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cours sur la culture

Publié le 02/02/2019

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culture
1 La culture La culture n’est-elle qu’un ornement, le vernis dont se pare une nature humaine immuable et universelle ? Est-elle au contraire la condition de notre humanité : ce qui nous façonne et nous arrache à notre animalité primordiale pour faire de nous des êtres humains ? Pour autant ne sommes-nous que le produit de notre culture ? Faut-il renoncer à l’idée d’une nature humaine universelle ? Mais comment éviter alors que l’altérité culturelle ne pluralise (et ne fasse éclater) l’idée même d’UNE humanité ? 1. Nature et culture La culture s’oppose d’abord à la nature. La nature = tout ce qui serait dans un monde sans hommes. Au contraire la culture (au sens large) désigne tout ce que l’homme ajoute à la nature en lui (par l’éducation) ou hors de lui (par le travail). Cette distinction, simple au premier abord, peut se révéler délicate dans son application. L’action de l’homme et celle de la nature sont inextricablement mêlées, de sorte qu’il est souvent difficile de faire la part des choses. Par exemple un paysage façonné par le travail humain et les traditions, est-il naturel ou culturel ? En l’homme la nature et la culture se laissent-elles discerner plus nettement ? Non. L’homme est comparable à la statue de Glaucus dont parle Rousseau : longtemps enfouie sous la mer, recouverte de sédiments et d’algues, elle est devenue méconnaissable. Ainsi la pure nature est voilée, dissimulée, modifiée par la vie sociale. S'il suffit de nettoyer la statue pour retrouver ses formes originelles, comment faire pour l’homme ? A. L’homme : naturel ou culturel ? Si l’homme était vraiment une réalité naturelle et s’il ne devait rien d’essentiel au milieu humain, il pourrait se développer seul en dehors de ce milieu. Est-ce vraiment le cas ? Pour répondre il faudrait pouvoir comparer un homme né parmi les siens et un homme privé du contact avec eux. Cette comparaison paraît improbable ; pourtant les cas d’enfants sauvages vont permettre une observation décisive. L’anthropologie appelle « enfant sauvage » l’enfant victime d’un précoce isolement. Né en dehors du monde humain, parfois élevé par des animaux, il n’a rien reçu de ses semblables. On pourrait s’attendre à ce qu’il devienne humain tout de même, ou du moins qu’une courte éducation lui permette de « rattraper » ses semblables (après tout, des études révèlent qu’un animal rejoint les comportements de l’espèce en dépit d’un isolement expérimental). Mais ce serait présupposer une « nature humaine » pensée sur le modèle de l’espèce animale. Or cette nature semble faire défaut car l’homme isolé du monde humain ne devient pas humain. Il faut en conclure qu’on ne naît pas humain mais qu’on le devient grâce à un environnement culturel duquel on reçoit son humanité. Faut-il en conclure pour autant que c’est la culture seulement qui fait l’homme ? Faut-il renoncer à l’idée d’une nature humaine et faire comme si l’homme n’était que le produit de son milieu ? Comment expliquer alors qu’un animal élevé comme un homme ne devienne pas un homme ? Ne faut-il pas supposer en l’homme des dispositions naturelles sans lesquelles l’influence du milieu (aussi importante soit-elle par ailleurs) n’aurait aucun effet ? Sans aucun doute. Si ces possibilités humaines font défaut les conditions culturelles ne suffisent pas à faire un homme (comme le prouvent les cas d’animaux élevés comme des hommes). Mais leur présence n’est pas non plus une garantie (comme le prouvent les cas d’enfants sauvages). Il faut en conclure que la nature n’a donné à l’homme que des dispositions et que ces dispositions ne peuvent être actualisées que dans certaines conditions culturelles. A quoi on peut ajouter que nier toute forme de nature humaine n’est pas sans danger car c’est nier la principale garantie de l’unité humaine et se priver de l’arme la plus efficace dans le combat contre le racisme. Sans nature humaine universelle qu’est-ce qui nous garantit que nous avons affaire à un autre exemplaire de la même humanité (= un autre homme) plutôt qu’au spécimen d’une autre espèce (éventuellement inférieure) ? B. L’éducation « L’homme est le seul animal qui doive être éduqué […] Par son instinct un animal est déjà tout ce qu’il peut être ; une raison étrangère a déjà pris soin de tout pour lui. Mais l’homme doit user de sa propre raison. Il n’a point d’instinct et doit se fixer lui-même le plan de sa conduite. Or puisqu’il n’est pas immédiatement capable de le faire, mais au contraire vient au monde pour ainsi dire à l’état brut, il faut que d’autres le fassent pour lui. » KANT Réflexions sur l’éducation 2 L’animal n’a pas à être éduqué puisqu’il est presque immédiatement ce qu’il doit être. La nature se charge de le conduire sûrement à sa destination. Au contraire l’homme doit devenir homme puisqu’il ne l’est pas d’emblée : c’est pourquoi, dit Kant, « l’homme ne peut devenir homme que par l’éducation ». Mais cela ne va pas sans poser problème : (a) Comme un homme ne peut s’éduquer seul, cette charge revient finalement à d’autres hommes. Or «il faut bien remarquer que l’homme n’est éduqué que par des hommes et par des hommes qui ont &eacu...



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« L’animal n’a pas à être éduqué puisqu’il est presque immédiatement ce qu’il doit être.

