cours sur la culture
Publié le 02/02/2019
Extrait du document
«
L’animal n’a pas à être éduqué puisqu’il est presque immédiatement ce qu’il doit être.
La nature se charge de le conduire
sûrement à sa destination.
Au contraire l’homme doit devenir homme puisqu’il ne l’est pas d’emblée : c’est pourquoi, dit
Kant, « l ’homme ne peut devenir homme que par l’éducation ».
Mais cela ne va pas sans poser problème :
(a) Comme un homme ne peut s’éduquer seul, cette charge revient finalement à d’autres hommes.
Or « il faut bien
remarquer que l’homme n’est éduqué que par des hommes et par des hommes qui ont également été éduqués ».
L’éducateur est censé posséder ce qui manque à l’éduqué, sans quoi on ne voit pas comment il pourrait le
transmettre.
Pour conduire l’homme à sa destination il faudrait donc un éducateur parfait, c’est-à-dire un éducateur
lui-même parvenu à sa destination.
Mais cet éducateur n’existe pas puisque tous les hommes ont été éduqués par
des hommes eux-mêmes imparfaits.
Ainsi toutes les conditions paraissent réunies pour que jamais l’homme ne
puisse rejoindre sa destination, aller au bout de lui-même, savoir même de quelle perfection il est susceptible.
Aussi peut-on conclure de façon désabusée que l’homme est l’être qui ne pourrait être éduqué que par Dieu : « Si
seulement un être d’une nature supérieure se chargeait de notre éducation, on verrait alors ce qu’on peut faire de
l’homme » dit Kant.
(b) Si l'homme est né démuni, il à tout à apprendre.
L'éducation est ce qui doit perfectionner l'espèce humaine et la
conduire graduellement de son état primitif au plein développement de ses dispositions.
Mais l'éducation n'est pas
elle-même donnée comme un art que l'homme maîtriserait d'emblée.
L'éducation doit être elle-même inventée et
apprise.
Autrement dit : avant que l'homme apprenne quelque chose il doit apprendre à apprendre.
Il y a donc là un
cercle vicieux : le perfectionnement de l'humanité dépend de l'éducation mais l'éducation à son tour dépend du
perfectionnement de l'humanité.
Comment éduquer si l'éducation présuppose ce qu’elle doit produire ? La réponse
de Kant : l'éducation est un art (au sens d'un savoir-faire) qui se perfectionne au fil du temps.
Il n’y a donc nulle part
de cercle vicieux mais une dialectique concrète : en perfectionnant les moyens de transformation de la nature
(technique) ou de soi (éducation) l’homme se perfectionne, mais en se perfectionnant l’homme perfectionne ses
moyens.
(c) La nature a assigné un terme au développement de l’animal.
Il est parfait quand il est parvenu à maturité et à la
pleine possession de ses moyens.
L’homme peut-il connaître cette perfection ? Il semble que non parce que la
nature n’a assigné aucun terme à son développement.
L’homme est engagé dans un développement illimité qui
n’est pensable qu’à l’échelle de l’espèce.
Cela veut dire que chaque individu (et chaque génération ) contribue à un
progrès dont il ne verra pas le bout.
Comme le suggérait déjà Pascal — qui disait que l’homme « n’est produit que
pour l’infinité » — on peut donc penser l’humanité comme un seul individu progressant indéfiniment « Toute la suite
des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste
toujours et qui apprend continuellement » ( Fragment d’un traité du vide ).
C.
Le travail
L’homme est démuni :
— Comme le soulignait déjà le mythe de Prométhée, il est dépourvu de moyens adaptés (il n’a ni crocs, ni griffes,
ni carapace ni fourrure, ni ailes ni nageoires, etc.).
Il est donc condamné à inventer, fabriquer, apprendre à
utiliser des moyens artificiels (outils, instruments, machines).
En somme le dénuement de l’homme le
condamne au travail .
— A défaut de moyens naturels il a au moins l’intelligence (comme moyen de concevoir et faire des moyens).
Mais
l’intelligence n’est elle-même donnée à l’homme que comme disposition à développer et cultiver (par
l’éducation et l’instruction).
L’homme n’est pas spontanément intelligent ; il doit travailler à le devenir.
— En se développant la raison élargit le cercle des besoins au-delà des besoins strictement naturels.
La nature ne
peut répondre qu’aux besoins qu’elle a elle-même mis en l’homme.
Mais elle ne peut satisfaire les besoins que
l’homme a mis en lui-même.
Autrement dit l’émergence de nouveaux besoins contraint l’homme à transformer
et travailler pour obtenir ce que la nature ne fournit pas directement .
— Plus la quantité de travail augmente, plus l’association et la coopération deviennent nécessaires.
Mais la
sociabilité n’est elle-même donnée que comme une disposition à développer.
Autrement dit il reste à inventer la
vie sociale : le langage pour communiquer, les lois et les institutions pour éradiquer la violence et cohabiter
pacifiquement.
La nature n’a donné que des dispositions : elle nous a donné à nous-mêmes comme une réalité à inventer.
L’invention
de l’homme par lui-même (incluant les moyens dont nous nous entourons et qui font partie de nous-mêmes) est la
culture.
La culture étant ce que l’homme ne reçoit pas mais se donne , on comprend alors que le travail soit au cœur de
la réalité humaine : il est le moyen terme entre nature et culture, ce par quoi l’homme s’humanise et crée un monde (ou
un milieu) humain.
Dire que l’homme est donné à lui-même comme une réalité à cultiver, c’est dire que nous
n’advenons qu’au bout d’un travail .
2.
La diversité culturelle 2.
»
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