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COURS DE PHILO SUR LE LANGAGE: LE LANGAGE EST IL LE PROPRE DE L’HOMME?

Publié le 05/06/2023

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« LE LANGAGE I ) LE LANGAGE EST IL LE PROPRE DE L’HOMME? A ) le problème : « langage », « langue » , « parole » De manière générale, on appelle « langage » un moyen de communication , dans lequel des informations sont transmises , dans des messages, au moyen d’un code donné.

En ce sens, il y a des « langages » parmi les espèces animales et même végétales comme on l’a récemment mis en évidence.

La signalétique, l’informatique, la génétique, …sont également des langages.

Certains sont artificiels ( l’informatique, la signalétique) d’autres naturels ( la génétique). Mais quand un homme « prend la parole » , il se produit quelque chose de spécifique , qu’il est difficile de confondre avec une forme quelconque de « communication ». D’abord, « les langues » dans lesquelles les hommes s’expriment sont des systèmes culturels.

Il y a une multitude de langues humaines parlées dans le monde.

Or ces langues n’ont pas la même manière d’exprimer le réel.

Elles ne cessent d’évoluer et connaissent des variantes, selon les régions, les populations, les contextes sociaux.

Elles s’interpénètrent, se croisent; elles composent des familles linguistiques apparentées par leurs structures et leurs origines communes. Toutes ces caractéristiques sont propres aux langues humaines, ce qui justifie qu’on les étudie comme un domaine à part.

C’est ce que fait une science particulière : la linguistique. De plus, parler, c’est mettre en jeu sa subjectivité : c’est s’exprimer en tant que personne.

C’est pourquoi il est commun de dire que « la parole est le propre de l’homme », de même qu’on dit parfois à propos des animaux qu’ « il ne leur manque que la parole ».

Ainsi, le philosophe des Lumières Diderot raconte l’anecdote suivante : visitant le jardin du Roi, le cardinal de Polignac s'exclama, à la vue d'un orang-outang : « Parle et je te baptise ! » .

La distinction entre la bête et l'homme, ce serait la parole.

«L'homme est l'animal qui parle», selon le philosophe du XX° siècle Gusdorf.

Le langage , écrit-il, c'est « l'être de l'homme porté à la conscience de soi». Cette définition du langage est restrictive, elle s’applique à la parole humaine seulement. Cette idée est aujourd’hui en question.

Par exemple la philosophe Elisabeth de Fontenay avoue son impuissance à « définir un quelconque propre de l'homme ».

La ligne de démarcation entre l’ »homme » et « la bête » est devenue incertaine. Alors, le langage est-il le propre de l’ humain et , si oui, en quel sens ? B) Le langage n’est pas le privilège de l’humanité. C’est notamment ce que s’attache à défendre MONTAIGNE dans l’ « Apologie de Raymond Sebond » ( Essais , livre II, chapitre 12). Selon Montaigne, c’est un préjugé de croire que les bêtes « ne parlent pas parce qu’elles sont bêtes ».

C’est une forme d’ « anthropocentrisme » : l’anthropocentrisme consiste à juger de la réalité uniquement du point de vue de l’homme, en prenant l’homme pour le centre et la norme de tout ce que comporte la nature. Selon Montaigne, la nature est « une » et de ce fait, il y a une stricte continuité entre l’homme et l’animal : « nous sommes de la même pâte », dit-il. Ainsi, Montaigne souligne que le langage est avant tout un moyen d’échange ; il définit le « langage » ou la « parole », non pas par l’utilisation de la voix, mais plus généralement comme la faculté de communiquer et de se faire comprendre.

Comme il est évident que les animaux se font comprendre , il est découle que les animaux ont la faculté de langage.

Cette faculté n’est donc pas le privilège exclusif de l’humanité. Puisque le langage est « communication » il est le lien qui permet de former une « communauté ». Ainsi entre le cheval et le chien ( on peut penser à la chasse à coure, pratique courante à l’époque de Montaigne), entre le troupeau, le chien et le berger.

Il y a une compréhension réciproque qui est LE LANGAGE fondée sur l’échange.

Montaigne veut ainsi mettre en avant ce qu’il appelle la « commune intelligence ». De la même manière que les animaux échangent sans paroles articulées, de même les hommes peuvent échanger autrement que par les mots : ainsi du langage par gestes, que ce soit celui des sourds et muets, ou celui de tout individu qui communique sans mots, par le langage corporel. En conclusion, selon Montaigne les langues verbales ( propres à l’homme) ne sont que des cas particuliers du langage naturel universel.