La nature se charge de le conduire sûrement à sa destination.

Au contraire l’homme doit devenir homme puisqu’il ne l’est pas d’emblée : c’est pourquoi, dit Kant, « l ’homme ne peut devenir homme que par l’éducation ».

Mais cela ne va pas sans poser problème : (a) Comme un homme ne peut s’éduquer seul, cette charge revient finalement à d’autres hommes.

Or « il faut bien remarquer que l’homme n’est éduqué que par des hommes et par des hommes qui ont également été éduqués ».

L’éducateur est censé posséder ce qui manque à l’éduqué, sans quoi on ne voit pas comment il pourrait le transmettre.

Pour conduire l’homme à sa destination il faudrait donc un éducateur parfait, c’est-à-dire un éducateur lui-même parvenu à sa destination.

Mais cet éducateur n’existe pas puisque tous les hommes ont été éduqués par des hommes eux-mêmes imparfaits.

Ainsi toutes les conditions paraissent réunies pour que jamais l’homme ne puisse rejoindre sa destination, aller au bout de lui-même, savoir même de quelle perfection il est susceptible.

Aussi peut-on conclure de façon désabusée que l’homme est l’être qui ne pourrait être éduqué que par Dieu : « Si seulement un être d’une nature supérieure se chargeait de notre éducation, on verrait alors ce qu’on peut faire de l’homme » dit Kant.

(b) Si l'homme est né démuni, il à tout à apprendre.

L'éducation est ce qui doit perfectionner l'espèce humaine et la conduire graduellement de son état primitif au plein développement de ses dispositions.

Mais l'éducation n'est pas elle-même donnée comme un art que l'homme maîtriserait d'emblée.

L'éducation doit être elle-même inventée et apprise.

Autrement dit : avant que l'homme apprenne quelque chose il doit apprendre à apprendre.

Il y a donc là un cercle vicieux : le perfectionnement de l'humanité dépend de l'éducation mais l'éducation à son tour dépend du perfectionnement de l'humanité.

Comment éduquer si l'éducation présuppose ce qu’elle doit produire ? La réponse de Kant : l'éducation est un art (au sens d'un savoir-faire) qui se perfectionne au fil du temps.

Il n’y a donc nulle part de cercle vicieux mais une dialectique concrète : en perfectionnant les moyens de transformation de la nature (technique) ou de soi (éducation) l’homme se perfectionne, mais en se perfectionnant l’homme perfectionne ses moyens.

(c) La nature a assigné un terme au développement de l’animal.

Il est parfait quand il est parvenu à maturité et à la pleine possession de ses moyens.

L’homme peut-il connaître cette perfection ? Il semble que non parce que la nature n’a assigné aucun terme à son développement.

L’homme est engagé dans un développement illimité qui n’est pensable qu’à l’échelle de l’espèce.

Cela veut dire que chaque individu (et chaque génération ) contribue à un progrès dont il ne verra pas le bout.

Comme le suggérait déjà Pascal — qui disait que l’homme « n’est produit que pour l’infinité » — on peut donc penser l’humanité comme un seul individu progressant indéfiniment « Toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement » ( Fragment d’un traité du vide ).

C.

Le travail L’homme est démuni : — Comme le soulignait déjà le mythe de Prométhée, il est dépourvu de moyens adaptés (il n’a ni crocs, ni griffes, ni carapace ni fourrure, ni ailes ni nageoires, etc.).

Il est donc condamné à inventer, fabriquer, apprendre à utiliser des moyens artificiels (outils, instruments, machines).

En somme le dénuement de l’homme le condamne au travail .

— A défaut de moyens naturels il a au moins l’intelligence (comme moyen de concevoir et faire des moyens).

Mais l’intelligence n’est elle-même donnée à l’homme que comme disposition à développer et cultiver (par l’éducation et l’instruction).

L’homme n’est pas spontanément intelligent ; il doit travailler à le devenir. — En se développant la raison élargit le cercle des besoins au-delà des besoins strictement naturels.

La nature ne peut répondre qu’aux besoins qu’elle a elle-même mis en l’homme.

Mais elle ne peut satisfaire les besoins que l’homme a mis en lui-même.

Autrement dit l’émergence de nouveaux besoins contraint l’homme à transformer et travailler pour obtenir ce que la nature ne fournit pas directement .

— Plus la quantité de travail augmente, plus l’association et la coopération deviennent nécessaires.

Mais la sociabilité n’est elle-même donnée que comme une disposition à développer.

Autrement dit il reste à inventer la vie sociale : le langage pour communiquer, les lois et les institutions pour éradiquer la violence et cohabiter pacifiquement.

La nature n’a donné que des dispositions : elle nous a donné à nous-mêmes comme une réalité à inventer.

L’invention de l’homme par lui-même (incluant les moyens dont nous nous entourons et qui font partie de nous-mêmes) est la culture.

La culture étant ce que l’homme ne reçoit pas mais se donne , on comprend alors que le travail soit au cœur de la réalité humaine : il est le moyen terme entre nature et culture, ce par quoi l’homme s’humanise et crée un monde (ou un milieu) humain.

Dire que l’homme est donné à lui-même comme une réalité à cultiver, c’est dire que nous n’advenons qu’au bout d’un travail .

2.

La diversité culturelle 2. »

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