Cours de philosophie sur l'expérience
Publié le 27/01/2020
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pour seuls critères d'existence. Il faut néanmoins reconnaître qu'une théorie basée sur notre expérience doit être bienvenue dans la mesure où elle nous donne le droit personnel d’affirmer que nous connaissons quelque chose. Le monde de l'expérience est bien le point de départ de notre connaissance ; notre familiarisation avec les objets et les événements à notre portée, définissent une sorte d'évidence, l'empirique, le rapport sans intermédiaire qui nous donne les choses à notre échelle. C'est pourquoi les objets et les notions trop éloignés de la perception naturelle — c’est le cas des discours sur l'infiniment petit ou sur l'infiniment grand — se perdent rapidement dans l'inintelligible. Voici une question incontournable posée par les empiristes : quel est le degré de clarté et de vérité d'un discours qui ne peut être ramené, par des pas successifs et dûment justifiés, au monde de notre perception ?
Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, pour les optimistes qui faisaient confiance à la raison (conçue soit comme l'appui ultime de l'intelligibilité du monde et de la vérité, soit comme l'instrument qui permettra à l'homme de lutter contre l'obscurité qui l'entoure), la science est l'œuvre de la raison mathématique. On peut penser à Descartes, à Képler, à Galilée, à Newton, et même à Copernic, bien qu'il appartienne au XVIe siècle. Ceux qui voyaient en Dieu le garant suprême de la vérité étaient convaincus que le créateur avait construit le monde en suivant la perfection, la beauté et la simplicité des mathématiques. Dans ce contexte, la signification et l'intérêt de la connaissance sont donnés par la théorie, et si on fait appel à l'expérience, c'est pour répondre à des questions théoriques bien posées et pour remplir les vides d'information laissés par la théorie. Tout autre est l'attitude envers l'expérience d'une grande partie de la science du XIXe siècle et surtout du XXe siècle.
/V - L'expérience selon la pensée d'aujourd'hui
En effet, pour nos contemporains, la patience dans l'observation, le soin extrême avec lequel on prépare un montage expérimental, ont autant de valeur que la hardiesse dans l'imagination d'hypothèses. D'aucuns vont plus loin, et il n'est pas rare qu'on en arrive à considérer l'expérience bien faite et bien contrôlée comme critère d'existence, de vérité et de communication : existe ce qui est constaté lors d'une expérience, un énoncé est vrai ou faux selon le résultat de l'expérience, et une vérité peut être transmise dans des bonnes conditions quand d'autres personnes, dûment préparées, arrivent à reproduire l'expérience et ses résultats. Ainsi la
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L'expérience 17
II -Les Anciens
Nous nous limiterons ici à l'analyse de l'expérience sensible dans le
contexte de la science naturelle philosophiquement sous-tendue par la
doctrine empiriste.
Le rôle cognitif de l'expérience sensible dans la pensée
platonicienne n'est pas facile à décrire.
Les choses sensibles qui participent
dans des mesures variables des Idées - les seuls objets véritablement
réels, dotés de substance et de lumière - servent de stimuli à notre
processus mental de réminiscence des Idées ; l'expérience se place devant
nous comme une échelle dont le sommet nous permettrait de voir les Idées,
toutefois l'expérience elle-même ne possède en aucun cas l'intelligibilité
des Idées.
Mais la connaissance en tant que réminiscence semble possible
seulement dans un domaine où les idées s'enchaînent nécessairement car
même le meilleur interlocuteur du monde ne pourra pas tirer d'un enfant
qui n'a pas étudié l'histoire du xxe siècle une connaissance des
caractéristiques de la Deuxième Guerre mondiale, alors que le jeune
esclave interrogé par Socrate tire de son propre fonds, nécessairement et
par déduction, une certaine connaissance géométrique.
Le rôle de l'expérience est plus net et positif chez Aristote que chez
Platon.
L'expérience, dit Aristote, émerge de la multiplicité de souvenirs et
n'est pas l'exclusivité de l'homme mais est développée par tout être vivant.
La persistance du souvenir du vécu individuel est à la fois le contenu de
l'expérience et la base de la construction des notions universelles.
Il reste
que l'expérience ne suffit pas à la construction de la science et doit être
complétée par l'art et le raisonnement.
Aujourd'hui nous ne disons pas autre
chose quand nous reconnaissons que la perception, sensible ou
intellectuelle, nous donne le contenu d'une connaissance qui ne devient
scientifique que si elle est exprimée dans un formalisme qui fixe les idées
pour pouvoir les examiner, les vérifier, les intégrer dans une théorie et les
communiquer.
L'observation ou l'expérience sensible nous donne l'individuel,
remarque Aristote.
Nous rencontrons une personne en particulier, non pas
l'animal rationnel ; nous sommes mouillés par une pluie déterminée à un
endroit précis et à un moment donné, et non pas par les lois de la physique
et de la météorologie.
Or ce qui explique, le discours scientifique, est fait
de lois qui décrivent des mécanismes portant sur l'universel, sur le fait ou
le phénomène en général et non sur des données sensibles particulières.
Ainsi, la médecine traite des systèmes (en général) de notre corps, et les
anomalies spécifiques sont considérées comme des cas de types.
Il se pose.
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