Cours "Sartre - l'existentialisme"
Publié le 09/03/2022
Extrait du document
«
Chapitre 3 : l'existentialisme est un humanisme.
Sartre reprend la question du cogito cartésien à partir de la phénoménologie de
Husserl.
Pour la phénoménologie, il faut suspendre notre adhésion naturelle au monde pour
retourner à l’origine de notre rapport aux choses.
L’erreur de Descartes est d’avoir substantivé
la conscience comme chose pensante ; c’est pourquoi il faut critiquer la notion de
représentation même.
Ce qui veut dire repenser l’idée même de représentation mentale
comme présence d’une idée dans un sujet.
Le point de départ, c’est l'intentionnalité de la conscience.
L'intention signifie en
français « le projet de… ».
Husserl reprend ce mot, l'intentionnalité, à la scolastique
médiévale.
Intention, c'est étymologiquement en latin « se tenir dans » (la conscience), et
donc le problème est de savoir comment une chose en général peut entrer dans mon esprit.
Or
la réponse est en gros et c'est la coupure radicale avec la tradition, que l'objet n'est en moi que
parce que je me projette vers lui : c'est mon acte de visée, d'intellection, qui construit l'objet
en général.
Ainsi c'est en me tournant vers les choses qu'elle m'apparaissent comme ce qu'elles
sont .
Donc c’est comme être hors de soi, sur le mode de la « projection vers » qu’il faudrait
comprendre : être jeter en devant de soi.
L’étymologie de « exister », c’est se tenir à
l’extérieur de (soi).
C’est pourquoi pour Husserl,« toute conscience est conscience de quelque
chose » signifie que c’est l’acte de la conscience comme visée, tension vers… qui fait être la
chose pour moi, ce qui veut dire : qui pose les choses pour moi devant moi.
Poser en grec se
dit « thesei » ce qui a donné thèse en français.
Les phénoménologues ( Husserl, Sartre ou
Merleau-Ponty…) parleront ainsi de conscience thétique en tant qu’elle pose le monde.
Mais
il faut comprendre aussi que la conscience ne préexiste pas à l’acte de visée : elle se constitue
elle-même comme conscience par sa fonction thétique.
C’est donc tout le rapport sujet/objet
qu’il faut revisiter, repenser, contre la tradition cartésienne mais aussi contre l’empirisme en
général .
Sartre part alors de l’idée que la conscience ne peut pas se prendre pour objet sans se
nier comme conscience, car alors l’intention serait réification ( « res », en latin veut dire
chose, donc la réification est le « devenir chose ») de la conscience même.
Cela veut dire que
si je me tourne vers moi moi-même, c’est impensable car ce que je saisirais, ce serait une
conscience que je ne suis pas par un acte de conscience que je ne suis pas non plus : quelle est
donc cette conscience qui pourrait se prendre elle-même comme objet ? D’où l’impossibilité
de penser la conscience comme un dedans, comme une intériorité ( elle n’est pas une outre, un
sac ou un contenant en général) : elle n’est que dehors, éclatement vers ce qui sera alors le
monde.
Conséquence : je suis ce que je ne suis pas, je ne suis pas ce que je suis.
Impossible de
coïncider avec moi-même comme existence, c’est-à-dire projet.
Dès que je voudrais me
prendre pour objet , je me raterais comme conscience, ce qui ne veut pas dire que je ne
poserais pas comme quelque chose, mais que je me poserais nécessairement comme quelque
chose qui n’est pas moi, que je ne suis pas.
Il devient alors essentiel de comprendre que l’homme n’a pas de nature : il n’est pas ;
il est la possibilité de l’être des choses en général en tant qu’il est ouverture « du » monde et
non ouverture « au » monde, formule qui suppose trop que le monde serait déjà là « pour »
moi alors qu’il est plutôt par moi.
Voici donc le texte l’existentialisme est un humanisme de SARTRE de 1947.
En Folio
Gallimard pour l’édition et les numéros de page .
Ici c’est la page 30
L’important dans ce texte c’est de comprendre la différence entre « l’existence précède
l’essence » et « l’essence précède l’existence » ; si l’essence précède l’existence, par exemple
pour le stylo, cela veut dire que quelqu’un a pensé le stylo, sa fonction, sa couleur et sa forme
avant de le produire dans une certaine matière.
MAIS nous, comme être humain, personne ne
nous a pensé avant de nous produire : il n’y a pas d’ingénieur qui nous ai dessiner dans sa tête
1.
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