Cours de philosophie: le bonheur (tronc commun)
Publié le 15/04/2023
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Thème 1 : L'Ethique : Qu'est-ce qu'une vie accomplie ?
Notions abordées : trois leçons : bonheur, devoir et liberté, indirectement la raison, le travail, la technique, le temps,
etc
Le sens de la question
pas une vie réussie au sens où par là on parle essentiellement du statut social de la personne : position dans la
hiérarchie et richesse
car une vie réussie peut ne pas être heureuse ou bien la réussite peut se faire au détriment de ce qui me semble
estimable
une vie accomplie : vie qui me semble réaliser un certain idéal de vie, auquel j’accorde sens et valeur, c’est pourquoi
lorsque je parle d’une vie accomplie, elle implique le bonheur, mais aussi certainement d’autres valeurs : comme la
morale, la liberté et la vérité
pourrais-je considérer comme accomplie une vie à la construction de laquelle je n’aurai pas participé, qui me
laisserait dans la dépendance totale d’un autre ou d’un Etat, ex des dystopies ou bien qui serait totalement illusoire,
ex le Truman show ou bien encore Matrix
Une question essentielle
car elle guide notre vie, car c’est peut-être par ce questionnement que nous nous élevons au-dessus d’une vie
simplement animale : nous ne cherchons pas seulement à vivre, mais à avoir une vie accomplie
c’est cette question qui nous guide lorsque nous devons faire des choix cruciaux, lorsque nous faisons des bilans ;
et même question omniprésente, même si elle n’est pas toujours consciente : ex lorsque je me demande le matin
pourquoi je devrais me contraindre à sortir de ce lit confortable.
Le pb du relativisme : RELATIF/ABSOLU
Bien sûr, on pourrait objecter que cette question dans toute sa généralité n’a pas de sens, et être tenté par une réponse
relativiste, au fond cela dépend de chacun de nous, il y aurait de multiples réponses à cette question, et toutes seraient
personnelles, donc pas de raison d'en discuter en philosophie.
Mais néanmoins n’y a-t-il pas des points d’accords possibles ou bien des réponses possibles dont on pourrait montrer
la faiblesse.
Le cinéma et la littérature nous présentent des personnages qui sont plus ou moins enviables et admirables, d'autres
détestables, le scénario fonctionne parce que nous nous identifions à des personnages et que nous en rejetons
d’autres, et cela d'une manière qui n'est pas strictement SUBJECTIVE.
(ex dans Games of Thrones, on s'identifie
plus John Snow qu'à Jeoffrey)
La place de cette question en philo
c' est une question originelle en philosophie, ce que rappelle d’ailleurs l’étymologie.
philo = amour de la sagesse : déf de la SAGESSE : sens étymologique et sens vulgaire => sophia/sophos : traduction
ambiguë : le sage ou le savant, synthèse : idée que la compréhension du monde et de nous-mêmes doit nous amener
à échapper aux tourments de l'existence, le sage est celui qui atteint le parfait contentement de soi, parce qu’il
parvient à se contenter du monde, et cela parce qu’il l’a compris, on retrouve le sens vulgaire : image de thalès :
dimension THEORIQUE et PRATIQUE
sagesse = bonheur vécu dans la vérité
Leçon 1 : qu’est-ce que le bonheur, peut-on l’atteindre et par
quels moyens ?
Lectures conseillées : Epicure, Lettre à Ménécée (dans le manuel) ; Epictète, Manuel ; Freud, Malaise dans la
civilisation, section II (palimpseste p.108); Platon, Gorgias ( 491d-499b ); Schopenhauer, Le monde comme
volonté et comme représentation (§57-58-59, sur schopenhauer.fr p714 )
Le bonheur FIN UNIVERSELLE = tous les hommes désirent le bonheur, « même celui qui va se pendre ».
fin ultime = tous les autres objectifs que nous poursuivons dans notre existence ne sont que des moyens, des
fins secondaires : le bonheur est Souverain Bien
– NATURELLE = non culturelle de l'existence humaine
=> EUDEMONISME : tous les hommes recherchent le bonheur par-dessus tout.
Il y aurait un caractère évident de
cet eudémonisme
Mais ce qui est aussi évident, c’est que nous poursuivons le bonheur, le constat d’évidence porte sur la quête, pas
sur l’expérience : il y aurait beaucoup de candidats mais beaucoup moins d'élus.