Il y a un fondement naturel du langage.

Ce n’est pas un « privilège » de l’humanité. C ) Mais lorsque un être humain parle, il exprime sa pensée, ses idées .

Il peut exprimer sa pensée au moyen d’idées.

Il ne se contente pas de communiquer, il se représente le réel par des notions abstraites.

Autrement dit, : il « pense » ( il « cogite ») . C’est ce que souligne DESCARTES, notamment dans la Lettre au Marquis de Newcastle du 23 novembre 1646; il soutient que « la parole ne convient qu’à l’homme seul », parce que «parler » , c’est dire ce qu’on a dans l’esprit au moyen de signes. Un mot, c’est un « signe ».

C’est l’association mentale d’une forme ( le mot, écrit ou prononcé) et d’un contenu ( le sens du mot, l’idée).

«PARLER » SUPPOSE DONC D’AVOIR UNE IDÉE DU RÉEL.

Parler, ce n’est pas seulement proférer des sons, ni communiquer ses émotions.

C’est, plus profondément, signifier sa pensée à propos du réel.

Cela suppose la réflexion, autrement dit la conscience de penser. Descartes caractérise le « signe » de la manière suivante : a) -un signe est « sans rapport à aucune passion » : il est détaché de l’émotion qu’il exprime.

On peut dire le mot « peur » même si on n’a pas peur.

L’animal ne peut pas exprimer ce qu’il ne ressent pas.

Il ne peut donc pas parler « en théorie » des choses, de manière détachée.

Un « signe » peut également n’exprimer aucune émotion : par exemple un mot abstrait, une notion mathématique ; aucun animal n’a jamais été vu ou entendu usant de tels signes. b) -un « signe » est « à propos des objets qui se présentent ».

Le langage humain est fait de « propositions », de déclarations à propos du réel ( à propos de ce qu’on voit ou de ce qu’on pense ou de ce qu’on ressent).

Ce n’est pas une expression « directe » comme le cri , mais indirecte.

Entre le mot et la chose il y a pour nous la « représentation » mentale de la chose dont on parle.

Donc le critère du langage ici c’est la pertinence, et l’intentionnalité ( le fait de « vouloir dire ») . c) -un « signe » se définit par son « sens ».

On « parle » dès qu’on « signifie » ses idées.

On peut donc « parler » sans prononcer des sons, comme le font les muets qui parlent par gestes ( la « langue des signes » ).

Mais on ne peut pas être dit « parler » si on ne sait pas ce qu’on dit ( comme le perroquet qui prononce des mots mais ne sait pas ce qu’il dit). Descartes en conclut que bien que les animaux expriment leurs états à leur façon, on ne peut pas pour autant admettre qu’ils « parlent ».

Pour parler il faut penser, avoir une idée : une représentation mentale du monde; il faut pouvoir interpréter le réel selon l’idée qu’on s’en fait. Donc il y a bien une spécificité humaine de la parole : c’est la « logique ». D ) la parole exprime l’humanité en l’homme.

La façon dont les hommes emploient le langage caractérise leur humanité. Ainsi, le linguiste BENVENISTE souligne la « supériorité » du code linguistique ( propre aux langues humaines ) sur tous les autres systèmes de communication.

Avec le code linguistique, on ne se contente pas de communiquer, on peut interpréter les autres systèmes de signes, on peut interpréter le code linguistique lui-même.

Le code linguistique, autrement dit le langage ou « logos », est la condition de toute activité critique, artistique, ou scientifique.

Il est supérieur non pas par sa dignité, mais par les possibilités théoriques et poétiques qu’il recèle. LE LANGAGE Cette supériorité se manifeste dans le dialogue : selon Benveniste, « dans le dialogue, la référence à la manifestation objective et la réaction à la manifestation linguistique s’entremêlent librement à l’infini.

L’abeille ne construit pas de message à partir d’un autre message (… ) or le caractère du langage est de procurer un substitut à l’expérience apte à être transmis sans fin.

» . La fonction logique du langage nous permet de produire à l’infini des énoncés signifiants. De plus, la portée humaine du langage n’est.... »

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