Banquet, 204 a-b
Le stoïcisme: la maîtrise des désirs par leur suppression :
« Tu espères que tu seras heureux dès que tu auras obtenu ce que tu désires.
Tu te trompes.
Tu ne seras pas plus tôt en possession, que tu auras mêmes
inquiétudes, mêmes chagrins, mêmes dégoûts, mêmes craintes, mêmes
désirs.
Le bonheur ne consiste point à acquérir et à jouir, mais à ne pas désirer.
Car il consiste à être libre.
»
Epictète Entretiens, IV, 6
« Souviens-toi que le désir des honneurs, des dignités, des richesses, n’est pas
le seul qui nous rende esclaves et soumis ; mais aussi le désir du repos, du
loisir, des voyages, de l’étude.
En un mot, toutes les choses extérieures,
quelles qu’elles soient, nous rendent sujets quand nous les estimons.
»
Epictète Entretiens, IV, Les Onze
« Il faut en outre établir par analogie que, parmi les désirs, les uns sont
naturels, les autres sans fondement et que, parmi ceux qui sont naturels, les
uns sont nécessaires et les autres naturels seulement.
Parmi ceux qui sont
nécessaires, les uns sont nécessaires au bonheur, d’autres à l’absence de
dysfonctionnements dans le corps et d’autres à la vie elle-même.
En effet, une
étude rigoureuse des désirs permet de rapporter tout choix et tout refus à la
santé du corps et à l’absence de trouble dans l’âme, puisque c’est cela la fin de
la vie bienheureuse.
C’est en effet en vue de cela que nous faisons tout, afin
de ne pas souffrir et de ne pas éprouver de craintes.
Mais une fois que cet état
s’est réalisé en nous, toute la tempête de l’âme se dissipe, le vivant n’ayant
pas besoin de se mettre en marche vers quelque chose qui lui manquerait, ni à
rechercher quelque autre chose, grâce à laquelle le bien de l’âme et du corps
trouverait conjointement sa plénitude.
C’est en effet quand nous souffrons de
l’absence du plaisir que nous avons besoin du plaisir; mais, quand nous ne
2
Le désir
souffrons pas, nous n’avons plus besoin du plaisir.
Voilà pourquoi nous disons
que le plaisir est principe et fin de la vie bienheureuse.
»
Epicure Lettre à Ménécée, §§128-129
« Quand donc nous disons que le plaisir est la fin, nous ne parlons pas des
plaisirs des débauchés ni de ceux qui consistent dans les jouissances – comme
le croient certains qui, ignorant de quoi nous parlons, sont en désaccord avec
nos propos ou les prennent dans un sens qu’ils n’ont pas –, mais du fait, pour
le corps, de ne pas souffrir et, pour l’âme, de ne pas être troublée.
En effet, ce
n’est ni l’incessante succession des beuveries et des parties de plaisir, ni les
jouissances que l’on trouve auprès des jeunes garçons et des femmes, ni celles
que procurent les poissons et tous les autres mets qu’offre une table
abondante, qui rendent la vie agréable: c’est un raisonnement sobre, qui
pénètre les raisons de tout choix et de tout refus et qui rejette les opinions à
partir desquelles une extrême confusion s’empare des âmes.
Or le principe de tout cela et le plus grand bien, c’est la prudence.
»
Epicure Lettre à Ménécée, §132
« Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce
qu’il possède.
On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et
l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux.
En effet, l’homme avide et borné,
fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui
rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui
rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre
cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.
Mais
tout ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet
aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne
pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance.
Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité et tel est le
néant des choses humaines, qu’hors de l’Etre existant lui-même, il n’y a rien
de beau que ce qui n’est pas.
Si cet effet n’a pas toujours lieu sur des objets
particuliers de nos passions, il est infaillible dans le sentiment commun qui les
comprend toutes.
Vivre sans peine n’est pas un état d’homme ; vivre ainsi
c’est être mort.
Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable
créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privation serait plus
misérable.
»
Rousseau, La Nouvelle Héloïse, 1761
- Désirer est source de satisfaction alors que la satisfaction du désir est
décevante l’absence de désirs est affligeante.
« Qu’est-ce donc que le désir ? Et d’abord de quoi y a-t-il désir ? Il faut
renoncer d’emblée à l’idée que le désir serait désir de volupté ou désir de faire
cesser une douleur.
De cet état d’immanence, on ne voit pas comment le sujet
pourrait sortir pour « attacher » son désir à un objet.
Toute théorie
subjectiviste et immanentiste échouera à expliquer que nous....
»
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