Manque d’évidence aussi dès lors qu’il s’agit de réfléchir à ce qu’est le bonheur : notion qui semble totalement
relative aux individus, et même dans une vie, la définition du bonheur semble varier, par rapport à des périodes :
quand je suis plus jeune, je cherche la réussite professionnelle, une fois que je l’ai obtenue, je cherche à construire
une famille, une fois celle-ci constituée, la famille m'oppresse et je cherche la liberté, quand je suis vieux, la santé,
etc, à croire que le bonheur réside précisément dans ce que je n’ai pas : c’est le pauvre qui place le bonheur dans la
richesse, l’individu malade, qui le situe dans la santé, etc…à tel point que l’on peut se demander si le bonheur est
une fin réalisable ou s'il est simplement un IDEAL voire une ILLUSION.
–
–
Problématique : Est-on condamné à une vision pessimiste de l'existence ou au mieux à considérer que le bonheur
reposerait sur la chance (la FORTUNE, comme disait les Anciens) ou doit-on considérer qu'une réflexion sur le
bonheur permettrait de lui donner un contenu déterminé et d'en faire un état accessible qui ne dépendent pas des
hasards de l'existence ? C’est l’objectif de LA SAGESSE
I/ Le bonheur réside-t-il dans une vie de plaisirs ?
Conceptions et définition du bonheur
Qu’il y ait différentes conceptions ( par ex amour richesse, pouvoir, savoir, dévouement) du bonheur n’exclut qu’il
y en ait UNE définition : en effet pour qu’elles correspondent à des conceptions DU bonheur, il faut qu’elles puissent
s’unir sous quelque chose de commun ; de même qu’il y a plusieurs types de chaises qui sont réunies sous une
définition de la chaise.
(Ne pas écrire en prétendant définir que le bonheur, c'est être heureux).
Quelle définition pourrait convenir à ces différentes conceptions ?
être heureux = être dans un état de satisfaction, satisfaction de quoi, de mes désirs, désirs satisfaits = plaisirs => une
vie heureuse est une vie dans laquelle on pourrait cumuler le plus grand nombre de plaisirs ou la réussite d’une vie
est proportionnelle à la quantité de plaisirs qu’elle a comportée : plus une vie comporte de plaisirs, plus elle est
heureuse.
A travers nos différentes conceptions du bonheur, ce que nous recherchons tous, n’est-ce pas tout simplement une
vie plaisante : il y a plusieurs moyens de parvenir au plaisir, mais au final le résultat serait le même.
# DESIR et PLAISIR.
En quoi est-ce là une définition satisfaisante ?
1) car convient à toutes les conceptions du bonheur et ne correspond pas simplement à un exemple => bonne
définition car elle est universelle.
2) car le plaisir est un terme plus connu que le bonheur (ce qui est essentiel pour une définition) : si nous pouvons
hésiter, discuter sur ce qu’est le bonheur, il y a une évidence de ce qu’est le plaisir dans la mesure où il renvoie à
une expérience commune, primaire de toute existence.
3) car il est le dénominateur commun à des conceptions différentes du bonheur : donc c’est une définition qui n’est
plus subjective : permet une comparaison et une hiérarchie entre différentes conceptions du bonheur.
4) on peut considérer qu’en définissant le bonheur à partir de la notion de plaisir, on échappe à tout conditionnement
culturel : en effet, la recherche du plaisir se trouve chez tous les vivants, nous sommes biologiquement programmés
pour rechercher le plaisir.
5) c’est d’ailleurs ce qui permet de comprendre que le bonheur soit ainsi cette fin ultime, universelle et naturelle.
6) le plaisir est une expérience bien réelle, donc cela évite de considérer le bonheur comme un simple idéal ou
comme une illusion.
Mais si le bonheur n’est rien d’autre que la recherche du plaisir, alors cela n’implique-t-il pas la recherche d’un
certain genre de vie ? n’est-ce pas le jouisseur qui est l’être le plus heureux ?
Ne pas confondre HEDONISME et EUDEMONISME ;
A/ La thèse HEDONISTE : une vie heureuse n'est rien d'autre qu'une vie de plaisir.
C’est ce que va tenter de montrer Calliclès, personnage du Gorgias de Platon : il va défendre l’idéal de vie du
jouisseur.
Le jouisseur est celui pour lequel le plaisir est devenu la norme de l'existence, le critère de tous ses choix.
Dans ce dialogue, deux interlocuteurs opposent deux genres de vie : Calliclès, qui défend l'idéal de vie du jouisseur,
puis Socrate tentant de montrer que la poursuite du plaisir ne peut constituer un idéal de vie et donc être confondue
avec la poursuite du bonheur.
Platon, Gorgias :
491 d sq.
: Calliclès : Mais que veux-tu dire avec ton "se commander soi-même"?
Socrate : Oh, rien de compliqué, tu sais, la même chose que tout le monde : cela veut dire être raisonnable, se
dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même.
Calliclès : Ah! Tu es vraiment charmant! Ceux que tu appelles hommes raisonnables, ce sont des abrutis!
Socrate : Qu'est-ce qui te prends? N'importe qui saurait que je ne....
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