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Cours sur l'art en philosophie

Publié le 07/04/2019

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Chapitre 3 Quelle est la spécificité de l’activité artistique ? Introduction Pendant assez longtemps, ce que nous appelons art désigne toute production humaine, y compris la création humaine technique. L’expression « l’art et la manière de faire » montre bien le technique de faire, et ne parle pas des ‘beaux-arts’. Victor Hugo a écrit le poème « L’Art d’être grand-père », qui monte également une ambiguïté dans ce terme. Ce n’est que peu à peu que l’art va désigner les beaux arts et une certaine façon de faire qui se distingue de la technique. Le terme grec qui sera traduit par art, artiste, … est « techne ». Le même terme désigne donc art et technique. Le Larousse nous donne plusieurs définitions : 1. L’ensemble des procédés des connaissances et des règles interessants l’exercice d’une activité ou d’une action quelconque. Exemple : ‘faire quelque chose selon les règles de l’art’ 2. Habileté, talent pour faire quelque chose. Exemple : ‘Avoir l’art du compromis’. 3. Manière de faire qui manifeste du goût, un sens esthétique poussé. Exemple : ‘un bouquet disposé avec art’. 4. Création d’objet ou de mises en scène destinées à produire chez l’homme un état particulier de sensibilité lié au plaisir esthétique. La différenciation commence à se faire en Grèce au début de l’âge classique (-Ve), même si c’est le même mot. Durant le Moyen Age, elle est toujours balbutiante. Les artistes sont très rarement connus par leur noms (cathédrales, en lien avec la religion le plus souvent). Dans ces arts, la technique est toujours très présente. L’ouvrier n’est pas pour autant véritablement artiste, n’est pas individualisé. Le terme de création artistique n’a pas de sens à cette époque. Y apparait une division entre les arts libéraux et les arts mécaniques. Les premiers sont des arts dignes d’être exercé par un homme libre, qui ne sont pas rémunérés. De l’autre côté, les arts mécaniques demandent un savoir faire particulier et se font contre salaire. Les arts libéraux se dénombrent en 7 et sont divisés selon le trivium (grammaire, dialectique, rhétorique) et le quadrium (arithmétique, musique, géométrie, astronomie) (Cf Tableau de Boticceli qui met en scène ces arts). La situation évolue en Italie, à Florence. Jusque là, les peintres faisaient partie d’une corporation des teinturiers (celui qui utilise la couleur, très vaste). Les peintres demandent alors un statut différent, signe ses œuvres, … C’est la renaissance. C’est au XVIIIe et plus encore au XIXe que le terme beaux-arts fait son apparition. C’est de là que date cette tendance d’identifier l’art à la création artistique. L’esthétique vient du terme grec «  aisthésis  », qui n’apparait qu’à l’âge classique pour désigner une perception des sens mais accompagné d’un état d’esprit particulier. Tout le monde ne peut pas avoir ce type de perception. Selon Thucydide, c’est seulement pour les gens de bons sens, en pleine possession de leur faculté (un logos en bon état). Il faut également que l’objet perçu possède certaines qualités : doit être clair, définissable, articulé (exemple : forme géométrique, anatomique). Il faut qu’il y ait de plus une absence de consommation immédiate, mais un sentiment de plaisir, fait de mesure et pas de désir. C’est au XVIIIe que le terme d’esthétique prend son importance, avec Baumgarten. En 1750, il écrit Aesthetica où il affirme que certains objets sont plus aptes que d’autres à nourrir "1 notre expérience esthétique : les objets ordonnés, composés, qui s’adressent à la fois aux sens et à l’esprit. Ces objets sont dis beaux, cette beauté étant lié à un plaisir désintéressé. Pour être capable d’expérience, de sentiment esthétique, il faut une éducation, une culture. L’art est donc affaire de goût, et même de bon goût. -> Rapports entre arts et nature à travers la notion de mimesis. -> La conception du beau et les rapports entre beau et art (qui ne vont pas de soi). -> Place de l’activité artistique dans la culture (dans le développement de l’homme, dans son épanouissement). I. Les rapports entre l’art et la nature et la question de la mimesis A. La mimèsis selon Aristote et sa postérité 1. La critique par Hegel d’une certaine forme de mimesis Texte Hegel. La nature pour Hegel et tout ce que l’homme n’a pas lui-même produit. L’art est à l’inverse une production humaine. Il ne critique pas fondamentalement ce qu’Aristote a écrit, mais ce que son précepte est devenue à travers les siècles. 