Cours introductif à la notion de langage
Publié le 10/01/2020
                            
                        
Extrait du document
                                Nos mots eux-mêmes portent la marque de la complexité et de l'importance de la faculté de parler. En grec ancien, « discours » se disait logos. Or le logos était un concept centra! de la philosophie grecque, et ce terme désignait, à lui seul, les trois moyens d'investigation du monde par lesquels les penseurs de l'Antiquité s'efforçaient de dépasser les explications souvent irrationnelles contenues dans les mythes : le discours, mais aussi la raison et le calcul. Nous retrouvons d'ailleurs cette référence à la raison dans notre mot « logique », et d'une façon générale dans tous les noms de sciences qui se terminent par « logie ».
Enfin, l'étymologie éclaire le sens d'un autre terme très courant : enfant. En latin, l’/nfens était celui « qui ne sait pas parler »... Et celui qui ne sait pas, ou pas encore, ou qui ne peut pas parler, ce n’est peut-être pas un homme à part entière. Tout au moins l'a-t-on longtemps cru.
■■■■ LANGAGE ET PENSÉE :
DES LIENS COMPLEXES
Pendant plus de vingt siècles, les philosophes qui s'interrogeaient sur la nature et les fonctions du langage partagèrent au moins une certitude : subordonné à la faculté de penser propre aux êtres humains, le langage serait en quelque sorte l'instrument le plus perfectionné dont nous disposons pour manifester concrètement l'existence et l'exercice de cette faculté. À l'inverse, privés de leur lien naturel avec la pensée, les mots ne seraient rien de plus que des sons vides de sens. Ainsi Descartes s'efforce-t-il de démontrer que même les paroles prononcées par les fous peuvent être sensées, mais que les phrases articulées par les perroquets sont les produits d’un dressage efficace, et non l'expression d'une quelconque intelligence2. À la même époque, les sourds-muets, par exemple, sont encore le plus souvent assimilés aux débiles profonds. La subordination du langage à la pensée se retourne un peu hâtivement en son contraire : l'absence de langage témoignerait d'une absence de pensée.
Des discussions sans fin peuvent opposer les uns ou les autres sur l'existence d'un langage des animaux, ou des ordinateurs... Il est donc préférable de commencer par s'entendre sur le sens que l'on donne au mot langage. Si toute fonction d'expression et de communication* est langage, il n'est sans doute pas réservé aux hommes. Sous sa forme orale et articulée, en revanche, il semble bien leur appartenir en propre. Nous avons tous appris très jeunes à parler : avec l'aide de notre entourage, certes, mais sans avoir reçu un enseignement systématique dans ce domaine. Dans des sociétés comme la nôtre, presque tous les hommes apprennent ensuite assez vite à lire et à écrire. Beaucoup savent même un jour parler une ou plusieurs langues étrangères.
Quotidienne, commune à presque tous les hommes, l'expérience du langage est donc de celles que nul ne peut prétendre ignorer. Dès notre naissance nous sommes dans le langage : parce que les autres parlent autour de nous, nous parlent, et parce qu'avant même de savoir parler, nous entrons en communication avec eux. Pleurer, sourire, faire tel ou te! geste... : à défaut de paroles, ces actions permettent aux bébés de s'exprimer, se faire comprendre, réagir à ce qui leur arrive. Rien de comparable, dira-t-on, au langage oral articulé. Rien non plus, dans ces façons d'être, qui distingue fondamentalement un bébé humain d'un petit animal. Le psychologue Henri Wallon note même que dans les premiers mois de la vie, les progrès d'un singe, par exemple, sont analogues à ceux d'un enfant : en présence de situations identiques, ils réagissent à peu près de la même façon. Mais il observe aussi que les premières manifestations de la parole* chez l'enfant vont de pair avec des apprentissages spectaculaires dans d'autres domaines. Un petit enfant trouve par exemple des solutions « intelligentes » à des problèmes pratiques devant lesquels un singe se contente de tâtonner au hasard.
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                                                                                ) ? Si 	le 	petit 	
enfant 	progresse 	plus 	vite 	que 	le singe 	dès 	l'instan	t où 	il com	
mence 	à parler, 	c'est 	qu'il 	acquiert, 	en 	même 	temps 	qu'un 	
moyen 	de 	s'exprimer 	et 	de 	communiquer 	de 	plus 	en 	plus 	
efficace, 	la possibilité 	d'organiser 	de 	mieux 	en 	mieux 	l'uni	
vers 	de 	ses 	sentiments, 	de 	sa 	pensée, 	de 	sa 	volonté, 	de 	ses 	
actions	.
                                                            
                                                                                	
En 	apparence 	banale, 	la maîtrise 	du 	langage 	semble 	donc 	
constitutive 	de 	la condition 	humaine 	: sans 	doute 	est-ce 	à ce 	
double 	titre 	qu'aujourd'hui 	encore.
                                                            
                                                                                	elle 	fournit 	matière 	à des 	
réflex	ions 	nombreuses 	et 	très 	variées.
                                                            
                                                                                	Les 	hommes 	sem		
blent 	avoir 	toujou	rs 	su 	qu'ils 	étaien	t les 	seuls 	à pouvoir 	par	ler, 	qu'	ils pa	rloiont 	parce 	qu'ils 	pensaient, 	et 	que 	la maîtr	ise 	
conjointe 	de 	ces 	deux 	facu	ltés, 	con	trepar	tie probable 	de 	leur 	
inférior	ité 	physique, 	était 	peut-être 	bien la source 	de 	pouvoirs 	
excep	tionnels.
                                                            
                                                                                	
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