2e § : comment Hegel comprend il l’imitation (le plus à l’identique possible) ? C’est une source de plaisir pour l’homme, ce qu’il critique. Il qualifie ce type de plaisir de oiseux, de superflus parce que ce redoublement est inutile, nous connaissons déjà ce qui est représenté. Puisque l’on imité la nature, c’est qu’elle est considéré comme un modèle et est donc par définition supérieure à l’homme. Hegel conteste cela en insistant sur le fait que le propre de l’homme est de se détaché de la nature. Il fait du trompe l’œil l’apogée de l’art, ce qui se montre finalement être assez contestable. 4e § : ce que l’homme recherche dans la nature, c’est lui finalement, et pas la nature en ellemême. On retrouve cela dans beaucoup d’activité humaine. Exemples de l’enfant qui construit un barrage pour s’amuser ou qui fait des ricochets. Ce qui créé le plaisir à l’enfant, c’est de voir la transformation qu’il provoque sur la nature. Ce qui intéresse l’homme c’est donc ce qu’il peut faire sur la nature. Questions / remarques à partir de ce texte : Hegel caricature volontairement le précepte aristotélicien : Aristote n’a jamais voulu dire que l’art doit imiter à l’identique la nature. Même la peinture la plus figurative, la plus fidèle, ne s’est jamais voulu être reproduction à l’identique de ce qu’il y a en dehors de la toile. 2. Aristote : technè et mimèsis a) Les différents sens de la technè selon Castoriadis Les carrefours du Labyrinthe §1 - Origine du terme technè (fabrication) et évolution de son sens, deux résultats : fabriquer, construire (sens matériel) / fabrication non matérielle, sens de causer, qui fait passer à l’existence de façon efficace. On arrive à Platon qui insiste sur la similitude avec un savoir rigoureux (espistémé) "2 §2 & 3 - Le rapport entre la technè et la poiésis selon Platon et Aristote (§2) différents sens de poieô : d’abord poiésis = technè (transformation) ; physis (transformation naturelle) ≠ technè (transformation par l’action de l’homme) ; de quel type est cette transformation humaine ? ; même les dieux agissent à partir de ce qui est déjà là (§3) D’après Castoriadis poiésis prend peu à peu un autre sens (bien qu’il soit incertain) : poiésis = passage du non-être à l’être ; poiésis se dégage dans ce qui pourrait être autrement (le contingent), la poiésis ne s’applique pas ou il y a une nécessité (l’homme n’aurait alors pas le choix) ; bien que les matériaux soit pré-existants ils laissent une marge de maneuvre à l’homme Précisions : Praxis ≠ poiésis : point commun (elles se meuve dans le contingent), mais la poiésis produit un ergon (= œuvre) qui existe un indépendamment de l’activité fabricatrice, la praxis est le domaine de la morale et de la politique. La création est donc une transformation de ce qui existe déjà mais qui pourrait être autrement et avec une part importante d’activité humaine (détachement important de la nature), Aristote. La dernière phrase signifierait une prise de distance possible de la technè par rapport à la physis, il y aurait deux possibilités pour la technè : soit elle demeure proche de la physis (mimèsis) ou alors elle fait ce que la nature de peut pas faire. L’évolution de la technè vers l’art artistique se ferait à partir de ce deuxième sens. b) L’interprétation de Pierre Aubenque «  La technè achève pour une part ce que la physis est incapable d’effectuer et pour une part l’imite », P. Aubenque. Il y a donc une inversion des termes de la imiter et effectuer. Achever est ici dans le sens de parfaire. Si la technè achève la physis, elle ne s’éloigne par vraiment d’elle, elle la prolonge, elle la porte plus loin. L’imitation se comprendrait à travers l’achèvement : imiter la nature ce n’est pas imiter son résultat mais plutôt sa force de production, de genèse, de croissance, bref son dynamisme. Ce sont les moyens humains qui permettent un achèvement de la nature (au sens positif). L’homme construisant une table en bois prolonge la création naturelle. c) La technè ‘artistique’ : La Poétique De quoi traite la Poétique ? « L’épopée, et la poésie tragique comme aussi la comédie, l’art du poète de dithyrambe et plus la plus grande partie, celui du joueur de flûte et de cithare se trouvent tous être des imitations.  » Il ne parle ni de peintures, ni de sculptures (pas d’arts graphiques), seulement ce qui est lié au chants. Pourquoi cette importance accordée à la mimèsis ? Imiter est une tendance naturelle aux hommes dès l’enfance car c’est une façon d’apprendre. Il ajoute un autre élément : apprendre est un plaisir. En quel sens la mimèsis permet-elle d’apprendre ? Aristote nous dit que les hommes prennent du plaisir à « contempler les images les plus exactes de choses dont la vue leur est pénible dans la réalité ». Il nous parle d’un portrait et remarque qu’un portrait peut nous plaire même sans avoir vu le modèle, ce qui nous plaît alors n’est pas la ressemblance mais «  le fini dans l’exécution ou la couleur  ». L’imitation ne signifie pas une copie conforme, un redoublement à l’identique comme...

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